
Décidément, l’automne 2024 sera celui des découvertes musicales! Après la sérénade inédite de Mozart dévoilée il y a quelques semaines, c’est maintenant une valse inconnue de Chopin qui a été révélée au grand public.
C’est le pianiste Lang Lang qui en a fait le premier enregistrement au Steinway Hall de New York, dans une performance mise en ligne le 27 octobre 2024 et qui dépasse déjà les 34 000 visionnements. (Entre le moment de la rédaction de cet article et sa publication, le New York Times a retiré l’accès à la vidéo autrement que par l’entremise de l’article mentionné un peu plus bas.)
La partition a été retrouvée au printemps dernier par le conservateur Robinson McClellan alors qu’il classait les documents d’un fonds d’archives au Morgan Library & Museum de New York. Dans une entrevue au New York Times, McClellan raconte avoir trouvé une toute petite partition manuscrite sans titre, ne tenant que sur une page, ayant comme indication de tempo « Valse », le tout coiffé d’un « Chopin » d’une calligraphie différente de celle de la notation musicale.
Après avoir consulté de nombreux spécialistes du compositeur polonais et procédé à une analyse du papier, de l’encre et de la calligraphie du manuscrit, il a été confirmé que la partition est bel et bien de la main de Chopin, bien que le nom du compositeur ait été inscrit par la suite. Datant d’entre 1830 et 1835, cette petite valse aurait été écrite dans la jeune vingtaine du compositeur, avant d’être laissée de côté.
On ignore ce qui arriva à ce manuscrit par la suite, mais on sait qu’il a été acheté par A. Sherrill Whiton Jr., directeur de la New York School of Interior Design, qui était également un pianiste et compositeur amateur qui adorait la musique de Chopin. Whiton possédait une impressionnante collection de manuscrits musicaux qu’il assemblait avec passion. Décédé en 1972, ses archives ont été récupérées par son ami Arthur Satz qui les légua au Morgan Library & Museum en 2019. En partie à cause de la pandémie, ce fonds d’archives n’a pas été catalogué avant cette année.
Même si elle semble complète, cette valse en la mineur est très courte. D’une durée d’une minute et vingt secondes, la partition ne comporte que 48 mesures, le tout joué da capo (c’est à dire reprise dans son intégralité après la première lecture). Aucun lien avec la célèbre Valse-minute op. 64 no 1!
En consultant une photographie du manuscrit, John Rink, professeur de musique à l’Université de Cambridge, a néanmoins affirmé qu’« il y a suffisamment d’éléments très inhabituels pour que l’on soit obligé de se demander s’il s’agit vraiment de la musique de Chopin ». N’ayant pas participé aux recherches organisées par le Morgan Library & Museum, Rink a néanmoins affirmé qu’il était difficile de contester l’analyse de la calligraphie, du papier et de l’encre que l’institution américaine a réalisée, qualifiant le tout de « facteur critique et décisif ».
Il avance la théorie que cette partition était peut-être une forme d’esquisse, ou un premier jet d’une œuvre qui n’aura pas abouti. Selon lui, ce manuscrit reflète « l’imagination de Chopin en plein essor, une sorte d’explosion créatrice avant que les idées n’aient été élaborées ».
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