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LISZTS | 15 opéras où l'homosexualité est présente, d'hier à aujourd'hui

Par Michel Joanny-Furtin le 6 décembre 2018

 

Hadrian, l'opéra de Rufus Wainwrith, est présenté à la Canadian Opera Company jusqu'au DATE. (Photo: Michael Cooper)
Hadrian, l’opéra de Rufus Wainwrith, (Photo: Michael Cooper)

En janvier dernier, l’Opéra de Montréal présentait Champion, une œuvre actuelle composée par le jazzman Terence Blanchard sur un livret de Michael Cristofer. Inspiré de faits réels, cet opéra traite de la vie et des démons du boxeur Emile Griffith et notamment de son homosexualité.

 

L'opéra Champion, de Terence Blanchard, sera présenté du 26 janvier au 9 février 2019. (Crédit: Ken Howard)
L’opéra Champion, de Terence Blanchard, présenté du 26 janvier au 9 février 2019. (Crédit: Ken Howard)

Voila bien un thème rare à l’opéra, diront certains. Et pourtant, le sujet est moins rare qu’on le pense, puisque toute l’histoire de l’opéra est ponctuée d’œuvres abordant, souvent sous de faux-semblants ou de façon inavouée, cette thématique. En voici quelques-uns.

Si le thème de l’homosexualité est de plus en plus fréquent dans les opéras modernes, il est surprenant de voir combien et comment les compositeurs des siècles passés ont toutefois abordé et traité le sujet. Et ce, depuis fort longtemps…

 

David et Jonathas, à la Compagnie Baroque Mont-Royal, en avril.
Dossier homosexualité à l’opéra. David et Jonathas, de Marc-Antoine Charpentier. (Tableau: Giovanni Battista Cima de Conegliano, National Gallery, Londres)

David et Jonathas de Marc-Antoine Charpentier (1688)

Cette tragédie biblique relate l’amitié de David et Jonathan dont on parle dans l’Ancien Testament avec nombre de lignes explicites sur les sentiments qui unissent les deux hommes et scellera le destin du futur roi David. Livret du  Père François de Paule Bretonneau.

Saul, de Georg Friedrich Haendel (1739)

Cet opéra, sur un livret de Charles Jennens, traite en parallèle du même sujet et des sentiments contradictoires du premier roi d’Israël à l’égard de David.

 

Tableau: La Mort de Hyacinthe, d'Alexandre Kisseliov, Musée national de Varsovie)
Dossier homosexualité à l’opéra. Tableau: La Mort de Hyacinthe, d’Alexandre Kisseliov, Musée national de Varsovie)

Apollon et Hyacinthus, de Mozart (1767)

Le premier opéra du jeune Mozart, à 11 ans ! Issue de la mythologie grecque, et relatée par Ovide dans ses Métamorphoses, l’histoire raconte les amours d’Apollon et Hyacinthe, tragiquement contrariées par la jalousie de Zéphyr. Apollon métamorphosera la mort de Hyacinthe en… jacinthe. Une autre métamorphose, celle apportée par le librettiste Rufinus Widl qui, étant prêtre, changea l’histoire pour moraliser l’œuvre…

 

Joseph Kaiser et Gordon Bintner dans les rôles de Lensky et Onéguine à la Canadian Opera Company. (Photo: Michael Cooper)
Joseph Kaiser et Gordon Bintner dans les rôles de Lensky et Onéguine à la Canadian Opera Company. (Photo: Michael Cooper)

Eugène Onéguine, de  Tchaïkovski (1879)

Librement inspiré du roman éponyme d’Alexandre Pouchkine. Les avis sur l’homosexualité, ici, sont certes partagés, car l’histoire traite en demi-teinte, voire en arrière-plan, de la relation ambigüe entre Eugène Onéguine et son ami Lenski, où les femmes sont des « objets transitionnels » de la jalousie et d’un duel amoureux. Livret de Constantin Chilovsky. Cet opéra sera présenté à l’Opéra de Montréal du 14 au 22 septembre 2019. 

