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CRITIQUE | Récital de David Fray à la salle Bourgie: fragile intimité

Par Jeanne Hourez le 8 mars 2018

David Fray. (Photo: IMG Artists)
David Fray. (Photo: IMG Artists)

Alors qu’il vient d’enregistrer un disque consacré à Chopin, le pianiste français David Fray était de passage hier soir à la salle Bourgie pour un récital autour de Mozart et Schubert. Un choix de répertoire audacieux, mais qui ne surprend guère, tant les choix programmatiques du musicien privilégient avant tout une musique intime.

La première partie était donc dédiée à Mozart et la seconde, à Schubert. De quoi boucler la boucle, puisque les deux premiers disques de David Fray (2009 et 2010) étaient respectivement consacrés à ces compositeurs. Hier soir, c’est avec la Fantaisie pour piano en do mineur, K.475, que le pianiste a choisi d’ouvrir un récital sous le signe de l’intimité. Une intimité fragile, empreinte de romantisme. La Fantaisie de Mozart est interprétée dans une introspection parfois déroutante – puisque les directions semblent parfois se perdre -, mais aussi captivante, notamment dans les passages très piano.

Le pianiste cherche des effets de pédale, reprenant l’accord tout de suite après que les doigts aient lâché les notes pour en garder une empreinte harmonique. Ce procédé n’est pas toujours le mieux adapté sur les pianos modernes et peut lasser l’auditeur, qui souhaiterait aussi pouvoir profiter entièrement du silence de la partition.

La sonate n°14 en do mineur K.457 s’enchaîne tout de suite après les dernières notes de la Fantaisie. Elle reste un peu dans ce même état de tourmente intérieure, mais paraît déjà plus assurée malgré quelques petits soucis de clarté dans les passages rapides à la main droite. Le deuxième mouvement, surtout, est une recherche perpétuelle de sensibilité introvertie. De même, le thème du Rondo en la mineur K.511 qu’il interprète par la suite est d’une poésie extrême et la pièce entière développe de très belles idées musicales alors qu’on sent le pianiste déjà beaucoup plus à l’aise que dans la première œuvre.

En seconde partie, David Fray interprète la sublime Sonate n°20 en la majeur D.959, de Schubert, qui s’étend sur quatre mouvements. Là encore, quelques transitions un peu négligées peuvent dérouter l’auditeur tandis que d’autres sont magnifiquement négociées et contribuent à nous emmener dans l’univers si particulier de Schubert, un univers de déchirement incessant et de douleur interne.

Le deuxième mouvement offre un magnifique équilibre tandis que le pianiste adopte un tempo assez lent dans le troisième, probablement pour continuer dans cet esprit d’âme en lutte. Il continue de défendre cette vision dans le dernier mouvement de cette sonate qui oppose des contrastes de lumières et de nuances alors que la coda termine sur une belle note d’espoir.

En rappel, le pianiste nous offre un extrait de son dernier disque, à savoir le Nocturne op.9 n°2 en mi bémol majeur de Chopin, très sensible une fois de plus. Même si le jeu de David Fray ne convainc pas tout le monde tant sa vision intime des œuvres peut parfois déconcerter, on ne peut lui reprocher d’être complètement habité par sa musique et de proposer une interprétation qui sort des normes.

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