
Edgar Fruitier (8 mai 1930 – 29 novembre 2024)
Le comédien, animateur et mélomane montréalais Edgar Fruitier s’est éteint dans son sommeil le 29 novembre dernier, à l’âge de 94 ans, des suites d’un arrêt cardiaque. Acteur prolifique et passionné de musique classique, il laisse derrière lui un héritage culturel significatif.
Une carrière d’acteur marquante
Edgar Fruitier s’est imposé comme un visage incontournable de la scène artistique québécoise dès les années 1950. Il a marqué les téléspectateurs, notamment avec son rôle de René Lecadreur dans Les belles histoires des pays d’en haut. Sa voix a également résonné dans de nombreux foyers à travers son doublage inoubliable du personnage de M. Burns dans la version québécoise des Simpson.
Au théâtre, Fruitier a laissé sa marque avec des interprétations dans des pièces emblématiques comme L’Avare de Molière et En attendant Godot de Samuel Beckett. Bien que mémorables, ces rôles constituent une facette parmi d’autres d’une vie riche en contributions artistiques.
Une vie dédiée à la musique classique
Fruitier n’était pas seulement comédien; il était aussi un mélomane passionné, transmettant son amour pour la musique classique à travers divers projets. Sa fascination pour ce genre musical a débuté dès l’enfance lorsqu’il a découvert la 40e symphonie de Mozart à la radio. Ce moment a été le déclencheur d’une quête qui l’a amené à constituer une collection impressionnante de plus de 58 000 disques de musique classique.
À la radio, il a animé plusieurs émissions mémorables, dont La collection d’Edgar sur Espace Musique, et collaboré comme chroniqueur régulier dans Samedi et rien d’autre sur ICI Radio-Canada Première. Ses séries de concerts, Les lundis d’Edgar à la Maison de la culture Frontenac, ont permis de démocratiser l’accès à la musique classique à un large public montréalais.
En 2010, il a fusionné théâtre et musique avec son spectacle Edgar et ses fantômes, où il dialoguait avec des compositeurs tels que Bach et Mozart dans une mise en scène originale et immersive. Une suite, présentée en 2017, a mis en lumière d’autres compositeurs comme Verdi et Gershwin, avec la collaboration de l’animatrice et claveciniste Catherine Perrin. « Elle représentait pour moi la continuité de ce que j’ai initié », avait-il confié.
Auteur et pédagogue
Fruitier a également publié des ouvrages dédiés à la musique, comme Beethoven : sombre et fascinant! et Mozart : génial et… volage!. Il a compilé ses morceaux favoris dans la série de coffrets Les grands classiques d’Edgar, qui s’est écoulée à plus de 225 000 exemplaires, un chiffre impressionnant. Ces initiatives ont contribué à vulgariser et populariser la musique classique auprès du public québécois.
Ombre
La carrière d’Edgar Fruitier a été entachée d’accusations pour attentat à la pudeur. En 2020, il a été condamné à six mois de prison, bien qu’il n’ait purgé qu’un mois en raison de sa santé fragile.
Un héritage culturel
Malgré la maladie d’Alzheimer diagnostiquée à la fin de sa vie, Edgar Fruitier est resté dans la mémoire collective comme une figure érudite et passionnée. « Son rire contagieux et son enthousiasme pour la musique classique continueront d’inspirer les générations futures », a déclaré Catherine Perrin. Avec sa disparition, le Québec perd une voix unique qui a marqué plusieurs générations.
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