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CRITIQUE | Pallade Musica : les petits plaisirs hambourgeois de Schieferlein

Par Frédéric Cardin le 2 janvier 2018

Schieferlein: Sonates en trio, par l'ensemble Pallade Musica, ATMA Classique.
Schieferlein: Sonates en trio, par l’ensemble Pallade Musica, ATMA Classique.

Pallade Musica, ensemble baroque montréalais qui se hisse déjà parmi l’élite internationale de la musique baroque (un deuxième prix au Concours International Van Wassenaer à Utrecht en 2014), adore nous faire découvrir des compositeurs méconnus. C’est encore le cas avec son plus récent album consacré à la musique d’Otto Ernst Gregorius Schieferlein (1704-1787), paru chez ATMA Classique.

La musique entendue trahit des sentiments et une attitude italianisante, que l’on peut comprendre étant donné l’époque de l’écriture, mais en plus réservée, voire pudique.

C’est que l’on se retrouve à Hambourg, et non à Venise ou Rome, avec ce Schieferlein dont on sait en réalité peu de chose, sinon qu’il était chanteur et surtout copiste et qu’il a côtoyé entre autres Telemann et C.P.E. Bach dans cette ville. On comprend mieux ainsi l’insertion dans le programme, aux côtés de trois sonates en trio pour violoncelle de Schieferlein, d’œuvres de Telemann et Bach.

On devine la patte d’Elinor Frey, violoncelliste de talent exceptionnel, qui explore depuis de nombreuses années déjà toutes les vieilles archives européennes afin de dénicher des trésors bien cachés écrits pour le violoncelle par d’autres compositeurs que les bien connus Bach et Vivaldi. Allez faire un tour sur le site d’Elinor et vous ferez des trouvailles tout à fait emballantes!

Une autre vérité sur ce Schieferlein et sa musique est que sa paternité des œuvres entendues ici demeure incertaine. Les manuscrits retrouvés comportent des différences d’épellation de son nom (ce qui indique qu’elles ne sont pas autographiées). Comment être absolument certain? Impossible, mais là n’est pas la question essentielle. La musique est-elle belle? Oui, bien entendu.

On devine un esprit raffiné et rigoureux dans l’application de la science musicale, mais assez peu d’extravagance, comme je l’indiquais plus haut. Il semble logique que nous ayons affaire à un artiste qui ne soit pas de première stature, ce qui correspond avec les notes biographiques dans lesquelles on apprend qu’il a été copiste pour Telemann pendant la longue présence de ce dernier à la direction musicale de la Katharinenkirche de Hambourg. Notes qui nous apprennent aussi qu’il a exercé le même métier pour C.P.E. Bach à l’arrivée de celui-ci au poste laissé vacant par le décès de Telemann, en plus d’avoir, à 72 ans, chanté dans la Passion selon saint Jean du deuxième fils de Jean-Sébastien.

Après leur splendide Verso Venezia, où la flamboyance de l’Italie vénitienne éclatait en mille teintes de rouges, jaunes, orangés, ocre et sépia, les nuances de cet album Schieferlein tendent plutôt vers les bleus et gris très doux, ceux d’un Nord hanséatique qui sait nous réserver encore quelques agréables surprises.

Pourrait-on critiquer le jeu des quatre magnifiques interprètes qui forment Pallade Musica? Fort peu, si même on essayait de le faire!

Tanya Laperrière au violon, Elinor Frey au violoncelle, Esteban La Rotta au théorbe et au luth et Mélisande McNabney au clavecin ont développé une solide complicité qui s’ajoute à une intonation parfaite et une technique d’ensemble de très haut niveau.

Pallade Musica (Photo: courtoisie)
Pallade Musica. (Photo: courtoisie)

Schieferlein n’est peut-être pas la découverte majeure des dernières années, mais l’approfondissement de notre connaissance du répertoire de violoncelle en petit ensemble demeure une entreprise essentielle qui ne peut pas être dénuée de plaisirs, même modestes.

Il n’y a pas de doute à avoir : Pallade Musica s’affirme comme l’un des meilleurs ensembles baroques sur la scène mondiale actuelle et confirme le statut de Montréal comme capitale nord-américaine de la musique ancienne.

Le prochain concert de Pallade Musica aura lieu le 26 janvier, 19 h 30, à la Chapelle St-Louis.

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