Grands chefs, pianistes et compositeurs: voici nos suggestions d’écoute de la semaine.
Jaap Nico Hamburger, piano concerto, Leaf Music
Compositeur en résidence pour Mécénat Musica à Montréal, le hollandais Jaap Nico Hamburger a une longue feuille de route. En plus de son travail avec les ensembles Turning Point et Caprice, entre autres, il a composé pour la chaine télévisuelle Discovery. Ayant peu ou pas entendu ses compositions, c’est avec une certaine curiosité que je découvris ce concerto pour piano interprété par le jeune pianiste israélien Assaf Weisman avec l’Orchestre Métropolitain de Montréal sous la direction de Vincent de Kort. Sans être trop moderne, puisque ce concerto évoque beaucoup Prokofiev (Les concertos pour piano et plus encore Roméo et Juliette), nous insisterons sur les climats qui oscillent entre la poésie la plus pure et une certaine « forme de violence » jamais gratuite, qui demande un engagement physique de l’Orchestre Métropolitain. Saluons, une fois de plus le travail des cordes, et du pianiste, il va sans dire. Une jolie découverte.
Emanuel Ax, Bernard Haitink, Wierner Philkarmoniker, Beethoven, Bruckner, Unitel edition, Naxos, DVD
Quand nous avons la passion du métier, tout est possible ou presque. Après soixante-cinq ans de bons et loyaux services, le chef d’orchestre maintes fois couronné Bernard Haitink prit sa retraite à l’âge de 90 ans. En 2019, il faisait ses adieux au prestigieux Festival de Salzbourg, avec comme complice, un pianiste que nous connaissons bien à Montréal : Emanuel Ax. Magnifiquement filmé, ce concert touchant avec l’Orchestre philharmonique de Vienne réunissait deux grandes œuvres : la Symphonie no 7 de Bruckner et le Concerto pour piano no 4 de Beethoven. C’est avec beaucoup d’émotion que l’on écoute ce chant d’adieu, presque comme si nous étions. Contemplatif, habité par une puissante force de conviction, le Bruckner se fait humain, avec juste ce qu’il faut de tragique. Sans être impérial, Emanuel Ax travaille la poésie pour son Beethoven. Sur les traces du redoutable Michelangeli, le classicisme est à l’honneur, et, techniquement parlant, le tout est impeccable. Un seul regret : ne pas avoir été présent dans cette salle le soir du concert.
Jean-Roger Ducasse/Patrick Hemmerlé, Barcarolle, Étude, Arabesque/Melism/Naxos
Plus ou moins oublié, le pianiste/compositeur français Jean-Roger Ducasse (1893-1954) revit sous les doigts du jeune pianiste Patrick Hemmerlé. Plus qu’un coup de cœur, une véritable passion guide l’interprète. Avec les Études et Barcarolle, nous sommes en terrain connu, puisque l’essence des compositions rappelle le génie de Rave ou Debussy. De la musique française, certes, avec des influences notoires et un petit je-ne-sais-quoi de mystérieux qui exalte, selon le pianiste « une atmosphère de crépuscule ». Pour les longues soirées d’hiver, cette véritable découverte fera bien des heureux.
Karajan spectacular, Vol 6, Beethoven/ Wagner/Berliner Philarmoniker/Philarmonia Orchestra/Idis/Naxos
Évidemment, Karajan fut un chef d’orchestre spectaculaire. Dans cette petite série qui retrace certains grands moments du chef d’orchestre, nous sommes choyés. Si l’Ouverture Egmont et Coriolan ont de quoi séduire, nous retiendrons surtout le Wagner qui sonne, vous me passerez l’expression, « comme une tonne de briques ». De l’ouverture du Vaisseau fantôme à Tannhaüser en passant par le Prélude de l’acte 1de Lohengrin, le Philharmonique de Berlin, démontre sa puissance, avec tout nuances et d’introspection. Hallucinant!
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