La remise des prix Juno avait lieu en fin de semaine, les prix des catégories en musique classique ayant été remis samedi lors de la portion non télévisée de l’événement. Avec une forte représentation québécoise parmi les nominations, il n’est pas surprenant que cela se transforme en plusieurs victoires.
ALBUM CLASSIQUE DE L’ANNÉE, GRANDS ENSEMBLES : Orchestre classique de Montréal, direction : Jacques Lacombe | Maxime Goulet : Symphonie de la tempête de verglas
Belle distinction pour la première symphonie de Maxime Goulet! En 2020, au moment de l’initiation de la commande conjointe de cinq orchestres (OCM, Laval, Sherbrooke, Trois-Rivières, Houston), le compositeur nous expliquait le concept au coeur de cette symphonie : « Je venais de terminer mon opéra, The Flight of the Hummingbird, qui traite aussi d’environnement, et je voulais faire quelque chose de différent. J’ai eu l’idée de m’inspirer de la tempête de verglas, car c’est un événement qui nous a démontré à quel point nous sommes dépendants de notre environnement et de l’électricité, maintenant plus que jamais, et que si notre environnement chavire, on risque de chavirer avec. C’est une métaphore intéressante à exploiter en musique »
Caroline Rodgers en avait loué en ces termes la première intégrale en juin 2023 : « À travers quatre mouvements intitulés Tourmente, Chaleur, Noirceur et Lumière, Maxime Goulet raconte cette histoire avec intelligence et sensibilité. Il s’est surpassé. Non seulement la Symphonie de la tempête de verglas est-elle intéressante à écouter, mais elle nous ressemble, à nous, les Québécois. »
ALBUM CLASSIQUE DE L’ANNÉE – PETITS ENSEMBLES : Constantinople | Il Ponte di Leonardo
Fondé à Montréal en 2001, le groupe Constantinople se produit au Québec, au Canada et à travers le monde. Le très beau concert Il Ponte di Leonardo, dont l’enregistrement fait l’objet de ce prix, a été présenté entre autres à la Salle Bourgie et au Festival de Lanaudière l’été dernier. La prémisse du concert repose sur la conception d’un pont que Leonard da Vinci aurait voulu construire à Istanbul et qui aurait été, à l’époque, le plus grand pont du monde. Cette idée d’un pont entre Orient et Occident permet au groupe constitué de Kiya Tabassian (setar), Didem Basar (kanun), Patrick Graham et Tanya LaPerrière (violon baroque et viole d’amour) d’explorer des musiques de plusieurs cultures avec la complicité du ténor Marco Beasley.
ALBUM CLASSIQUE DE L’ANNÉE – SOLO : James Ehnes | Nielsen : Violin Concerto, Symphony No. 4
Le violoniste canadien James Ehnes a devancé Marc-André Hamelin, Barbara Hannigan, Suzie Leblanc et Matt Haimowitz en se voyant attribuer le prix pour l’Album classique de l’année dans la catégorie soliste. Pour son interprétation du Concerto pour violon du compositeur danois Carl Nielsen, il est accompagné par l’Orchestre philharmonique de Bergen et Edward Gardner.
COMPOSITION CLASSIQUE DE L’ANNÉE : Nicole Lizée | Don’t Throw Your Head in Your Hands
La compositrice Nicole Lizée, originaire de Saskatchewan et installée à Montréal depuis ses études de maîtrise en composition à l’université McGill, est fascinée par les technologies du monde musical et audiovisuel. Dans Don’t Throw Your Head in Your Hands, un violon solo dialogue avec une trame de voix fantômatiques tirées de bandes karaokes. Lizée explique, « Je suis attirée par le fait de placer des ‘choses’ (sons, machines, esthétiques, iconographie) dans des environnements qui ne correspondent par à leur habitat naturel. De plus, si ces sonorités, machines ou idées sont considérées obsolètes ou ont été oubliées, cela leur donne un caractère encore plus sinistre. Ce sont des fantômes. Elles appartenaient d’abord à un autre environnement, mais ont été abandonnées ou remplacées, et sont maintenant recontextualisées dans un environnement de musique de concert. » (traduit à partir de ses notes pour son album Describe Yourself)
ALBUM FRANCOPHONE DE L’ANNÉE : Les Cowboys Fringants avec l’Orchestre symphonique de Montréal
Comment oublier la fois où la voix touchante de Karl Tremblay s’était jointe à celle de Karina Gauvin, accompagnées par l’Orchestre symphonique de Montréal sous la direction de Simon Leclerc et bien sûr tous les autres membres des Cowboys fringants. La rencontre de deux mondes bien différents dont l’empreinte respective sur la culture québécoise ne se démentira jamais.
GRAPHISME D’ALBUM DE L’ANNÉE : Album RIOPELLE SYMPHONIQUE
Une autre icône de la culture au Québec, le grand peintre Riopelle, a prêté ses couleurs à la magnifique couverture de l’album RIOPELLE SYMPHONIQUE qui a valu le prix à l’équipe composée de Nicolas Lemieux (directeur artistique), Mykaël Nelson (concepteur et illustrateur) et Albert Zablit (photographe).
Annonce de fonds supplémentaires
Au cours de la cérémonie télévisée sur les ondes de CBC, Pascale St-Onge, ministre du Patrimoine canadien, a annoncé le renouvellement et l’augmentation du financement destiné au Fonds de la musique du Canada pour soutenir le secteur canadien de la musique et continuer à favoriser la réussite des artistes canadiens au pays et à l’étranger. La somme de 32 M $ sur deux ans sera allouée au Fonds de la musique du Canada et gérée par Fondation Musicaction pour le marché francophone et par la Foundation Assisting Canadian Talent on Recordings (FACTOR) pour le marché anglophone. Le Fonds de la musique du Canada soutien environ 5 000 projets par année, tous styles de musique confondus.
Merci à Anya Wassenberg pour la recherche de vidéos.
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