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COMPTE-RENDU | Finales CMIM : Une seconde soirée tout en contraste et résultats finaux

Par Julien Bilodeau le 17 mai 2024

C’est devant une salle nettement plus fournie que la veille que la finale du CMIM Piano 2024 s’est conclue ce jeudi soir à la Maison symphonique avec l’Orchestre symphonique de Montréal sous la direction de la cheffe invitée, Xian Zhang. Au programme, la prestation des trois derniers candidats où le piano romantique s’est éclaté, tant au sens propre qu’au sens figuré!

 

Derek Wang (Photo : Allard Willemse)
Derek Wang (Photo : Allard Willemse)

Derek Wang

Après avoir entendu la veille deux interprétations fort différentes du Concerto no 1 en si bémol mineur de Tchaïkovski, l’américain Derek Wang a tôt fait de nous faire la démonstration que l’œuvre se prête à toutes les singularités possibles. Ici, tout est très allant et très martelé. Dès que l’on quitte la tonique, la machine s’enthousiasme et s’emballe, les tempos partent en vrille et l’on se dit que le piano mécanique qui est installé dans le hall d’entrée ne pourrait pas faire mieux.

On devine le plaisir presque faustien qui est ressenti à vouloir dépasser ainsi les lois de la mécanique physique, mais la musique est un art de la communication qui perd tout son sens si l’autre est ignoré. L’orchestre, première victime, se voit forcer d’être en rattrapage constant et la gestuelle de Zhang, déjà expansive, devient étourdissante. Et que dire des échos de gammes descendantes aux bois et aux cordes (troisième mouvement) que même les plus grands musiciens d’orchestre au monde n’arrivent plus à imiter que dans des gestes approximatifs! Dans la salle, quelques minutes d’ébahissement cèdent rapidement la place à une sorte de test d’endurance platonique.

 

Jaeden Izik-Dzurko (Photo : courtoisie du CMIM)
Jaeden Izik-Dzurko (Photo : courtoisie du CMIM)

Jaeden Izik-Dzurko

D’une certaine manière, le contexte était alors devenu idéal pour que le Canadien Jaeden Izik-Dzurko nous présente le Concerto no 2 en si bémol majeur de Brahms. Œuvre monumentale (quatre mouvements et cinquante minutes au compteur) qui requiert une maturité musicale incomparable, elle s’annonce comme l’antithèse parfaite au Tchaïkovski de Wang. Aussi n’a-t-elle rien des attributs saillants et virtuoses habituels : tout est dans le sens que l’on donne au texte et dans la complicité que l’on développe avec l’orchestre.

Dès que les arpèges émergent des premiers appels du cor, un doux feutre se dépose enfin sur la sonorité d’un piano qui est néanmoins dans un piteux état, à tel point qu’une corde cèdera pendant la performance.  Mais qu’à cela ne tienne, l’approche stoïque de Izik-Dzurko échafaude patiemment sa cathédrale et produit ses plus grandes et belles béatitudes dans le troisième et avant-dernier mouvement, réellement bouleversant. Nous souhaitons fort qu’il trouve un jour son âme sœur sur le podium pour que sa pensée musicale puisse s’épanouir encore davantage dans ce même répertoire. Reste que dans le contexte du concours, le Canadien nous a fait la démonstration qu’il avait les moyens de ses ambitions et nous a offert une performance hors norme.

 

Jakub Kuszlik (Photo : courtoisie du CMIM)
Jakub Kuszlik (Photo : courtoisie du CMIM)

Jakub Kuszlik

La soirée s’est terminée par la présentation du Concerto no 2 en do mineur de Rachmaninov par le polonais Jakub Kuszlik dont on avait pu apprécier l’intelligence et la sensibilité lors de la demi-finale, plus particulièrement dans son interprétation de la Sonate no 3 en fa mineur de Brahms. Malgré un registre grave du piano passablement déréglé (ses cadences en souffriront), Kuszlik nous offre un moment de pur bonhomie qui nous libère du pathos généralement appuyé dans l’interprétation de ce concerto. La fluidité de son legato est remarquable et sa conscience d’ensemble, marquée par une gestuelle qui fait corps avec l’orchestre, est si grande qu’il peut naturellement étirer ou contracter les temps d’une mesure tout en demeurant dans le tempo général. Tout est fait avec un plaisir simple et sincère, un amour presque candide pour la musique, sans artifice, sans faux pas et avec beaucoup d’humilité : ce n’est certainement pas le profil typique de la bête de concours, mais nous avons fait de sa proposition notre péché véniel!

Résultats

Le jury, sous la présidence de Zarin Mehta, est ensuite venu sur scène pour faire l’annonce des résultats d’une finale qui, dans l’ensemble, s’est avérée être tout en contraste.

Il restait quelques prix spéciaux à accorder, après ceux déjà remis.

La tâche a été facile dans le cas du prix du meilleur artiste canadien, puisqu’il n’en restait qu’un en finale : il s’agit de Jaeden Izik-Dzurko, déjà récipiendaire des prix de la meilleure interprétation d’une sonate et la meilleure interprétation de l’œuvre canadienne imposée.

Le public en salle et en ligne avait l’occasion de voter pour son artiste préféré, et il a accordé son coup de cœur, sous forme du prix ICI Musique, à Gabriele Strata, qui avait également reçu le prix de musique de chambre à l’issue de la demi-finale.

Les trois finalistes non classés ont reçu chacun une bourse de 3 000 $. Ce sont Elias Ackerley, Derek Wang et Jakub Kuszlik.

Les trois finalistes sont donc :

Anthony RATINOV (États-Unis)
3e prix 
10 000 $ offert par Stingray Classica

Gabriele STRATA (Italie)
2e prix Pierre-Péladeau et Raymonde-Chopin
15 000 $ offert par Québecor

Jaeden IZIK-DZURKO (Canada)
1er prix Sibylla-Hesse d’une valeur de 140 000$

  • Grand prix en argent de 30 000 $ offert par la Ville de Montréal
  • Bourse de développement de carrière Joseph-Rouleau de 50 000 $ offerte par la Fondation Azrieli
  • Prix Steinway Recording (d’une valeur de 54 000 $) offert par Steinway & Sons
  • Prix Steinway Prizewinner Concerts Tournée coréenne (World Culture Network) en mars 2025 et autres concerts à annoncer offert par Steinway & Sons
  • Engagement pour un concert ou un récital dans une programmation subséquente de l’Orchestre symphonique de Montréal, offert par l’Orchestre symphonique de Montréal
  • Engagement pour un récital solo pour la saison 2025-2026 de la Coast Recital Society offert par la Coast Recital Society, Colombie-Britannique

Toutes nos félicitations aux organisateurs du CMIM pour la tenue d’un événement d’envergure qui a fait battre le cœur des mélomanes montréalais au rythme des plus belles promesses d’avenir!

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