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CRITIQUE | Lucia di Lammermoor: une production "folle" de talent

Par Michel Joanny-Furtin le 27 janvier 2018

Gina Hanzlik, soprano, dans Lucia di Lammermoor à Opéra McGill. (Crédit: Brent Callis)
Gina Hanzlik, soprano, dans Lucia di Lammermoor à Opéra McGill. (Crédit: Brent Callis)

La folie de Lucia di Lammermoor résonne entre les murs du Monument-National les trois soirs de cette fin de semaine. Opéra McGill a relevé avec talent le défi que représente ce mastodonte du répertoire lyrique en proposant une production vraie, digne et plus qu’honorable. Avec, en prime, des voix remarquables !

Certes, une première « essuie les plâtres » et certains ajustements sont toujours à faire. Dire qu’il s’agit d’une production étudiante serait toutefois facile, voire réducteur, car la jeune troupe d’Opéra McGill nous propose ici tout un spectacle, digne d’une tournée.

N’oublions pas que ces trois représentations (avec deux distributions et trois soprano dans le rôle de Lucia) font partie des épreuves imposées à des étudiants qui se partagent la distribution pour l’obtention de leur diplôme. De plus, unique occasion de chanter leur rôle, cette étape est donc importante et cible la perfection. La prestation d’hier soir s’approche sans peine du cœur de la cible… en touchant le nôtre en plein dans le mille !

 

Gina Hanzlik, soprano, dans Lucia di Lammermoor à Opéra McGill. (Crédit: Brent Callis)
Gina Hanzlik, soprano, dans Lucia di Lammermoor à Opéra McGill. (Crédit: Brent Callis)

Talents à suivre…

Remarquable, pour ne pas dire incroyable, Gina Hanzlik, soprano : le défi de l’aria de la folie se révèle être un morceau de bravoure avec une voix à la fois brillante de technique et profonde en expressivité. Son jeu démontrait fort bien l’injonction paradoxale que traverse Lucia entre la passion et le devoir, et qui la mènera à la folie. Un talent ovationné par le public de cette première, vendredi soir.

Le ténor Marcel d’Entremont (Edgardo) n’est pas en reste avec une voix puissante et claire qui semble sans limites et mérite aussi un grand intérêt. Son jeu et sa présence sur scène ajoutent à la qualité de sa prestation. On a déjà hâte d’entendre ces deux-là sur d’autres scènes…

Le baryton Bryan de Parsia chantait le rôle d’Enrico. Sa voix très expressive servait la dimension psychologique et les atermoiements du rôle. Le fait qu’il remplaçait au pied levé son camarade Jonah Spungin, souffrant, aura un peu freiné le jeu dramatique de son talent vocal alors qu’il devait trouver ses marques en suivant avec rigueur les indications du chef d’orchestre Stephen Hargreaves. Nos respects pour un talent à surveiller…

Dans le même sens, j’ajouterais la prestation sensible et touchante, mais trop brève, d’Amelia Lubrano (la servante Alisa). On notera également l’excellente qualité vocale du baryton-basse Jean-Philippe Mc Clish (le chapelain Raimondo). Celle aussi du ténor Sébastien Comtois (Arturo, l’époux assassiné). Tout chanteur chauffe la puissance de sa voix lors des premières scènes. Or, le personnage d’Arturo ne commence sa prestation qu’à la fin du deuxième acte quand tous ses partenaires, chœur compris, ont déjà pris toute leur aisance vocale. Un défi que relève avec aisance Sébastien Comtois, rejoignant en quelques mesures le haut vol groupé de ses camarades.

 

Les costumes de Ginette Grenier servent à merveille la reconstitution historique choisie par le metteur en scène. (Crédit: Brent Callis)
Les costumes de Ginette Grenier servent à merveille la reconstitution historique choisie par le metteur en scène. (Crédit: Brent Callis)

Une production digne de plus grandes salles

Soutenus par les éclairages efficients de Serge Filiatrault, les décors géométriques et stylisés à plusieurs niveaux de Vincent Lefèvre permettent la réverbération des voix vers la salle, donnant ainsi toute la puissance sonore et visuelle du drame qui se joue sous nos yeux.

Enfin, la mise en scène reconnaissable de Patrick Hansen fait la place belle aux déplacements du chœur et à sa mise en espace. Tout un travail de coordination qui sert plutôt bien les péripéties de l’histoire. Un chœur par ailleurs fort bien équilibré mêlant les voix féminines et masculines dans le respect des indications de la partition. Un des avantages de jouer dans une petite salle où la puissance ne prime pas sur l’expressivité.

Quelques bémols, mais…

Quelques bémols toutefois, mais rien de méchant qui ne soit corrigible. Si les costumes de Ginette Grenier servent à merveille la reconstitution historique choisie par le metteur en scène, je reste dubitatif quant au costume, un peu confus, selon moi, du chapelain. Et le format un peu excessif de certaines épées m’aura un peu dérangé, mais après tout, à l’opéra, on trucide avec ce que l’on a…

 

Trois sopranos incarnent Lucia, dans une production avec deux distributions d'étudiants de l'Université McGill. (Crédit: Brent Callis)
Trois sopranos incarnent Lucia, dans une production avec deux distributions d’étudiants de l’Université McGill. (Crédit: Brent Callis)

Soutenant l’aspect inéluctable de l’œuvre, le personnage muet qu’est l’Apparition est une bonne idée, mais sous-employée à mon goût. On notera également quelques manques dans le jeu des comédiens chanteurs, mais principalement au début, que l’on mettra sur le compte d’une première prestation collective pour un groupe de jeunes gens.

En effet, quand s’ouvre le rideau d’une première scène, ressentir la présence physique d’une salle pleine à craquer comme l’était le Monument-National ce vendredi soir reste toujours un moment à la fois impressionnant… et magique ! En contrepartie, l’aspect un peu « brut de décoffrage » offre au public une fraîcheur souvent rare au théâtre. Bref, un spectacle à voir avec bonheur.

Lucia di Lammermoor » de Gaetano Donizetti. Une production d’Opéra McGill au Monument-National. Samedi 27 janvier à 19h30 et dimanche 28 janvier à 14h

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