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CRITIQUE | Orchestre Métropolitain: Bruce Liu et Rachmaninov volent la vedette

Par Caroline Rodgers le 17 septembre 2023

Critique du concert de l’OM du 16 septembre 2023, Maison symphonique

Le pianiste montréalais Bruce Liu était soliste invité de l'Orchestre Métropolitain, le 16 septembre 2023. (Photo: François Goupil)
Le pianiste montréalais Bruce Liu était soliste invité de l’Orchestre Métropolitain, le 16 septembre 2023. (Photo: François Goupil)

L’Orchestre Métropolitain lançait sa saison 2023-2024 samedi soir à la Maison symphonique avec deux invités : la compositrice et violoncelliste Cris Derksen et le pianiste montréalais Bruce Liu, sous la direction de Yannick Nézet-Séguin. 

Pour ce premier concert, la salle est bien remplie, voire « archi-complète », souligne dans son mot de bienvenue Fabienne Voisin, PDG de l’OM. Yannick Nézet-Séguin lui succède au micro en y allant d’une explication sur Controlled Burn, l’œuvre de Cris Derksen que nous allons entendre, et les liens de celle-ci avec la pratique ancestrale des brûlages contrôlés ainsi que leur valeur dans la prévention des feux de forêts. Un sujet on ne peut plus d’actualité.

Cris Derksen est une compositrice et violoncelliste crie d’Alberta. En l’invitant, l’OM inaugure sa saison pour la troisième année d’affilée avec une artiste autochtone. En 2021, nous avions eu Eko-Bmijwang (Aussi longtemps que la rivière coule) de Barbara Assiginaak, et en 2022, l’autrice-compositrice-interprète inuk Elisapie Isaac, et Sylvia Cloutier étaient venues chanter Nunami Nipiit (Échos de la terre) dans une orchestration de François Vallières.

 

On a pu entendre la pièce Controlled Burn, de la compositrice et violoncelliste crie Cris Derksen en ouverture de saison de l'Orchestre Métropolitain. (Photo: François Goupil)
On a pu entendre la pièce Controlled Burn, de la compositrice et violoncelliste crie Cris Derksen en ouverture de saison de l’Orchestre Métropolitain. (Photo: François Goupil)

Cris Derksen prend place sur scène avec son violoncelle « électrique » amplifié et doté de diverses pédales à effets (boucles, échos). Sa pièce commence sur un ton dynamique et s’avère tonale, très rythmée, martiale par moments, avec une section plus lyrique au centre. Cette partie évoque sans doute  le rôle plus bienveillant du feu, celui de nous réchauffer, que Yannick a évoqué dans son introduction.

Sous bien des aspects, notamment ses mélodies, son usage des percussions et son esprit généralement épique, la pièce de Cris Derksen nous rappelle fortement la musique des jeux vidéo de type « quête », ce qui n’est pas étonnant, compte tenu de son thème. Elle sera chaleureusement applaudie.

 

Bruce Liu dans le Concerto no 2 de Rachmaninov, le 16 septembre 2023 à la Maison symphonique. (Photo: François Goupil)
Bruce Liu dans le Concerto no 2 de Rachmaninov, le 16 septembre 2023 à la Maison symphonique. (Photo: François Goupil)

Bruce Liu

À n’en pas douter, la présence de Bruce Liu a fortement contribué à cette salle « archi-complète » et on ne sera pas déçus.

Le pianiste lauréat du Concours Chopin 2021 nous offre un Concerto no 2 de Rachmaninov avec des tempi plutôt lents, prenant le temps d’élaborer chaque phrase et de doser ses nuances à la perfection. Des légères fluctuations de tempo sont perceptibles au second mouvement, mais il n’est pas le premier ni le dernier à se le permettre.

Parmi les nombreuses qualités du jeu de Bruce Liu, on apprécie sa capacité remarquable à transmettre l’esprit et le style des œuvres et des compositeurs, qu’il s’agisse de Bach ou de Rachmaninov, en nous faisant sentir un apport artistique personnel qui touche et captive, mais sans chercher à épater la galerie.

Respectant à la fois le public et les œuvres, le pianiste dégage cette forme de charisme discret qui ne sombre jamais dans le spectacle avec des gestes ou des mimiques inutiles. Tout n’est que grande classe, bon goût et surtout, musicalité. En cette ère de superficialité, les artistes qui, comme lui, sont capables à la fois de profondeur et d’humilité nous apportent encore plus que l’art: ils nous apportent une forme d’apaisement.

Chaudement applaudi, il reviendra pour un rappel avec le Prélude en si mineur de Jean-Sébastien Bach dans l’arrangement d’Alexandre Siloti, joué avec une merveilleuse fluidité.

