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CRITIQUE | Les Violons du Roy : l’art du classicisme

Par Jeanne Hourez le 20 janvier 2018

Kristian Bezuidenhout, soliste invité des Violons du Roy cette semaine. (Crédit: Marco Borggreve))
Kristian Bezuidenhout, soliste invité des Violons du Roy cette semaine. (Crédit: Marco Borggreve)

De retour sur la scène montréalaise après quelques semaines, les Violons du Roy ont pris possession de la Salle Bourgie pour un concert autour de Mozart et quelques-uns de ses contemporains devant un public conquis et attentif.

L’invité, le pianiste sud-africain Kristian Bezuidenhout, que l’on a déjà pu entendre il y a quelques années au Festival Bach de Montréal, a interprété deux concertos du génie classique, les n°14 et 18.

Une belle découverte

Les Violons du Roy sont reconnus pour leur excellence dans la sphère classique et hier encore, ils n’ont pas dérogé à la règle : toujours pleins de dynamisme et de complicité. La Salle Bourgie a fait vibrer les résonnances des instruments dès les premières mesures de la Symphonie n°1 de Christoph Ernst Friedrich Weyse, un compositeur qui semble oublié de nos jours, mais qui fut l’un des plus importants, à son époque. Et l’on comprend aisément pourquoi, tant sa symphonie est déjà aboutie dans sa construction et dans les lignes mélodiques, alors qu’il s’agit pourtant d’une œuvre de jeunesse. L’œuvre de Weyse, en quatre mouvements, s’inscrit réellement dans une pensée musicale à la frontière de Mozart et Haydn en empruntant au premier les virages harmoniques surprenants et au deuxième l’élégance et l’humour qui lui sont propres. En outre, Weyse traite l’orchestre différemment puisqu’ici, les vents ne sont pas relégués au second plan, mais agissent comme de véritables solistes, souvent en dialogue avec les pupitres des cordes.

Cette belle découverte fut remarquablement interprétée par les Violons du Roy, visiblement très enthousiastes. Menés par leur nouveau chef, Jonathan Cohen, ils déroulent la pièce avec une pulsation vivante et souple, une élégance assumée et pas trop délicate. Pour le confort d’écoute, on aurait peut-être souhaité un violoncelle de plus afin que ces derniers n’aient pas à surjouer par rapport aux violons lors des moments où ils s’alternaient.

Haydn animé

La Symphonie n°80 de Joseph Haydn fut également une grande réussite. La polyphonie, sans arrêt renouvelée dans son traitement, ainsi qu’un souffle vivant, constamment régénéré, mais jamais précipité, permettaient à l’auditeur de ne jamais s’ennuyer. Encore une fois, Haydn déjoue l’attente des spectateurs en parsemant sa partition de silences déroutants. Jonathan Cohen et son orchestre ont pris le parti de les laisser vibrer, nous plongeant plutôt dans un esprit de musique de chambre très appréciable. On a pu remarquer, là encore, à quel point les instrumentistes des Violons du Roy sont attentifs les uns aux autres et se regardent très souvent pour jouer ensemble. C’est tout particulièrement nécessaire chez Haydn qui peut rapidement devenir ennuyeux si les inflexions dans les lignes phrastiques sont trop convenues.

Mozart en demi-teinte

Pour compléter ce programme, le pianiste Kristian Bezuidenhout, également réputé comme claveciniste et pianofortiste, nous a proposé deux concertos de Mozart.

D’emblée, on se rend compte qu’il y a un souci relatif à la puissance du piano de la salle, tellement étouffé qu’il nous donne l’impression d’être sous l’emprise de la sourdine d’un bout à l’autre. Cela nuit à l’écoute des deux pièces, puisque nous devons souvent tendre l’oreille pour distinguer l’instrument qui se noie dans l’orchestre, pourtant pas écrasant. Le toucher et le jeu de Bezuidenhout sont doux et délicats, avec une belle palette sonore dans les nuances piano. Néanmoins, sa subtilité lui fait un peu défaut car il n’assume pas son rôle de soliste dans une salle qui dépasse la taille du salon.

Une autre remarque pourrait être faite concernant la pulsation s’effritant souvent lors de passages rapides, parfois noyés dans la pédale, alors qu’il aurait plutôt fallu prendre le temps de dicter les notes clairement, sans les précipiter. Malgré de très bonnes idées, Kristian Bezuidenhout n’apporte pas de grandes nouveautés interprétatives et se plaît à endosser un esprit très classique, sans fioriture, et probablement pas assez créatif.

Une belle soirée, tout de même, avec un ensemble orchestral toujours plus convaincant et qui mérite entièrement sa place de chef de file dans le paysage des spécialistes de la musique de l’époque classique.

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