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CRITIQUE | Documentaire sympathique sur la première contrebassiste du NY Phil

Par Béatrice Cadrin le 16 janvier 2025

Scène du film The Only Girl in the Orchestra de Molly O'Brien (site web du film)
Scène du film The Only Girl in the Orchestra de Molly O’Brien (site web du film)

En 2024, alors que le New York Philharmonic défrayait les manchettes pour son traitement cavalier de deux femmes membres de l’orchestre tentant d’obtenir justice dans une sordide affaire d’agression sexuelle, suscitant des questionnements sur la culture régnant au sein de l’ensemble, le documentaire The Only Girl in the Orchestra (La seule fille de l’orchestre), qui prend pour sujet Orin O’Brien, la première contrebassiste et première femme à occuper un poste à temps plein au sein de ce même orchestre, faisait le tour des festivals. Le documentaire est disponible (en anglais avec sous-titres) sur Netflix depuis le 4 décembre 2024.

La réalisatrice Molly O’Brien, la nièce d’Orin, a tenté de convaincre sa tante pendant une dizaine d’années de lui permettre de tourner un documentaire sur elle. D’entrée de jeu, la voix hors-champ de Molly annonce qu’Orin est l’adulte pour qui elle a ressenti la plus grande admiration tout au long de sa vie. Le portrait sympathique dressé au cours des 35 minutes du film nous rallie rapidement à son point de vue, nous faisant découvrir une artiste humble, entièrement dévouée à son art et à la transmission de celui-ci, que ce soit en tant que musicienne sur scène avec l’orchestre ou dans ses activités d’enseignement. Il est clair que ses collègues et ses élèves sont très attaché·e·s à cette grande dame.

O’Brien a intégré le New York Philharmonic en 1966, alors que Leonard Bernstein en était le directeur musical, et a pris sa retraite en 2021, à l’âge de 87 ans, au terme de 55 saisons. Une scène du documentaire s’attarde aux articles et au battage publicitaire qui ont entouré son arrivée au sein de l’orchestre. Alors qu’une amie d’Orin lit à voix haute certaines des platitudes sexistes des documents de l’époque, celle-ci s’insurge, « Nulle part ils n’ont fait mention de mes dix années comme pigiste, de mon temps au New York City Ballet ou de tous les enregistrements que j’ai faits, juste « elle est mignonne et les hommes se battent pour transporter ses valises » – ils n’ont jamais transporté mes valises, ils devaient déjà transporter leur propre instrument! »

S’il est clair qu’O’Brien et sa carrière remarquable forment un sujet en or pour un documentaire, le film a le mérite de traiter non seulement la personne, mais également le monde orchestral, avec l’admiration et le respect nés d’une réelle familiarité, réussissant à éviter le piège de la vénération exagérée et distanciée. En faisant entrer le public dans les derniers moments de vie professionnelle de cette musicienne chevronnée, c’est la vie quotidienne des instrumentistes d’orchestre en général qui est dévoilée, à partir de cet exemple certes remarquable.

L’emploi d’extraits de compositions de musique classique en guise de trame sonore est, pour une fois, naturel et à la hauteur du sujet. Le film ouvre avec les premières notes de la Deuxième symphonie de Mahler et tout au long, additionnellement aux scènes de répétition qui fournissent pour ainsi dire leur propre trame sonore, des pièces classiques connues ont été arrangées pour ensemble de contrebasses.

Court et facilement absorbé, le documentaire laisse au spectateur le soin de combler certains détails : on s’étonne par exemple de l’absence d’hommage de la part de l’orchestre pour souligner son départ à la retraite (bien qu’on assiste à un rassemblement informel d’élèves et d’ancien·ne·s élèves). En fait, c’est en écoutant une entrevue (en anglais) que j’ai pu comprendre qu’O’Brien n’est pas retournée à l’orchestre lors de la reprise des activités après la pandémie, et qu’en fait ni elle ni l’orchestre n’étaient conscients qu’elle venait de jouer son dernier concert lorsque les salles ont fermé. D’autre part, des scènes de répétition d’un petit ensemble de contrebasses nous sont présentées, dont on ne saisit pas tout à fait le contexte : j’ai eu l’impression qu’un « faux » concert avait été organisé pour les besoins de la mise en scène.

N’empêche, The Only Girl in the Orchestra dresse un portrait réussi d’une femme à la réputation brillante dans le monde des contrebassistes, mais dont le nom restait inconnu au-delà de ce cercle restreint.

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Béatrice Cadrin
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