 

L'Orchestre Métropolitain lançait sa saison avec le concert Rencontre au sommet, le 16 septembre 2023 à la Maison symphonique (Photo: François Goupil)
L’Orchestre Métropolitain lançait sa saison avec le concert Rencontre au sommet, le 16 septembre 2023 à la Maison symphonique (Photo: François Goupil)

Sibelius

En seconde partie, l’OM présentait la Symphonie no 2 de Sibelius, enregistrée en concert par ATMA Classique pour un nouveau disque de cette intégrale des symphonies du compositeur entreprise il y a quelques années.

On demande donc au public de se faire le plus discret possible, mais il se trouve malheureusement toujours quelques tousseurs de service et quelques excités qui ressentent un besoin irrépressible d’applaudir entre les mouvements (et qui n’ont sans doute pas écouté la consigne).

D’emblée, la sonorité de l’OM est chaleureuse et nourrie, il est clair que l’orchestre est fin prêt pour cet enregistrement. Les cors et les trombones sonnent magnifiquement et tout est en place. Je me surprends toutefois à décrocher vers le milieu de la symphonie.

Même si tout est là, j’ai la sensation d’un manque de souffle et d’inspiration.

 

Le magazine Métropolitain, volume 1. (Crédit photo: Caroline Rodgers)
Le magazine Métropolitain, volume 1. (Crédit photo: Caroline Rodgers)

Le magazine Métropolitain

L’Orchestre Métropolitain démontre cette année une volonté de déployer un marketing plus sophistiqué qu’à l’habitude à l’aide de divers outils. On a notamment lancé un test de « personnalité symphonique » dont je vous ai parlé dans ce billet. 

Dans cette veine, au lieu de donner des programmes de concert ordinaires aux spectateurs, on a donc décidé de faire un magazine de 46 pages offert gratuitement aux abonnés de l’OM et vendu aux autres spectateurs pour la somme de 10 $. Précisons que les profits de cette opération seront versés aux activités éducatives et culturelles de l’OM.

Puisque l’écriture et l’édition de publications sont mon métier depuis bientôt vingt ans, je me permets d’élaborer sur cette initiative. Premièrement, je salue ce projet qui vise sans doute à bien communiquer sur la musique et à prolonger le lien de l’OM avec son public au-delà du concert et du disque. C’est un effort louable.

Parlons maintenant du contenu. En plus des textes habituels sur les œuvres qui seront au programme d’ici la fin décembre et les biographies d’artistes, on y trouve, entre autres, une entrevue avec Yannick Nézet-Séguin, une autre avec Yukari Cousineau, une présentation des percussions illustrée par Audrey Gauthier, un article sur le film Opus 28, de la réalisatrice Sofia Bohdanowicz, des suggestions de lecture en lien avec les concerts de l’OM faites par la librairie Gallimard, et même des mots croisés.

À part la page « Édito », signée par Yannick et Fabienne Voisin, les auteurs des articles et des programmes ne sont pas clairement identifiés. Les encadrés « Le concert en un coup d’oeil » sont signés par Benjamin Goron, chef de la programmation de l’OM, mais est-il à lui seul l’auteur de tous les textes? Comme son nom ne figure que dans les encadrés, ce n’est pas clair. Que voulez-vous: nous vivons à l’époque formidable du marketing de contenu, où l’on peut créer et proposer au public une publication faite entièrement sans journalistes, et appeler cela un magazine.

Parlons maintenant du contenant. Bien propre et tout à fait lisible, le « magazine » offre une facture qui colle à l’identité visuelle de l’OM dans ses diverses déclinaisons. Bref, cela fait très institutionnel.

Tant qu’à être dans une volonté d’innover, on aurait pu s’associer à un artiste visuel d’ici pour lui demander d’illustrer la couverture, et faire de la Une de cette première édition quelque chose d’assez beau pour donner envie de l’encadrer, un peu comme les couvertures du magazine The New Yorker.

À l’intérieur, les visuels auraient pu s’inspirer de cette couverture, et là, on aurait eu envie de le garder. On aurait pu changer d’artiste à chaque édition, et là, on aurait même eu envie de les collectionner.

Je sais, cela aurait coûté plus cher. Mais j’ai le droit de rêver.

Au lieu de présenter une vision artistique, la couverture présente des mains de chef en noir et blanc, un choix ultra-conservateur (avant qu’on m’en fasse la remarque: je sais, l’en-tête de l’infolettre de Ludwig van Montréal a AUSSI un dessin de mains de chef, ce qui me place dans une drôle de position pour critiquer ce choix, mais croyez-moi, je rêve de l’enlever depuis le premier jour, et c’est une longue histoire) bref cette couverture plus ou moins invitante donne plus ou moins envie de dépenser 10 $, mais on l’achètera quand même, pour contribuer à une bonne cause.

Prochains concerts de l’OM

Le programme d’hier (Rencontre au sommet) est également ce soir, 17 septembre, à Pierrefonds, mais tous les billets sont déjà vendus.

Intitulé De solo à maestro, le prochain concert de l’Orchestre Métropolitain à la Maison symphonique aura lieu le vendredi 13 octobre. DÉTAILS

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