Le spectacle musical pour enfants La Crème de Crémone fut donné hier après-midi, à la salle Bourgie, et rassemblait quelques-uns des musiciens québécois les plus prometteurs entourés de l’Orchestre Appassionata, dirigé par Jean-Philippe Tremblay.
Marianne Dugal, Victor Fournelle-Blain, Marina Thibeault et Stéphane Tétreault se sont prêtés à une petite guerre amicale afin d’élire le meilleur des instruments issus de la famille des cordes. Le tout était agrémenté de textes écrits par Mathieu Boutin et contés par Pascale Montpetit.
La comédienne a tout d’abord présenté la famille des cordes frottées, réunies au grand complet dans l’orchestre Appassionata, devant un public venu en famille. Le but du spectacle était en effet de faire connaître aux spectateurs les différents instruments. Pascale Montpetit ponctuait les pièces de quelques commentaires historiques et amusants alors que les enfants présents demeuraient de manière générale très attentifs, probablement hypnotisés par la jolie musique qui résonnait entre les murs de la salle Bourgie.
La première à « défendre » son instrument fut l’altiste Marina Thibeault dans le Concerto en sol majeur de Telemann. À travers son beau phrasé, elle a proposé une interprétation plutôt classique avec grand enthousiasme. Son jeu est léger, joyeux, fluide et doté d’un timbre convenant bien à un compositeur comme Telemann. On notera, en revanche, un certain déséquilibre avec un orchestre un peu trop présent pour le son plutôt intime de la soliste. La jeune interprète semblait un peu prise entre une interprétation très droite et quelques prises de liberté qu’elle aurait sans doute voulu pousser plus loin. Dans l’ensemble, ce fut tout de même très convaincant et cela nous a permis de la découvrir dans un répertoire différent de ce qu’elle joue d’habitude en concert.
Vinrent ensuite Marianne Dugal, violoniste de l’OSM, et Victor Fournelle-Blain, altiste dans le même orchestre, mais qui joue également du violon à un très haut niveau. Les deux musiciens ont interprété une version véloce et enlevée du Concerto pour deux violons en ré mineur de Jean-Sébastien Bach. Si l’orchestre a encore une fois manqué un peu de contrastes et de discernement entre les différentes voix, les deux violonistes nous ont offert de beaux moments de dialogues et de complicité. Les tempi choisis, assez allants dans les trois mouvements, ont apporté un souffle de fraîcheur et une vie intérieure à ce concerto qui fait l’objet de choix interprétatifs extrêmement variés.
Stéphane Tétreault, pour sa part, est appelé pour défendre le violoncelle dans le Concerto n°1 en la mineur de Camille Saint-Saëns. Le jeune violoncelliste se montre très à l’écoute de ses partenaires orchestraux, mais aussi du chef. Il en résulte un beau mélange et un orchestre souple, qui n’hésite pas à le suivre dans ses exaltations. Extrêmement investi, le violoncelliste semble s’inspirer beaucoup de Jacqueline du Pré dans sa manière de jouer. Son jeu est virtuose, décidé, sensible et intense. Démontrant un jeu d’une grande maturité, il pourrait peut-être se permettre de prendre quelques risques et de relâcher un peu la tension permanente qu’il met sur chaque note.
En rappel, les quatre musiciens se sont réunis dans un mouvement d’un quatuor à cordes de Josef Haydn. La Crème de Crémone est un spectacle pour enfants, certes, mais de qualité, surtout au vu des solistes choisis. Si les textes ont peut-être semblé très enfantins pour les adultes qui accompagnaient leur marmaille, il n’en est rien de l’intervention des musiciens, qui furent très pertinents dans leur rôle respectif.
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