Le mot-clé de notre entrevue avec Marie-Claire Cousineau est certainement passion – celle que l’école des Petits Violons éveille chez les apprentis cordistes depuis maintenant 60 ans, mais aussi celle, évidente dans chaque mot, que ressent notre interlocutrice pour son travail et pour ses élèves.
À l’époque où elle était elle-même une jeune violoniste au sein des Petits Violons, Marie-Claire Cousineau ne s’imaginait pas du tout prendre la direction de l’école fondée par son père. Mais en fin pédagogue qu’il était, Jean Cousineau l’a tranquillement invitée à progresser de tâche en tâche et de responsabilité en responsabilité, de sorte qu’au décès du paternel, la passation s’était déjà faite en douceur, dans une continuité d’approche et de mentalité rare dans les organisations artistiques.
« Au début, mon père m’a juste demandé de prendre en charge des « coachings » auprès d’élèves un peu plus jeunes que moi. Dans ma tête, ça revenait juste à pratiquer avec des ami·e·s, ça ne m’énervait pas. Progressivement, il m’a confié l’enseignement aux tout-petits; plus tard, je l’ai assisté à la direction de l’ensemble à cordes et en fin de compte, au moment où il est décédé, ça faisait une dizaine d’années que c’était moi la tête principale de l’ensemble », nous raconte la violoniste qui continue de jouer comme surnuméraire à l’Orchestre Métropolitain.
La violoniste est elle-même un pur produit de l’approche Cousineau, dont les objectifs premiers sont la prévention des blessures par une posture optimale et l’accent mis sur le répertoire comme outil d’apprentissage. Ayant commencé l’apprentissage du violon à l’âge de 5 ans, elle a intégré les rangs de l’orchestre vers 9-10 ans. Elle connaît donc bien l’intensité des liens qui se tissent entre les élèves et le rôle que joue l’émulation des plus vieux par les plus jeunes. Elle se souvient encore avoir été impressionnée par une élève plus avancée qu’elle jouant un Moto Perpetuo en concert, un souvenir qui, lorsqu’elles se croisent à l’Orchestre Métropolitain, fait sourire les deux violonistes concernées devenues toutes deux musiciennes professionnelles.
Cousineau se réjouit du niveau de la cohorte actuelle des Petits Violons, constituée d’un nombre équilibré de membres débutants, intermédiaires et avancés. C’est ce qui lui a permis de programmer le Divertimento de Bartok, un de ses propres coups de cœur musicaux et une œuvre présentant de grands défis rythmiques et harmoniques, lors du premier programme de la saison le 3 novembre dernier.
Saison anniversaire
Au cours de la saison 2024-2025, les Petits Violons accueilleront plusieurs invité·e·s de marque heureux de venir célébrer le 60e anniversaire de cette institution pédagogique marquante.
Le concert de Noël Vibrations hivernales donné le 1er décembre marque le retour d’Olivier Arsenault, gigueur et percussionniste, collaborateur régulier des Petits Violons. Le timbalier solo de l’Orchestre Métropolitain Julien Bélanger est également de la partie.
À la demande des élèves eux-mêmes, la pièce maîtresse de ce concert est La légende du feu, une composition de Jean Cousineau d’abord destinée à accompagner le film d’animation de Frédéric Back INON ou la conquête du feu (disponible sur TOU.tv). La narration de cette légende algonquine adaptée par Robert Gauthier, confiée à l’origine à Albert Millaire, sera interprétée par la comédienne Julie Daoust.
Le programme est complété par du Manuel de Falla, du Mozart, des airs de Noël arrangés par Jean et Nicolas Cousineau et des airs traditionnels québécois.
Le 13 décembre, la violoniste solo de l’Orchestre Métropolitain Yukari Cousineau et le violoncelliste réputé Stéphane Tétreault s’unissent aux instrumentises réguliers de l’Ensemble Jean Cousineau (Marie-Claire Cousineau, Isabelle Bélanger-Southey, Julien Oberson et Alexandre Castonguay) pour offrir un concert hors-série de musique de chambre. Ensemble, ils et elles interpréteront les deux magnifiques sextuors de Brahms pour deux violons, deux altos et deux violoncelles.
Lors du concert Harmonies collectives le 16 février, ce sera au tour de l’ensemble innovateur collectif9 de se joindre aux cordes des Petits Violons. La complicité entre les élèves et les instrumentistes de collectif9 s’est développée au cours de projets conjoints passés, à travers des coachings offerts par les instrumentistes professionnels et du fait d’une similarité d’approche puisque les deux ensembles jouent sans chef.
Le concert Charme romantique permettra à des élèves avancés des Petits Violons de faire leurs débuts comme chambristes autonomes, seul·e·s sur leur partie, dans rien de moins que l’effervescent Octuor de Mendelssohn. La Symphonie pour cordes no 9 composé par un Mendelssohn adolescent et le Quatuor à cordes « Rosamunde » de Schubert complètent le programme.
Appel aux ancien·ne·s pour le concert officiel du 60e anniversaire
La saison se clôt par un concert de grande envergure au cours duquel le quintette à vents Pentaèdre et le timbalier Julien Bélanger monteront avec les Petits Violons sur la scène de la salle Pierre-Mercure pour interpréter l’enlevante Symphonie italienne de Mendelssohn. C’est l’occasion pour Marie-Claire Cousineau de lancer une invitation aux ancien·ne·s souhaitant rejoindre à nouveau les rangs de l’ensemble le temps d’un concert. Les intéressé·e·s peuvent se manifester par l’entremise de la page Facebook des Petits Violons ou à l’adresse courriel petitsviolons@videotron.ca.
Et l’avenir?
Pour l’avenir au-delà des 60 ans, Marie-Claire Cousineau ne souhaite rien de plus que de « continuer à accueillir des élèves souriants, arrivant au cours avec leurs petits violons, à les éveiller à la musique et à les amener à se dépasser. »
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