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L'AVANT-CONCERT | Le Songe d'une nuit d'été: un rêve lyrique déjanté et créatif

Par Michel Joanny-Furtin le 26 février 2018

 

Oriol Thomas, Jean-François Rivest, Emmanuel Hasler et Lila Duffy. (Photo: Courtoisie de l'UdeM, Amélie Philibert).
Oriol Thomas, Jean-François Rivest, Emmanuel Hasler et Lila Duffy. (Photo: Courtoisie de l’UdeM, Amélie Philibert).

Loin de ses thèmes récurrents de l’oppression de la différence, avec A Midsummer Night’s Dream, Benjamin Britten a composé un opéra léger, accessible et vivant, digne de la magie de l’univers shakespearien. Un univers décalé et enjoué, quasi-adolescent, que l’Atelier d’opéra et l’Orchestre de l’Université de Montréal proposent, trois soirs de suite, à la salle Claude-Champagne.

Écrit en 1595, Le Songe d’une nuit d’été (A Midsummer Night’s Dream) réunit pour mieux les désunir deux couples de jeunes amants autour d’une histoire complexe dans une forêt étrange où vont s’entrecroiser le roi des elfes et la reine des fées qui se chamaillent, une troupe de comédiens amateurs qui prépare une pièce pour le mariage d’un prince, un lutin malicieux et sa potion magique pendant une nuit d’été ensorcelante et onirique.

« Souvent reprise et montée, nous avons choisi cette œuvre pour des raisons pédagogiques et pratiques », explique Jean-François Rivest, fondateur, directeur artistique et chef principal de l’Orchestre de l’Université de Montréal (OUM).

« Le français est souvent au menu de l’Atelier d’opéra de l’Université de Montréal parce que c’est l’une des spécificités de l’UdeM. Mais pour permettre la rotation des œuvres en termes de styles de musiques, de langues chantées et de pratique vocale pour nos étudiants, nous élargissons notre choix à des œuvres qui autorisent une distribution plus nombreuse. C’est le cas, entre autres, avec cet opéra de Benjamin Britten qui nous permet une double distribution sur les rôles importants. »

 

Le Songe d'une nuit d'été a été choisi pour des raisons pédagogiques et pratiques. (Photo: courtoisie de l'UdM, Amélie Philibert)
Le Songe d’une nuit d’été a été choisi pour des raisons pédagogiques et pratiques. (Photo: courtoisie de l’UdeM, Amélie Philibert)

Un chaos déjanté, sensuel, adolescent

« Le livret du Songe d’une nuit d’été colle au texte de William Shakespeare », ajoute le chef d’orchestre.

« Cette comédie fantastique, c’est presque du théâtre chanté, sans airs ni récitatifs avec un langage tributaire du 20e siècle. Chaque note est une expression de théâtre ce qui la rend par ailleurs difficile à mettre en place. Les partitions divergent et sont très changeantes selon les rôles.  – Jean-François Rivest

 

Selon le jeune metteur en scène Oriol Thomas, qui a plusieurs fois travaillé avec divers ateliers d’art lyrique d’universités en France et au Québec, le songe justifie le chaos. Un bouleversement presque adolescent.

« Un chaos délirant tout aussi déjanté que sensuel qui chante le dérèglement de la nature et des sens, commente-t-il. Dans cette œuvre, la forêt est un lieu de fuite où les personnages, englués dans la confusion des sentiments, se courent les uns après les autres dans une forêt pleine d’enchantements. La nature y est vivante, vibrante et généreuse et devient un personnage en elle-même. »

Quand les voix inspirent les costumes

« C’est par ailleurs étonnant le nombre de trouvailles qui se cachent dans cette œuvre, ajoute Jean-François Rivest. On pourrait faire un véritable bestiaire de cette immense variété de plantes et d’animaux. Les pratiques magiques des personnages sont proprement druidiques. Les fées y sont mystérieuses et la partition propose un ressenti empli d’attraction et d’érotisme… »

« Les tessitures vocales et les thèmes instrumentaux ont inspiré les costumes – Oriol Thomas.

« Ainsi, les dieux s’habillent de paillettes, un matériau à la fois aérien et scintillant pour des voix aiguës. Les artisans, quant à eux, jouent la rusticité avec des éléments comme le cuir, la terre, et ce pour des voix de basse. Les nobles chantent dans les registres traditionnels et se vêtent de couleurs franches et de confettis à même d’illustrer leurs émois hormonaux », sourit Oriol qui ajoute que « les fourrures illustreront l’image rassurante et réconfortante des parents. »

Des personnages ambigus et denses

Forte d’une licence de musicologie et d’un prix de chant en France, la soprano Lila Duffy est en seconde année de maîtrise d’interprétation à l’UdeM. Elle interprète le rôle de la reine Tytania dans cette production.

« Chanter ce rôle demande une autre approche qu’une soprano colorature pourrait le faire des œuvres du 19e siècle. Et c’est un défi de maintenir l’homogénéité de l’anglais shakespearien », commente-t-elle. De plus, ce personnage porte une forme de fierté et de colère, mais elle porte aussi en elle beaucoup de douceur. Dans cette œuvre et dans ce rôle, il n’y a rien de trivial, mais on y trouve beaucoup de poésie… »

« On est entre le rêve et la réalité en permanence et aucun rôle n’est secondaire », intervient Emmanuel Hasler. Originaire de France, le ténor est en première année de maîtrise et chante la partition de l’amoureux Lysander.

« Tous les personnages sont importants et les liens entre eux sont tissés serré, dit-il. Ils traversent ainsi un passage initiatique transmis par la musique, et vivent une très large palette d’émotions. Bien qu’ils soient ambigus et denses, tous ces personnages ont un supplément d’âme; le défi est de les rendre attachants… »

 

Les étudiants de la Faculté de musique de l'UdM en répétition pour le Songe d'une nuit d'été. (Photo: Courtoisie UdM-Amélie Philibert)
Les étudiants de la Faculté de musique de l’UdM en répétition pour le Songe d’une nuit d’été, production qui a recours à un dispositif scénique sur deux niveaux. (Photo: Courtoisie UdeM-Amélie Philibert)

Un dispositif scénique sur deux niveaux

« Nous sommes en train d’apprivoiser cet espace réparti sur deux niveaux puisqu’il n’y a pas de fosse d’orchestre », expliquent le chef et le metteur en scène. « On en a donc construit une, en quelque sorte, avec un décor, au-dessus et autour de l’orchestre, fait d’échafaudages, de praticables et d’escaliers. Un dispositif scénique qui a déjà fait ses preuves dans de précédentes productions depuis plusieurs années. »

« Le songe d’une nuit d’été » de Benjamin Britten d’après William Shakespeare, mis en scène par Oriol Thomas et interprété par l’Atelier d’opéra et l’Orchestre de l’Université de Montréal sous la direction de Jean-François Rivest est présenté salle Claude-Champagne, les 1er, 2 et 3 février à 19h30.

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