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CMIM 2018 | Demi-finale du volet Mélodie: des récitals très personnels

Par Michel Joanny-Furtin le 2 juin 2018

 

John Brancy. (Crédit: Tam Lan Truong)
John Brancy. (Crédit: Tam Lan Truong)

Les deux concerts de la seconde épreuve du volet Mélodie du CMIM 2018, vendredi, auront été de beaux moments lyriques intimistes. Les huit demi-finalistes ont chacun proposé un programme plus personnel, plus intériorisé parfois, montrant avec plus de détails dans leur interprétation la grande diversité de leur talent respectif. Quatre d’entre eux seront les héros vocaux de notre prochain dimanche après-midi. Les paris sont ouverts, certes, mais parlons musique d’abord…

Le jury – souverain, ne l’oublions pas, même si nous ne partageons pas toujours ses choix – a visiblement apprécié le baryton John Brancy (USA), la mezzo-soprano Carla Osowski (USA), la soprano Gemma Summerfield (UK) et le baryton Julien Van Mellaerts pour concourir lors des récitals de la finale du volet Mélodie ce dimanche dès 15h à la salle Bourgie.

Schubertien dans son style, John Brancy a su mettre de l’avant ses talents dramatiques notamment avec Sibelius. L’excellence de son articulation et de sa prononciation (et ce dans toutes les langues !), un port de voix audible jusqu’au fond de la salle, même dans les pianissimi, sa présence et son aisance scénique permettent à cet artiste de partager ses mélodies avec le public.

Clara Osowski est une concertiste convaincante par ses qualités vocales et ses interprétations de Schubert sont toujours remarquables. Elle nous a d’ailleurs gratifiés d’un magnifique Die Sterne. Mais, contrairement à ses concurrents plus amènes avec le public, elle semblait rester sur une réserve policée. On regretterait aussi son Fauré. Ah, la prononciation difficile du français lyrique…

Sur ce point, qui n’est pas une critique, Gemma Summerfield s’en est mieux sortie. Malgré une diction approximative, sa très jolie voix nous a ravis en interprétant les Cinq mélodies populaires grecques de Maurice Ravel. Elle a aussi fait montre d’expressivité et de virtuosité sur trois lieder de Korngold.

Julien Van Mellaerts est un baryton à suivre, dont la voix traverse la salle sans limites. En proposant un programme très varié, à l’image de son talent et nuancé, il a interprété des œuvres d’une facture simple en apparence – c’était loin d’être le cas ! – et pleines de musicalité comme le Mahler (Zu Strasburg aud der Schantz). Tout cela pour dire que sa technique, bien acquise, disparaît au profit d’une expression touchante grâce, aussi, à une excellente diction. Ce jeune homme a étudié les langues à l’université, cela s’entend ! Son Fauré (Nell) et son Duparc (Phydilé) auront donc ravi le public.

Des voix à suivre…

Parce qu’il n’y avait que quatre places, le jury n’aura malheureusement pas retenu les prestations de qualité de la mezzo-soprano Rihab Chaieb (Canada/Tunisie), de la soprano Axelle Fanyo (France) et de la soprano Irina Jae-Eun Park (Corée du Sud).

Rihab Chaieb avait choisi un répertoire mettant en valeur les sonorités graves comme autant de défis en soi. Son port altier, son élégance presque aristocratique (malgré une jambe sous attelles !), la sobriété de sa prestation, la qualité de son interprétation, sa manière d’entrer dans les mélodies et d’aller chercher l’émotion et en porter l’intensité dans chaque phrase musicale m’a rappelé l’approche de Maria Callas; le timbre en moins parce qu’il est différent. Toutefois, sur certaines tenues vocales, il me semblait entendre la « Divina »… Rihab Chaieb peut sans honte suivre ses pas, et on lui souhaite la meilleure des chances pour le volet Aria auquel elle participe aussi, comme John Brancy d’ailleurs.

Le programme présenté par Axelle Fanyo montrait la diversité et la polyvalence vocale de la soprano, dont les graves lui donnent accès au répertoire mezzo. Quoiqu’un peu trop en puissance dans la pièce de Brahms qui demandait peut-être un peu plus de nuances dans l’émotion, Axelle Fanyo reste une artiste complète qui sait jouer sur plusieurs registres, qu’ils soient graves, mélodiques ou légers. Selon les œuvres interprétées, elle ajuste efficacement son jeu scénique. Elle n’hésite pas à franchir les limites convenues et y entraîne avec enthousiasme le public. Le Corbeau et le Renard (Caplet) suivi de Amor (Bolcom) démontraient fort bien sa joie de partager avec lui en le regardant dans les yeux.

La voix tout en finesse, quasi délicate, d’Irina Jae-Eun Park fut bien mise en valeur par un récital original mêlant des compositeurs rares (Obradors, Ullman) et des œuvres à même d’exprimer l’intensité de son interprétation et de sa virtuosité technique. Servie par une belle présence sur scène, elle montrait au public sa joie d’être là. En parallèle, les moments fortissimo de sa prestation, à la hauteur de sa voix puissante et tirant vers le grave, démontrent qu’Irina Jae-Eun Park s’avère une très bonne interprète dramatique et romantique.

Expressions libérées

Plus détendus et rodés par la première session, les concurrents nous ont fait plaisir en se faisant plaisir. Dans le choix des œuvres, certains chanteurs se sont même risqué avec bonheur à d’autres styles ou genres de mélodies, comme le très « jazzé » Amor (Bolcom) par Axelle Fanyo ou le comique Green Eyed Dragon (Charles) par John Brancy.

Ainsi, les artistes n’ont pas hésité à jouer avec le public en proposant des récitals composés de nombreuses œuvres rares, qui mettaient de l’avant l’expressivité et les détails en filigrane des compositions. De plus, la complicité avec leurs pianistes leur permettait de prendre le temps de vivre et d’interpréter, incarner, dirais-je, les mélodies et d’offrir ainsi au public quelques instants… hors du temps.

Les paris sont ouverts…

Sur les quatre finalistes en Mélodie, on devrait retrouver John Brancy, à moins que ce ne soit au volet Aria, où il faudra toutefois compter sur la forte concurrence coréenne.

Pour les deux autres places en Mélodie, mon cœur pencherait vers Gemma Summerfield et Julien Van Mellaerts, mais Clara Ozowski a plus convaincu le jury que le public. On pourrait donc la retrouver dans le trio de tête…

Ultime rendez-vous « mélodique », la finale du volet Mélodie, dimanche 3 juin à 15h à la salle Bourgie.

 

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