 

L'acteur Terrence Stamp dans le film Billy Budd, de Peter Ustinov (1962). (Photo: Alamy)
Dossier homosexualité à l’opéra. L’acteur Terrence Stamp dans le film Billy Budd, de Peter Ustinov (1962). (Photo: Alamy)

Billy Budd, de Benjamin Britten (1951)

À bord d’un navire anglais pendant la guerre franco-britannique de 1797, le capitaine d’armes John Claggart complote contre le matelot Billy Budd, auquel pourtant il n’est pas insensible. Ici, pas de faux-semblants : l’homosexualité de John Claggart est une certitude établie par Herman Melville et plus encore chez Britten. Mais qu’en est-il des sentiments du Commandant Vere qui accepte le verdict de la condamnation de Billy Budd? La musique de Britten donne la réponse dans une scène clé de cet opéra chanté uniquement par des voix d’hommes. Livret d’ Edward Morgan Forster avec Eric Crozier, d’après une nouvelle de Herman Melville.

 

Sud, de Kenton Coe (1965)

D’après la pièce de Julien Green, ou Sud parle de l’amour gai au temps de la Guerre… de Sécession. Dans cet opéra, l’homosexualité est abordée de front pour une première fois, semble-t-il, sur une scène lyrique. À la veille de la guerre de Sécession, le lieutenant nordiste Jan Wiczewski tombe amoureux d’un jeune planteur sudiste, Erik Mac Clure. Il le provoque en duel et se laisser tuer par lui. Un récit presqu’autobiographique pour Julien Green.

 

L'acteur Nicolas Bro dans une production théâtrale de La Mort à Venise à Copenhague, en 2016. (Photo: Thomas Petri)
Dossier homosexualité à l’opéra. L’acteur Nicolas Bro dans une production théâtrale de La Mort à Venise à Copenhague, en 2016. (Photo: Thomas Petri)

Death in Venice, de Benjamin Britten (1973)

L’opéra ultime du compositeur, le plus personnel aussi, relate les derniers jours à Venise d’un romancier célèbre et solitaire et sa passion muette pour Tadzio, un homme jeune et gracile. Selon le critique musical Renaud Machart, le livret est beaucoup plus fidèle à l’original que le scénario du film de Luchino Visconti. Dansé, le rôle de Tadzio y est tout aussi muet. Et l’eau de Venise y est évoquée comme une allégorie de la mort, qui gruge les fondations, apporte le choléra, et noient les personnages dans les non-dits…Sur un livret de Myfanwy Piper, d’après la nouvelle de Thomas Mann.

 

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Harvey Milk, de Stewart Wallace (1995)

L’opéra est basé sur la vie et la mort du militant et politicien gai Harvey Milk, assassiné avec le maire de San Francisco George Moscone le 27 novembre 1978. Livret de Michael Korie.

 

Patience et Sarah, de Paula M. Kimper (1998)

Il s’agirait du premier opéra lesbien. Une cantatrice lesbienne avait confié à l’auteure qu’elle s’identifiait mal aux personnages hétérosexuels qu’elle interprétait. Wende Persons commence à écrire le livret en 1981, inspirée par la fin heureuse – un fait rare dans la littérature lesbienne – que l’auteure Isabel Miller réservait à ses personnages. Avec la bénédiction de l’écrivaine, la librettiste et sa compagne compositrice basent l’opéra sur la vie de la peintre Mary Ann Willson et de sa compagne Mlle Brundage, deux femmes du Connecticut qui décident en 1816 d’acheter une ferme de quelques acres à Greenville, dans le comté de Green, New York, pour vivre de la peinture et de leur fermage. L’œuvre traite également du rôle et des opportunités limitées des femmes en Amérique au début du XIXe siècle.  D’après le roman du même nom d’Isabel Miller.

