La canicule nous incite à l’indolence et la musique adoucit nos journées, avec de l’opéra, du piano, et même de la flûte. Voici trois albums classiques pour vos chaudes journées d’été…et ce qu’il en reste.
Carmen / Georges Bizet/ Orchestre révolutionnaire et romantique/ Direction de Sir John Eliot Gardner/ Naxos 2 DVD
À l’heure où nous écrivions ces lignes, il faisait chaud et humide un peu comme dans l’opéra inusable qu’est Carmen de Georges Bizet. Si tout un chacun connait les airs de Carmen, surtout celui du Toréador qui fit le bonheur des concepteurs de trames sonores pour publicité, peu savent que Carmen fut une féministe bien avant le mouvement des années 70.
Il s’agit d’une superproduction admirablement filmée au Grand théâtre du Luxembourg, question de patienter avant de pouvoir nous aussi aller à l’Opéra de Montréal, dont la première présentation n’aura lieu qu’en janvier 2022.
Dans cette histoire d’amour qui finit bien mal, la soprano Anna Caterina Antonacci est une Carmen plus qu’honnête. Elle a du panache, sans pour autant avoir un chant très puissant, qu’elle compense par un très beau jeu scénique, proche du théâtre. En Don José, le ténor Andrew Richard campa à merveille son personnage de contrebandier, jaloux !
Sans avoir la force du redoutable ténor canadien Jon Vickers (une autre époque, mais tout aussi captivante), son jeu intense est marqué par une belle tessiture. Styliste attentif, le chef d’orchestre Sir John Eliot Gardiner joue la partition avec beaucoup de nuances, évitant parfois le clinquant d’un Karajan, qui pourtant en donna une version plus que solide avec la soprano Leontyne Price. Sans être un achat indispensable, ce doublé à petit prix vaut quand même le détour.
Friedrich Gulda/Two Solo Recitals/Mozart/Debussy/Ravel/Bach, SWR Music, 3 CD/Naxos
Iconoclaste, trublion ou enfant terrible à vous, de choisir ! C’est par le jazz que j’ai fait la découverte du pianiste Friedrich Gulda, avec son European jazz Orchestra ainsi que ses multiples disques où il se défendait très bien pour un pianiste classique (vieille blague). Depuis quelques années, la compagnie de disques allemande SWR a entrepris un véritable travail archéologique en exhumant son travail en studio ou devant public. Malgré les épithètes, Gulda fut un immense styliste du répertoire classique, comme vous pourrez le constater à l’écoute de ces trois albums ou il était encore très jeune (29 ans).
Pour ce répertoire solo, tous les grands sont conviés avec Mozart et Beethoven, impeccable de bout en bout, poétique pour l’immense Gaspard de la nuit (Ravel), puis étonnant de précision avec l’Ecossaise de Beethoven. Jamais orthodoxe dans la mise place, le pianiste combine aisément « le muscle » à la compréhension parfaite des œuvres. Juste et équilibré, avec juste ce qu’il faut de fantaisie, Gulda surprendra toujours !
Matvey Demin/flute, Gleb Koroleff/piano/Poulenc/Dutilleux/Franck/ARS production/Naxos
Il est bien dommage de ne pas voir apparaître plus souvent de disque consacré à la flute. Ayant grandi en écoutant Jean-Pierre Rampal, presque LA référence, j’ai aussi découvert, mais tardivement, le merveilleux Roger Bourdin, le flûtiste qui enlumina : Il est cinq heures, Paris s’éveille. Nous pourrions aussi citer James Galway, et pourquoi pas la comète que fut l’homme de jazz Eric Dolphy. C’est donc avec bonheur que nous avons plus d’une fois écouté, le flûtiste soviétique Matvey Demin (prix Tchaïkovski), en tandem avec le pianiste Gleb Koroleff. Nous avons presque craqué pour la douceur qui émane du corpus Poulenc, et encore plus pour la Sonatine assez et peu jouée d’Henri Dutilleux. Le corpus Franck, assez ténébreux, vaut amplement le détour. Une très belle découverte et souhaitons qu’après ce satané virus, l’instrumentiste vienne nous rendre visite.
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