Cette semaine, notre chroniqueur vous propose trois albums à écouter sans modération, alors que l’été déroule ses plus beaux jours. Bonne écoute.
Vincent Bélanger, Pure Cello, Audio Note Music
Je ne connaissais pas le violoncelliste Vincent Bélanger, mais comme le violoncelle fait partie des instruments favoris de votre chroniqueur, l’occasion était trop belle de ne pas sauter sur cette nouveauté. Après deux écoutes, nous pouvons conclure que cet instrumentiste a beaucoup de talent ainsi qu’un certain sens de l’aventure, comme le prouve le choix des pièces. Pour ce qui est de Bach, incontournable évidemment, son jeu dans la 5e suite évoque la patte de l’immense Paul Tortelier. Dégageant une lourde sonorité empreinte d’un certain classicisme, Vincent Bélanger réalise une belle entrée en matière. De Max Reger (1983-1916), Vincent Bélanger interprète une jolie et rarement entendue suite pour violoncelle qui demande une grande précision. De ce modèle qui est loin d’être sévère et parfois « mozartien » dans l’âme, notre violoncelliste s’offre plus qu’un tour de chauffe. Servie par une très bonne prise de son, Vincent Bélanger, conjugue lyrisme avec un délicieux romantisme. Avec Cassado, inconnu au bataillon, nous passons à la vitesse supérieure. Très hispanisant, dans sa structure, cette suite pour violoncelle solo virevolte se fait dansante ainsi qu’exubérante, parfois. La joie en somme et bravo pour ce petit bijou !
Generacion Cortazar, Musique des lumières, IBS Classica/ Naxos
Ah, les aléas de la distribution de disque. Par un curieux hasard, nous avons découvert, il y a peu, ce travail musical autour de l’œuvre de l’écrivain argentin Julio Cortazar (1914-1984). Sous la direction du chef et concepteur Facundo Agudin avec l’orchestre semi –baroque Musique des lumières, ce second titre fait suite à Tango Nuevo Tango paru en 2011. Oscillant donc entre l’univers classique, le tango avec le joueur de bandonéon Marcelo Nisinman appuyé par le narrateur Lisandro Abadie, cette curiosité fait dans le mélange des genres. Autour d’œuvres très cinématographiques dans leur essence qui se conjugue très bien avec la littérature, ce cinéma musical vous donnera envie de voyager. Rocamadour (1956) du compositeur Pablo Ortiz, coopte habilement, la musique latine avec le minimalisme classique, tandis que La noche boca arriba (1943) de Julio Viera est un mélodrame musical, facilement compréhensible par la narration de Lisandro Abadie, appuyé par le bandonéon et l’orchestre musique des lumières. Toujours dans le même esprit, mais sans la narration, Tercera Generacion du bandonéoniste Marcelo Nisinman s’inscrit radicalement dans l’univers du tango.
Cordâme, Da Vinci Inventions, Malas Artes
L’ensemble Cordâme est une création du contrebassiste de jazz Jean-Félix Mailloux. Cet instrumentiste aux multiples talents fait vibrer des cordes et pas uniquement celles de la note bleue, comme vous allez le constater ! Avec Da Vinci Inventions qui réunit la violoniste Marie Neige Lavigne, la violoncelliste Sheila Hannigan, la harpiste Éveline Grégoire Rousseau, le batteur Iasiah Ceccarelli ainsi que la voix sublime de la chanteuse Coral Egan, ce sont des mondes qui se superposent. Autour de treize compositions originales, Jean-Félix Mailloux réussit avec intelligence et poésie à fusionner la musique baroque légèrement revisitée, le chant italien, le jazz évidemment et quelques bribes de chants traditionnels hérités d’un autre âge. Surprenant et aussi délicieux qu’un Limoncello à l’ombre du Colisée de Rome.
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