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PIANO 2021 | CMIM: dernier compte-rendu de la finale & les choix de notre rédactrice en chef

Par Caroline Rodgers le 14 mai 2021

Francesco Granata, concurrent de l’Italie au CMIM – Piano 2021. (Photo: capture d’écran de la webdiffusion)

Nous y voilà: le Concours musical international de Montréal – Piano 2021 se termine aujourd’hui, avec une annonce des gagnants à l’occasion d’une cérémonie en ligne qui sera diffusée à 10 h sur le site du concours et d’autres canaux. D’ici là, me voici pour un dernière fois avec mes commentaires sur les quatre derniers finalistes, que j’ai écoutés attentivement, ainsi que mes préférences.

Rappelons que ces 8 finalistes de 6 pays se sont disputés plus de 235 000 $ en prix, incluant des bourses en argent mais aussi une tournée, lorsque la situation sanitaire le permettra, un concert avec l’OSM, et un enregistrement chez Steinway. On peut en savoir plus sur les prix dans cet article. 

Yoichiro Chiba et Ying Li

Je l’ai déjà écrit: il m’arrive de ne pas apprécier Schumann. Tout dépend de qui le joue. En concours, je le trouve souvent mal interprété, avec des brusqueries, une sorte frénésie qui m’agresse. Sans être tout à fait là, car il y a eu de beaux moments dans les Kreisleriana, je dirais que le Japonais Yoichiro Chiba m’a tout de même agacée avec son Schumann martial et plutôt vertical. Ce fut interminable. Les trois préludes de John Burge étaient à peu près dans le même esprit, ce qui nous indique tout de même que quelque chose ne va pas, puisque deux siècles séparent tout de même les compositeurs…

La Sonate en si mineur, K. 87 de Scarlatti, jouée de façon plutôt romantique, était tout de même jolie, il faut lui donner cela, mais cette approche est à côté de la plaque. Pour finir, il a choisi un véritable répertoire de finale, Trois mouvements de Petrouchka. Honnêtement, je ne reconnais pas le pianiste que j’avais tout de même aimé dans la Sonate en si mineur de Liszt, en demi-finale. Tout est plutôt carré et robotique, sans vraiment créer les couleurs ni susciter les images auxquelles ont peut s’attendre dans cette pièce si narrative et si connue.

Bref, ennui et déception.

Ying Li

J’a déjà écrit, en compte-rendu de demi-finale, que je trouvais que Ying Li, de la Chine, manquait de poésie et jouait avec une palette de nuances limitée, tout en admettant qu’elle pourrait bien se rendre en finale. J’avais vu juste.

Très forte techniquement, la pianiste n’a bien sûr aucune difficulté avec les préludes de Burge, mais est-ce intéressant? Pas particulièrement. Elle joue ensuite la Sonate no 13 de Mozart sans la finesse et les charmes musicaux de son compatriote Zhu Wang, que j’avais tant aimé en demi-finale. J’ai l’impression d’entendre ici une forme de musicalité inspirée par la technique et qui ne vient pas vraiment d’un ressenti.

Les Variations et fugue sur un thème de Haendel, de Brahms, sont plus ou moins intéressantes et j’ai bien du mal à me rendre au bout.

Dimitri Malignan et Francesco Granata

Magnifique et inspiré en demi-finale, le Français Dimitri Malignan démontre encore une fois qu’il a tout ce qu’il faut pour faire carrière. Bien que les bons pianistes pleuvent, je ne suis nullement inquiète pour son avenir. Mais la question qui nous intéressent aujourd’hui est celle-ci: devrait-il gagner? Je ne peux pas l’affirmer avec certitude, pour la raison suivante: si tout ce qu’il joue est superbe, son programme n’est pas un « vrai » programme de finale, avec des « chevaux de bataille » (comme le faisait remarquer un ami avec qui je suis religieusement le CMIM depuis des années et que je salue en passant – merci d’être là), et je dis cela même si l’une des trois dernières sonates de Beethoven, considérée comme très difficile, y figure, en étant consciente que mon argumentaire pourrait lancer une longue discussion entre maniaques.

Or, il est important de démontrer, à mon avis, que l’on peut prendre des risques. En finale d’un concours international, c’est le moment d’épater la galerie. L’interprétation de la fameuse Sonate no 30 est juste et émouvante, les qualités du pianiste sont indéniables durant tout le récital, qui comprend également des pièces de Medtner et Debussy.

Francesco Granata

Lorsque Francesco Granata a commencé à jouer Adélaïde (Beethoven/Liszt), j’ai ressenti une sorte de moment « Ah! mais oui! », mélange d’intuition et de désir qu’il gagne ce concours. De tous les concurrents entendus cette année, Francesco Granata est certainement celui qui a le pouvoir de nous aspirer avec lui dans son monde musical de passion et d’intensité. Il offre aussi une excellente version des préludes de Burge, que l’on entend ici pour la huitième fois en deux jours…

Montrant de quel bois il se chauffe, il a décidé de jouer les 24 Préludes de Chopin, rien de moins. Un choix de type « ça passe ou ça casse ». (Petite pensée, ici, pour Charles Richard-Hamelin, qui fait partie du jury et vient d’enregistrer ce cycle, et le jouera aussi bientôt à la salle Bourgie et au Club musical de Québec).

En ce qui me concerne, ça fait plus que passer pour Francesco Granata, malgré quelques petits accrocs, qui, je l’espère, n’entraveront pas la montée sur le podium de ce fantastique musicien. Ce que l’on entend, c’est une interprétation des 24 Préludes inspirée, intéressante, sentie, avec des idées, une grande musicalité, de la virtuosité, des émotions sincères, de la poésie et la flamboyance lorsqu’il le faut. C’est une réussite doublée d’une prise de risque qui, à mon sens, font en sorte que Francesco Granata mérite de figurer parmi les trois premiers à ce concours.

Mes choix pour le CMIM, Piano 2021

Contrairement aux années « normales » de concours, les pianistes n’ont pas la chance de jouer un concerto avec orchestre, ce qui permet généralement de démarquer plus clairement le vainqueur. Avec un récital dont le répertoire comporte d’aussi grandes variantes, en raison de la latitude laissée au concurrents, c’est plus embêtant. J’ajouterais que cette année, aucun concurrent ne pourrait faire l’unanimité, comme on l’a vu au cours de certaines éditions.

Comme je l’ai déjà dit lors du dernier compte-rendu de la demi-finale, mes choix ne sont que des préférences personnelles et non des prédictions. Je ne suis pas une oracle et ceux qui me connaissent savent que j’exerce ce métier sans prétention. Voici donc mes choix:

1-Francesco Granata (Italie)

2-Chaeyong Park (Corée du Sud)

3-Dimitri Malignan (France)

Mention honorable à Su Yoeon Kim

Mon choix pour la meilleure interprétation de la pièce canadienne imposée: Su Yeon Kim

On pourra réécouter tous les récitals du CMIM – Piano 2021 en ligne, durant un an, sur le site du concours. 

Les résultats seront annoncés aujourd’hui, à 10 h.

J’en profite aussi pour remercier le CMIM pour son partenariat avec notre modeste publication, année après année, depuis la fondation de ce site. ll est important, en journalisme, et quel que soit le domaine couvert, qu’il y ait plusieurs voix et une diversité de points de vue. Les organismes partenaires de Ludwig van Montréal démontrent qu’ils l’ont compris.

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