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CRITIQUE | Le Messie avec l'OM et Yannick Nézet-Séguin : une interprétation compacte avec du relief

Par Béatrice Cadrin le 11 décembre 2024

Yannick Nézet-Séguin dirigeant les effectifs du Choeur et de l'Orchestre Métropolitain à la Basilique Notre-Dame le 9 décembre 2024. (Photo : François Goupil)
Yannick Nézet-Séguin dirigeant les effectifs du Choeur et de l’Orchestre Métropolitain à la Basilique Notre-Dame le 9 décembre 2024. (Photo : François Goupil)

Lundi soir avait lieu à la Basilique Notre-Dame la première de deux prestations du Messie de Handel par l’Orchestre Métropolitain et un chœur réduit ainsi que les solistes Anna-Sophie Neher, Emily d’Angelo, Frédéric Antoun et Geoffreoy Salvas sous la direction de Yannick Nézet-Séguin. Le public a répondu nombreux à cette invitation annuelle, qui se répète le 11 décembre.

Yannick Nézet-Séguin livre une interprétation basée sur un excellent travail d’articulation et de nuances donnant du relief au texte musical archi-connu, exécuté par un orchestre flexible, attentif aux demandes émanant du podium. Le choeur, équilibré et bien préparé, navigue les nombreuses longues vocalises avec agileté, encouragé par le chef à trouver des points d’appui ponctuels et à « voleter » rapidement de l’un à l’autre sans lourdeur.

Sans doute dans le but de resserrer le déroulement de l’œuvre, Nézet-Séguin enchaîne les mouvements pratiquement attacca et privilégie des tempos rapides. Ces deux approches ont l’avantage de favoriser un arc dramaturgique solide, mais les tempos choisis dépassent parfois le niveau de confort du ou de la soliste et bousculent à l’occasion le discours même de la musique qui n’a pas le temps de se déployer. D’ailleurs, quelques  morceaux ont souffert aux violons d’un début moins propre que souhaitable, spécifiquement les débuts en anacrouse (levée avant le temps), peut-être dû à cet empressement.

Ce parti pris pour les tempos rapides a cependant trouvé un terreau fertile dans le mouvement « He trusted in God », exécuté avec une hargne et un mépris résonnants, poussant à l’extrême la moquerie exprimée par le texte. Ignorant le traditionnel ralenti de la fin, Nézet-Séguin mène ses troupes à pleine vitesse jusqu’à la double barre finale et conclut sur des articulations mordantes et saccadées, pour un résultat frappant.

Inversement, Nézet-Séguin est maître de l’art des finales suspendues – plutôt qu’une coupure sèche, le chef indique un decrescendo et un « attendrissement » rapides du son à la fin d’un accord éclatant, prolongé ou pas par une consonne finale étirée. Ce type de finale crée un moment de suspension à la fin du son, maintenant le public brièvement en apnée après un défoulement sonore intense.

Solistes

Le timbre distinctif d’Emily d’Angelo, auquel la chanteuse ajoute une tension légèrement menaçante, réflète admirablement le feu du forgeur dans les épisodes rapides (« For He is like a refiner’s fire ») de l’air « But who may abide », tandis qu’au début de la deuxième partie, la mezzo soprano puise dans un registre vulnérable et délicat pour « He was Despised ». Son interprétation de « O thou that tellest good tidings », en première partie, aurait cependant profité d’une plus grande variété de couleurs et d’imagination dans les phrasés.

 

Geoffroy Salvas a brillé sans retenue aux côtés du trompettiste Antoine Mailloux dans The Trumpet Shall Sound. (Photo : François Goupil)
Geoffroy Salvas a brillé sans retenue aux côtés du trompettiste Antoine Mailloux dans The Trumpet Shall Sound. (Photo : François Goupil)

Geoffroy Salvas, recruté en remplacement de Jonathon Adams dont le nom restait indiqué dans le programme, démontre dès sa première intervention toute la pertinence de sa présence, avec des « And I will shake » bien articulés et un timbre soyeux dans tous les registres. L’air « The people that walked in darkness », avec son passage de l’obscurité à la lumière, vient confirmer cette première impression favorable. Dans « Why do the nations », le tempo un cran trop allant ne joue pas en faveur de Salvas, provoquant de légers décalages entre l’orchestre et le soliste, qui aurait été plus à l’aise dans un tempo un souffle plus lent. Son intervention suivante, « Behold I tell you a mystery » et le célèbre « The Trumpet shall sound », lui permet cependant de briller sans retenue, aux côtés du trompettiste Antoine Mailloux.

Les voix d’Anna-Sophie Neher et de Frédéric Antoun, par le vibrato et le type d’émission sonore, appartiennent à une esthétique plus opératique que ce que mon choix personnel aurait priorisé pour un oratorio. Au-delà de cette réserve, Neher a livré un « Rejoice » pétillant, et Antoun n’a aucun mal à remplir la Basilique Notre-Dame de sa voix vibrante, malgré quelques parasites dans le son.

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Béatrice Cadrin
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