Cette semaine, Claudio Arrau, Jean-Pierre Armengaud et Sheng Cai s’invitent dans nos soirées d’automne, avec trois albums de piano consacrés à Beethoven, Dutilleux et Grieg. Bonne écoute!
Claudio Arrau The Unreleaased Beethoven Recital 1959/ Phoenix/Naxos
Si le bon vieux disque compact n’est plus ce qu’il était dans le cœur des passionnés de musique, le vinyle remonte la pente et c’est avec un grand bonheur que nous voyons réapparaître de bons vieux 180 grammes, retouchés et rematricés. Toujours dans cette lignée, la maison de disques Phoenix, spécialisée dans les enregistrements anciens, tirés à quelques exemplaires ou tout simplement inédits, nous propose quelques perles. En jazz, nous fûmes particulièrement gâtés avec un Monk, un Dizzy, un Art Blakey, un Brubeck ainsi qu’un Rosemary Clooney. Rayon classique, la production reste un peu plus mince, mais cet Arrau inédit est toute une découverte. Après avoir fait quelques recherches sur des sites spécialisés et grand public, nous avons constaté, que cet album du pianiste, retrouvé dans les caves de la radio allemande, est effectivement un inédit. Avec beaucoup de soin, ce qui implique « un dépoussiérage » des bandes ainsi qu’un travail sur le son et la qualité, Phoenix/Lost Recordings vous invite donc à écouter ce bijou, presque d’un autre temps.
Enregistré devant public, ce cycle Beethoven et plus particulièrement L’Appassionata révèle un pianiste intemporel. Combinant une certaine forme de sévérité à des ambiances lumineuses, Claudio Arrau éblouit et offre une expérience rayonnante ainsi qu’un savoir-faire presque sans égal. Il bouscule, rudoie parfois, tout en déroulant une architecture dont lui seul avait le secret. Un cadeau inestimable à prix tout à fait raisonnable. Il faudra compter beaucoup plus cher pour l’édition vinyle.
Sheng Cai/Grieg/ATMA classique/ Naxos
Pour son deuxième disque chez ATMA, le pianiste Sheng Cai s’est éloigné de l’univers de Liszt pour retrouver celui du compositeur norvégien Edward Grieg. Dans la lignée des grands pianistes romantiques, la très jolie ballade ainsi que les scènes de la vie populaire explorent la capacité intrinsèque de coloriste du compositeur. Jouant sur la densité et les climats, explorant ces petits riens de la vie qui passe, Sheng Cai emporte immédiatement notre adhésion. Si la Suite no 1 Perr Gynt (transcription pour piano) est certainement l’œuvre la plus connue, surtout en version orchestrale, tout est dans l’élégance ainsi que dans la richesse des sentiments exprimés. Du très beau travail que nous conclurons avec la Sonate en mi mineur. Là encore, Sheng Cai confère à son travail d’interprète, un plaisir qui se distille lentement, ce qui convient parfaitement à nos soirées automnales.
Jean-Pierre Armengaud/Dutilleux Piano Works/Grand Piano/ Naxos
Avouons que votre chroniqueur connaît peu l’univers du compositeur Henri Dutilleux. Comme le dit si bien le proverbe : « Il n’est jamais trop tard pour bien faire ». Très poétique dans son essence et relativement moderne, puisque, les 3 préludes intitulés Le Loup ont été crées en 1944, nous sommes entre le passé (musique d’entre deux guerres) et un certain présent. Utilisant par fois les distorsions, ces préludes nous font découvrir une certaine sensualité, avec un penchant incantatoire. Il faut du temps ainsi que de la patience, quand nous entrons sous les doigts agiles du pianiste Jean-Pierre Armengaud dans la sonate (1944-1948). Beaucoup de variations, beaucoup de substances qui se conjuguent à des idées assez neuves. Bref, ce fut une découverte, loin d’être désagréable.
Inscrivez-vous à notre infolettre! La musique classique et l’opéra en 5 minutes, chaque jour ICI
- CRITIQUE | Richard Galliano: un après-midi magique au Festival de Lanaudière - 10 juillet 2023
- DISQUES | Quatre suggestions classiques à offrir aux mélomanes que vous aimez - 9 décembre 2022
- DISQUES | Quatre albums à écouter pour ensoleiller votre automne - 7 octobre 2022
