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CRITIQUE | Quatuor Dover à Bourgie: la musique pour sa valeur intrinsèque

Par Caroline Rodgers le 28 septembre 2023

Le Quatuor Dover ouvrait la saison 23-24 de la Salle Bourgie, le 27 septembre 2023. (Photo: Frédéric Faddoul)
Le Quatuor Dover ouvrait la saison 23-24 de la Salle Bourgie, le 27 septembre 2023. (Photo: Frédéric Faddoul)

Mercredi soir, 27 septembre, la Salle Bourgie inaugurait sa saison 2023-2024 avec le Quatuor Dover, qui a offert au public une prestation d’un niveau musical exceptionnel. 

Il s’agit de la première saison concoctée par le tandem formé par Caroline Louis et Olivier Godin dans leurs nouvelles fonctions respectives de directrice générale et de directeur artistique.

Ils nous adressent un bref mot de bienvenue, et font place aux membres du quatuor: Joel Link (violon), Bryan Lee (violon), Julianne Lee (alto) et Camden Shaw (violoncelle). Américain, l’ensemble est en résidence à l’Institut Curtis [Curtis Institute of Music].

Le programme, très contrasté, comprend le Quatuor op. 74 no 3 en sol mineur « Cavalier » de Haydn, le Quatuor no 1 en sol majeur de Florence Price, et le Quatuor no 9 en mi bémol majeur de Chostakovitch, joués dans cet ordre.

Dès les premières mesures du Haydn on entend l’intonation parfaite des musiciens et on perçoit leur compréhension mutuelle. Tout est équilibré, intelligent, dans le style. La sonorité se fait moelleuse au deuxième mouvement (Largo assai) et le mouvement final, mené par l’excellent Joel Link, brillant et articulé.

Florence Price

Quand l’Orchestre Métropolitain nous a présenté la Symphonie no 1 de Florence Price, en 2021, j’avais trouvé des qualités à l’œuvre, tout en constatant que le développement du premier mouvement finissait par tourner en rond.

Assez court, ce premier quatuor, sans doute composé avant (il date de 1929 et la symphonie date de 1932 mais la composition de celle-ci pourrait avoir été commencée avant, ou écrite en parallèle) me semble mieux réussi dans sa forme et dépourvu d’égarements, bien qu’il ne comporte que deux mouvements.

Lyrique, fluide et élégant, le premier mouvement nous fait entendre des contrechants élaborés et de belles harmonies. Le second mouvement, dont les mélodies évoquent des spirituals, avec un passage central plus théâtral axé sur l’utilisation du pizzicato, est tout aussi agréable à l’écoute. Bref, je préfère le premier quatuor de Price à sa première symphonie, et l’interprétation parfaite du Quatuor Dover y est clairement pour quelque chose.

Chostakovitch

Après l’entracte, avec Chostakovitch, on entre dans un tout autre univers.

Les cinq mouvements du Quatuor no 9, qui s’enchaînent sans pauses (coupant ainsi l’herbe sous le pied aux quelques fâcheux qui tiennent absolument à applaudir à la moindre seconde de silence) sont comme un récit ou le sombre portrait de la vie intérieure d’un homme tourmenté par les soucis et les inquiétudes.

D’une âpreté sans compromis, l’œuvre témoigne d’une créativité canalisée par l’urgence de s’exprimer. Une écoute exigeante mais ô combien satisfaisante, rendue encore plus substantielle par l’interprétation exemplaire du Quatuor Dover, qui relève brillamment les nombreux défis que pose la pièce, que ceux-ci soient techniques, rythmiques ou musicaux. L’art de l’interprétation que démontre le quatuor est comme un bain d’intelligence.

Un mot sur les notes de programme, signées Jean-Frédéric Hénault-Rondeau (que je ne connais pas): belle plume et excellent travail.

Ce premier concert de la saison donne le ton: à la Salle Bourgie, ce qui compte avant tout, c’est la musique. Cette affirmation semble bien sûr tautologique puisqu’on parle ici d’une salle de concert, mais en l’énonçant je veux faire référence à tous ces éléments extra-musicaux qui prennent de plus en plus de place dans nos événements classiques : les images, les discours, la technologie, le multimédia, et tutti quanti. Comme s’il fallait absolument ajouter du sucre pour faire passer la pilule et vendre des billets.

Notre époque de bruit, de distractions et d’influenceurs ridicules semble nous le faire oublier: la musique se suffit à elle-même et peut très bien se passer d’accessoires. Au contraire, les concerts qui s’appuient uniquement sur la valeur intrinsèque de l’expérience musicale ont plus que jamais une place pertinente en cette époque de fou.

Prochainement à la Salle Bourgie

Si vous avez aimé cette soirée ou que vous l’avez ratée, d’autres récitals de musique de chambre sont au calendrier des prochains mois à la Salle Bourgie. En voici quelques-uns:

  • Trio Nakariakov-Kashimoto-Meerovitch, le 16 octobre, 19 h 30 DÉTAILS
  • Clavecin en concert: Mozart, de la joie à la tristtesse, le 22 octobre, 14 h 30 DÉTAILS
  • Quatuor Cobalt: la composition au féminin, le 8 novembre, 19 h 30 DÉTAILS

 

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