D’habitude, les débuts de semaine de Ludwig van Montréal sont consacrés à préparer l’avenir – du moins, la semaine à venir -, en vous proposant nos Choix de la rédaction. Aujourd’hui, au contraire, c’est vers le passé que nos regards se tournent, pour faire ressortir les points marquants de l’année 2024, avant d’accueillir 2025. Revue d’année en deux parties, dont la suite peut être consultée ici.
Premier changement de personnel chez Ludwig van Montréal
Chez Ludwig van Montréal, le plus grand changement de l’année 2024 a été bien évidemment le départ de Caroline Rodgers et mon arrivée pour lui succéder. Le changement, opéré à la mi-janvier, a été officialisé en avril. Mon premier article, paru le 18 janvier, se penchait sur la tendance à la hausse de la présence des femmes compositrices et cheffes d’orchestre dans les programmes de concerts.
La fin pour Finale
Dans le domaine technologique, l’annonce que le logiciel de notation musicale Finale serait discontinué a suscité une onde de choc parmi les utilisateurs et utilisatrices de tous les niveaux. La compagnie MakeMusic a assoupli sa première politique voulant qu’aucune nouvelle licence ne serait autorisée à partir du mois d’août 2025, mais il reste que les adeptes de Finale doivent choisir dès maintenant le prochain logiciel auquel confier leurs partitions.
Manuscrits découverts
2024 a été une année faste pour les manuscrits inédits de compositeurs connus! Cet automne, le monde entier a été surpris par les découvertes de deux manuscrits jusque là inconnus. La Bibliothèque de Leipzig a dévoilé en septembre la partition d’une courte Sérénade en do composée par Mozart, tandis que la Morgan Library & Museum de New York annonçait tout juste un mois plus tard être en possession d’une courte valse inédite de Chopin.
Saisons anniversaires
Plusieurs ensembles phares de la scène musicale montréalaise célèbrent divers anniversaires en 2024, démontrant la vivacité, la résilience et le sens de l’initiative de nos artistes générateurs·ices de projets.
L’Orchestre Métropolitain célèbre cette année la 25e saison de son association avec Yannick Nézet-Séguin, anniversaire marqué entre autres par un Marathon Beethoven présentant l’intégrale des neuf symphonies, des ouvertures et la création d’œuvres de jeunes compositeurs·ices inspirées de l’héritage de Beethoven.
Pour leur part, le quatuor de saxophones Quasar, qui a fait cette année une tournée en Suède et en Lituanie, souffle trente bougies tandis que Les Violons du Roy et La Chapelle de Québec en sont à leur quarantième saison. Le temps des fêtes a été l’occasion pour eux de reprendre une œuvre-phare de leur répertoire, Le Messie de Handel, sous la direction de leur chef fondateur Bernard Labadie.
Faisant figure de précurseur au moment de sa fondation, le Studio de musique ancienne de Montréal demeure, en cette année de son 50e anniversaire, un ensemble vivant et bien ancré dans le paysage musical,
Dans le domaine de la pédagogie musicale, l’école des Petits Violons et les ensembles qui lui sont rattachés, menés par Marie-Claire Cousineau, soulignent leur 60e saison par une saison de concerts rehaussée de la présence d’invités de marque ainsi que par un grand concert en fin de saison, tandis que Les Jeunesses musicales contribuent depuis 75 ans à lancer de jeunes carrières et à éveiller des passions musicales.
De son côté, l’OSM célébrait en 2024 ses 90 ans. Le concert-anniversaire lui-même comprenait une époustouflante prestation de la Septième symphonie de Mahler, jumelée au Premier concerto pour violon de Szymanowski joué par Simone Lamsma, sous la baguette de Rafael Payare. L’ensemble de l’année 2024, par ailleurs, aura été marqué par un changement de direction générale (voir plus bas) et une tournée d’envergure dans les plus grandes salles européennes.