 

Le regretté Heath Ledger, acteur de la version cinématographique de Brokeback Mountain. (Photo: Howie Berlin)
Le regretté Heath Ledger, acteur de la version cinématographique de Brokeback Mountain. (Photo: Howie Berlin)

Brokeback Mountain, de Charles Wuorinen (2014)

Après le livre, puis le film oscarisé, il ne manquait que l’opéra, « une histoire impossible, tragique, typique de l’opéra : deux personnes qui vivent une relation interdite dans leur société », résume le compositeur Charles Wuorinen. D’après le roman d’Annie Proulx.

Fellow Travelers, de Gregory Spears (2016)

L’opéra raconte la relation amoureuse complexe entre deux fonctionnaires fédéraux à l’ère du McCarthysme : Hawkins « Hawk » Fuller, responsable du département d’État, et Timothy Laughlin, assistant d’un sénateur. Surnommée « la peur lavande », cette chasse aux sorcières ciblait les gais du gouvernement des États-Unis. Gaies ou pas, 10 000 personnes en ont fait les frais, un chiffre largement supérieur aux présumés « communistes » ciblés par la commission McCarthy…Livret de Greg Pierce, inspiré du roman de Thomas Mallon.

 

Les Feluettes, de Kevin March et Michel-Marc Bouchard (2016)

Cette création de l’Opéra de Montréal était une co-production ODM/Pacific Opera Victoria, mise en scène par Serge Denoncourt, mettant en scène elle aussi une distribution exclusivement masculine menée par deux talents formés à l’Atelier lyrique de l’Opéra de Montréal, le baryton Étienne Dupuis et le ténor Jean-Michel Richer. La production a été refaite à Edmonton en 2017 (vidéo) EN SAVOIR PLUS

 

Edward II, d’Andrea Lorenzo Scartazzini (2017)

L’opéra est centré sur la relation passionnelle du souverain avec Pierre de Gaveston. Qu’elle soit psychique, physique ou politique, la violence qui traverse l’œuvre, à l’image de la fin du monarque, semble en faire une œuvre militante et d’Edward II un martyr à l’instar de saint Sébastien dans la culture gaie. Livret de Thomas Jonigk, d’après la tragédie de Christopher Marlowe.

 

Hadrian, l'opéra de Rufus Wainwrith, est présenté à la Canadian Opera Company jusqu'au DATE. (Photo: Michael Cooper)
Dossier homosexualité à l’opéra. Hadrian, l’opéra de Rufus Wainwrith, (Photo: Michael Cooper)

Hadrian, de Rufus Wainwright (2018)

Basé sur la vie d’Hadrien, empereur romain de 117 à 138, cet opéra est le plus récent de cette liste puisqu’il a été présenté à Toronto en octobre dernier ! Sur un livret de Daniel MacIvor, d’après le roman Mémoires d’ Hadrien de Marguerite Yourcenar.Hadrien fait le deuil du bel Antinoüs. Montrée et démontrée, l’homosexualité est ici le thème central de l’œuvre. Selon le compositeur, si les hommes gais sont dans le public, il y en a peu sur la scène lyrique. Cet opéra corrige un peu ce fait…LIRE NOTRE CRITIQUE DE CET OPÉRA

 

Portrait de Gertrude Stein, 1935. (Photo: Library of Congress)
Dossier homosexualité à l’opéra. Portrait de Gertrude Stein, 1935. (Photo: Carl Van Vechten, Library of Congress)

Twenty-Seven, de Rick Ian Gordon (2014)

En guise de conclusion, rappelons qu’en plus de « Champion » de Terrence Blanchard et Michael Cristofer, l’Opéra de Montréal dans le cadre de la production annuelle de son Atelier lyrique présentera aussi Twenty-Seven de Rick Ian Gordon et Royce Vavrek du 23 au 31 mars 2019. En mettant en valeur les artistes de la relève, cette œuvre recréera le fameux salon du 27, rue de Fleurus à Paris, où le couple Gertrude Stein et Alice B. Toklas, un couple lesbien qui défraya la chronique au début du 20e siècle, accueillait, leurs amis artistes de l’époque comme Fitzgerald, Hemingway, Matisse, Picasso, etc. EN SAVOIR PLUS. 

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