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CRITIQUE | Glass Marcano, authentique étoile montante de la direction d'orchestre

Par Béatrice Cadrin le 23 mai 2024

Le fougueuse Glass Marcano dirigeant l'Orchestre Métropolitain. (Photo : Denis Germain
Le fougueuse Glass Marcano dirigeant l’Orchestre Métropolitain. (Photo : Denis Germain)

De mercredi à samedi dernier, l’Orchestre Métropolitain était placé sous la direction de la cheffe en pleine ascension Glass Marcano, avec qui je m’étais entretenue la veille du premier concert. C’est lors du concert du vendredi soir à la Maison symphonique que j’ai pu faire l’expérience de cette personnalité forte et vive sur le podium.

Première partie

La première partie du concert était constituée de trois pièces de compositeurs latino-américains (Ouverture festive d’Orrego-Salas, Janitzio de Revueltas et Huapango de Moncayo), du répertoire nettement en-dehors du canon habituel que Marcano a dû apprendre spécifiquement pour ce concert et qu’elle ne refera pas de si tôt, à moins de les programmer elle-même. Personnellement, je trouve que c’est une idée étrange que de placer Marcano dans cette situation, qui n’est pas faite pour la mettre en valeur. Pas que je sois contre le fait d’élargir le répertoire ou de mieux faire connaître les oeuvres symphoniques d’origines autres qu’européennes, au contraire – mais ça dépend ici quel était l’objectif principal du concert. Si c’était celui de présenter Marcano au marché nord-américain et de la faire briller, il aurait mieux valu lui offrir un autre répertoire. Beaucoup de jeunes chef.fe.s ont à leur répertoire une ou deux courtes pièces bien maîtrisées qu’elles programment à chaque fois qu’elles travaillent avec un nouvel orchestre, sachant que cela les mettra à l’aise et leur permettra de faire bonne impression. En entrevue et en s’adressant au public lors du concert, elle-même a fait comprendre qu’à part peut-être pour le huapango, elle ne ressentait pas de lien particulier avec cette musique simplement parce qu’elle venait du même continent.

Il était évident que Marcano n’était pas aussi familière avec les pièces de la première partie qu’avec la symphonie de Tchaïkovski qui allait suivre. Tout en étant bien placée et suffisamment efficace, sa direction était principalement symétrique dans les deux bras, dénotant un manque de liberté par rapport à la musique. Son autorité naturelle ne s’en trouvait heureusement pas diminuée, mais le résultat était un peu « scolaire », plutôt convenu (dans un répertoire qui ne l’était pas, l’un camouflant l’autre pour qui ne s’arrêtait qu’à la nouveauté de la pièce), alors que la deuxième partie allait démontrer jusqu’où la cheffe est réellement capable de pousser. Heureusement, le Huapango, danse qu’elle a souvent dansée enfant, lui a permis de commencer à prendre ses aises.

 

Le récitant Victor Andrés Trelles Turgeon lors du concert de l'OM à la Maison symphonique. (Photo : Denis Germain)
Le récitant Victor Andrés Trelles Turgeon lors du concert de l’OM à la Maison symphonique. (Photo : Denis Germain)

Poèmes

Entre les pièces musicales de la première partie, le récitant Victor Andrés Trelles Turgeon prêtait sa voix à la lecture de poèmes de trois écrivaines d’origine sud-américaine immigrées au Québec. Le premier était « Petite enfance suspendue au Chili », extrait du recueil Ce qui est tu de Caroline Dawson, dont le décès des suites du cancer des os est survenu à peine quelques jours plus tard. Venaient ensuite Je courais après les nuits et Chant au soleil d’Yvonne América Truque et L’arrivée, par Flavia Garcia.

Trelles Turgeon a réussi une lecture sentie de ces poèmes à l’atmosphère d’intériorité et délicate. Cependant, le choix des poèmes pourtant très beaux était étonnant lorsque mis en parallèle avec les pièces festives et par moment presque clinquantes qui les encadraient.

Quatrième symphonie de Tchaïkovski

Dès la première fanfare de cuivres ouvrant la Quatrième symphonie de Tchaïkovski, il est évident qu’on est ici dans un tout autre monde. Le son est d’une ampleur majestueuse et même chaleureuse, en contraste avec d’autres versions favorisant une sonorité plus fortement cuivrée. La direction de Marcano pouvait enfin dévoiler tout son caractère et sa flexibilité. Mis à part un choix de tempo un peu sage pour le troisième mouvement et des ralentis mal avisés quand la musique se calme déjà par elle-même – un tic d’interprétation que Gustavo Gimeno avait poussé à l’extrême dans la Quatrième symphonie de Brahms lors du concert du Toronto Symphony Orchestra il y a quelques semaines -, Marcano propose une conception mûrie de la symphonie. Elle avait souligné en entrevue qu’il lui importait maintenant de raconter une histoire dans ses interprétations : cela s’entendait dans son approche du Tchaïkovski, pas dans le sens où chaque thème ou motif évoquait des images, mais dans le sens où le micro et le macro se combinaient pour construire une structure possédant une rhétorique inhérente.

Les instrumentistes de l’Orchestre Métropolitain ont joué avec un enthousiasme manifeste, avides de tout donner pour la cheffe charismatique. Ensemble, ils ont offert au public debout un rappel « interactif », le Popurri « Pérez Padro », comportant les pièces « Que Rico mambo », « Ruletero », « Mambo no 5 » et « Mambo no 8 ».

À suivre!

On peut d’ores et déjà affirmer que la carrière de Glass Marcano sera plus qu’un feu de paille, beaucoup plus qu’un phénomène passager sans lendemain. Si j’étais Bruno Monsaingeon, je serais déjà en train de documenter son début de carrière. Simplement la façon dont la jeune femme et ses conseillers ont géré son parcours suite à sa révélation au concours La Maestra démontre de la vision à long terme et un réel souci de l’outiller de façon solide. Il lui reste du chemin à parcourir avant d’atteindre son potentiel maximum, et on espère que cette collaboration avec l’OM se poursuivra dans l’avenir, nous donnant le plaisir de suivre son progrès.

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Béatrice Cadrin
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