Nous vous proposons encore trois albums de si grande qualité que vous aurez de la difficulté à vous en départir pour les offrir. Vaut mieux en acheter tout de suite deux exemplaires, un pour donner et un pour garder!
MUSIQUE BAROQUE
Marie Nadeau-Tremblay – Obsession
par Béatrice Cadrin
Étiquette : ATMA Classique
Je suis complètement en amour avec cet album. Marie Nadeau-Tremblay, Révélation Radio-Canada Classique 2021-2022 et Prix Opus Découverte de l’année en 2022, s’entoure ici d’Eric Milnes au clavecin et à l’orgue, de Mélisande Corriveau à la viole de gambe et de Kerry Bursey au chant et au luth pour livrer un programme centré autour du concept de l’obsession. C’est par différents usages de la répétition musicale qu’est représenté le concept : thèmes et variations, lignes de basses répétées ou rondos. Au-delà de ce fil conducteur, c’est la musicalité raffinée du jeu de Nadeau-Tremblay qui envoûte. Entre ses mains, le violon baroque prend un timbre nostalgique et légèrement lancinant proche des instruments de musique folklorique, par exemple de la musique celtique ou scandinave. Son jeu projette une impression de spontanéité envoûtante. Elle varie son jeu grâce à l’ajout d’ornementation à la main gauche, mais ne néglige pas non plus la main droite en variant vitesse et pression d’archet, pour des résultats surprenants et accrocheurs. Ses comparses sont à la hauteur de son imagination musicale et contribuent chacun·e sur leur partie à cet enchantement musical qu’on veut écouter encore et encore.
Un album à ajouter à toute collection de disques, dans la section musique baroque, avec une main tendue vers la musique folklorique.
MUSIQUE SYMPHONIQUE
NACO, OSQ et Toronto Mendelssoh Choir – Two Worlds, One Symphony
par Éric Champagne/Béatrice Cadrin
Étiquette : ANALEKTA
Le début de l’année 2024 a vu s’unir l’Orchestre du Centre national des arts, l’Orchestre symphonique de Québec et le Toronto Mendelssohn Choir pour une collaboration majeure autour de la Symphonie no 5 du compositeur québécois Jacques Hétu. Les trois ensembles nous reviennent avec l’enregistrement issu de cette collaboration, un album dont la parution tombe bien compte tenu que le seul autre enregistrement de cette œuvre de maturité de Hétu, celui de la création en 2010 par le Toronto Symphony Orchestra, n’est plus disponible sur le marché. Il s’agit donc d’une parution importante pour cette œuvre qui fait déjà office de classique dans notre littérature symphonique québécoise.
La symphonie à programme décrit en quatre mouvements l’occupation de Paris pendant la Deuxième Guerre mondiale et se conclut par une mise en musique du grand poème de Paul Éluard Liberté, faisant intervenir le chœur. Stylistiquement, le langage employé par Hétu a de petites accointances avec Chostakovitch et Respighi. Cela en fait une œuvre facile d’approche pour qui veut découvrir la musique de création symphonique qui se fait ici. Les orchestres combinés, sous la direction d’Alexander Shelley, sonnent très bien, particulièrement les vents. Shelley donne une interprétation vivante et bien sentie de cette musique prenante. Le chœur, à majorité anglophone, fait pour sa part un beau travail de prononciation de la langue française, guidé par son chef attitré, Jean-Sébastien Vallée.
Ici aussi, un ajout important à la collection de tout audiophile.
MUSIQUE D’ENSEMBLE
Cordâmes – Déesses mythiques
par Audrey Gauthier
Ce 11e album du groupe Cordâmes est tant une célébration des 20 ans d’existence de l’ensemble qu’une ôde aux femmes, aux divinités de la Grèce Antique, sujet de prédilection du contrebassiste et compositeur Jean Félix Mailloux. Chaque pièce est un dialogue, une histoire sur ces créatures mythiques. On y découvre les multiples facettes musicales des personnalités distinctives des déesses, parfois rythmées et espiègles, comme celle d’Athena, parfois douces et mystérieuses pour Flore.
La harpe, les cordes frottées, frappées et les percussions explorent et interprètent à merveille un équilibre entre les sonorités aux couleurs de l’orient et l’occident, dans une ambiance magique et feutrée, avec une pointe de jazz. On apprécie particulièrement les notes pétillantes et douces de la harpe, admirablement mises en valeur dans ces compositions, en compagnie de mélodies recherchées. La prise de son a été bien pensée, l’enregistrement permet à tous les instruments de prendre leur place, sans empiéter les uns sur les autres pour une écoute harmonieuse.
À déguster avec du chocolat à l’orange.