Il faisait un temps splendide dimanche après-midi au Festival de Lanaudière pour entendre Richard Galliano, maître de l’accordéon, avec le Quatuor Molinari et le contrebassiste Éric Lagacé.
On était fort bien, dans l’herbe avec notre chaise, avec les petits oiseaux. Cela fait partie des charmes de ce festival.
Pour le chroniqueur jazz que je suis depuis plus de trente ans, Richard Galliano est en quelque sorte devenu un « vieil ami ». Si je ne l’ai pas entendu aux cotés du regretté chanteur Claude Nougaro dont il fut le chef pendant quinze ans, j’ai par contre en mémoire sa rencontre avec le contrebassiste Ron Carter en 2019 ainsi que son hommage à Michel Legrand avec le Quatuor Molinari (FIJM, 2019) ou lors d’un salut à Édith Piaf, sans oublier son Bach à la Maison symphonique (2012) et New York Tango Trio.
Transcender les univers
De passage au Festival de Lanaudière pour cet aller-retour rapide, le maître des lieux revisitait en quelque sorte ses classiques. Le concert a été capté par ICI Musique, pour diffusion ultérieure.
Soudé au Quator Molinari (Olgar Ranzenhofer, violon, Frédéric Lambert, alto, Antoine Bareil, violon, Pierre-Alain Bouvrette, violoncelle) ainsi qu’au contrebassiste Éric Lagacé, le voyage pouvait commencer sous le ciel de Buenos Aires. Rendant hommage au grand Astor Piazzolla, certainement son influence moderne la plus importante, le tango fut à l’honneur.
Après une ouverture solide et enlevante (Habanerando), nous plongions dans deux des quatre saisons de Piazzolla : Otono Porteno et Primavera Porteno. L’alliage fut impeccable. Poussé par une magie stellaire, le Quatuor Molinari enveloppait la virtuosité poétique de l’accordéoniste qui peignait des couleurs estivales, avec juste ce qu’il fallait de tensions.
S’appropriant la partition de violon, il fit ensuite revivre, le Concerto pour violon no 1 de Bach. Là encore, tout se jouait sur une souplesse virevoltante. Faisant corps avec le Quatuor, Molinari Galliano nous offrit un espace-temps lu mieux, élégant sans esbroufe, entièrement dévoué à la musique.
Michel Legrand et le temps qui passe
Créateur de compositions impérissables, Michel Legrand (1932-2019) ne pouvait être oublié. En trois temps, l’accordéoniste fit place au cinéma avec : I Will Wait For You (Les parapluies de Cherbourg), The Windmills of Your Mind (L’affaire Thomas Crown ) et Once Upon A Time (La valse des lilas). Du travail d’orfèvre qui ne se voulait pas qu’une simple interprétation.
Avec beaucoup de tendresse, Richard Galliano transporte son auditoire dans l’univers Legrand sans une once de nostalgie. Toutes ces compositions, malgré le temps passé, respirent encore la modernité. Et coup de chapeau au contrebassiste Éric Lagacé, judicieux mélange des maîtres de cet instrument, que fut le tandem Milt Hilton/Ray Brown.
Avec Petite suite française, l’accordéoniste se fit l’écho d’un monde disparu. Celui des guinguettes et bals dansants qui enthousiasmaient les dimanches d’un autre siècle. Avec Sa petite suite française, les ombres de Marcel Azzolla, Gus Viseur et Tony Murena se profilaient. Des grands de l’accordéon, qui ont justement pavait la voie à Richard Galliano, qui ne les pas oubliés. Nous pourrions continuer à l’infini sur ce concert magique qui se conclut presque sur : Tango pour Claude, hommage comme vous l’aurez deviné au chanteur et ami de Toulouse : Claude Nougaro.
À venir au Festival de Lanaudière:
- Les Grands Ballets dansent Les quatre saisons de Vivaldi, le 21 juillet, 20 h DÉTAILS
- Le Festival au centre-ville: musique klezmer avec Oktopus, le 26 juillet, 20 h (gratuit) DÉTAILS
- La harpe reine avec Xavier de Maistre, le 2 août, 20 h, Église St-Paul DÉTAILS
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