Visites notables
En 2024, Montréal a reçu deux fois la flamboyante soprano Barbara Hannigan, la première fois à l’OSM en février, où elle a présenté sa version stupéfiante et hautement individuelle de La voix humaine de Francis Poulenc, et la seconde à la Salle Bourgie dans le cadre d’une tournée nord-américaine avec le pianiste Bertrand Chamayou.
Des orchestres invités sont montés sur la scène de la Maison symphonique. La visite du Philadelphia Orchestra, « l’autre famille » de Yannick Nézet-Séguin, était fort attendue, peut-être plus encore que celle de l’Orchestre national de Paris et de son chef vedette Klaus Mäkelä. Les membres du Philadelphia Orchestra ont interprété une Deuxième symphonie de Rachmaninov onctueuse et lyrique, déployant le son inimitable associé à cet orchestre depuis Stokowski.
Le Toronto Symphony Orchestra et Gustavo Gimeno sont également venus à Montréal, en compagnie de la mezzo-soprano Emily d’Angelo que nous avons ré-entendue en décembre dans Le Messie de l’OM.
La boule d’énergie qu’est la jeune cheffe vénézuélienne Glass Marcano est passée comme une bourrasque vivifiante, dirigeant à l’Orchestre Métropolitain un programme mixte comportant la Quatrième symphonie de Tchaïkovski.
Grands événements et concerts marquants
Au début de l’année, l’Orchestre de CNA et l’OSQ se sont réunis pour des concerts conjoints présentés dans leurs villes d’attache respectives ainsi qu’à Toronto. Avec la participation du Toronto Mendelssohn Choir, ils ont présenté la Cinquième symphonie de Jacques Hétu sous la direction d’Alexander Shelley, dont l’enregistrement est maintenant disponible.
En mai, le grand colloque pancanadien de chant choral Podium s’est tenu à Montréal pour une fin de semaine bien remplie d’ateliers, de conférences, de prestations et de rencontres.
La même fin de semaine se tenaient les finales du Concours musical international de Montréal – Piano 2024, au terme duquel le pianiste canadien Jaeden Izik-Dzurko a été déclaré grand gagnant par un jury international. Izik-Dzurko a plus tard remporté le prestigieux Concours international de piano de Leeds, y interprétant comme à Montréal le Deuxième concerto pour piano de Brahms.
En terme de concerts marquants, il ne faut pas passer sous silence les Gurre-Lieder de Schoenberg offerts en ouverture de saison par l’Orchestre symphonique de Montréal, le Chœur, Rafael Payare et les solistes Clay Hilley, Dorothea Röschmann, Karen Cargill, Stephan Rügamer, Thomas E. Bauer et Ben Heppner.
Au Festival de Lanaudière, il y a eu le grandiose concert final proposant Aïda avec l’Orchestre Métropolitain et Yannick Nézet-Séguin, que nous avons malheureusement manqué, mais également l’exubérant et original The Fairy Queen par Les Arts florissants.
Décès
Le violoncelliste Marcel St-Cyr, fondateur du Quatuor Orford et pédagogue apprécié, s’est éteint le 30 décembre 2023, mais la nouvelle de son décès n’a été connue que début janvier. Début février, le monde entier a réagi avec émotion au décès du chef japonais Seiji Ozawa, qui avait été chef du Toronto Symphony Orchestra de 1965 à 1969, avant d’être engagé à Boston.
Plus près de nous, le compositeur Serge Arcuri s’éteignait en juin et le communicateur Edgar Fruitier est décédé le 29 novembre à l’âge de 92 ans. Quelques semaines plus tôt, la communauté musicale montréalaise a été secouée par le décès subi du percussionniste Robert Slapcoff fin novembre. Il laisse une marque indélébile, autant par son implication musicale que par sa personnalité attachante.
Ne manquez pas la deuxième partie de notre revue de l’année 2024, dans laquelle nous nous penchons sur les nombreux changements à la tête d’ensembles établis, jettons un coup d’œil au climat financier général dans lequel doivent opérer les institutions, et résumons certains des prix et distinctions récoltés par des artistes de grand mérite.
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