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COMPTE-RENDU | CMIM: coup de cœur pour le Chinois Zhu Wang au Jour 3 des demi-finales

Par Caroline Rodgers le 29 avril 2021

Zhu Wang, concurrent représentant la Chine au CMIM, 28 avril 2021. (Photo: capture d'écran de la webdiffusion)
Zhu Wang, concurrent représentant la Chine au CMIM, 28 avril 2021. (Photo: capture d’écran de la webdiffusion)

La troisième journée des demi-finales du Concours musical international de Montréal, Piano 2021, s’est bien passée hier avec quelques découvertes et un coup de cœur personnel pour le candidat de la Chine, Zhu Wang.

D’une édition à l’autre, c’est presque toujours la Corée du Sud qui envoie le plus de concurrents au CMIM. La musique classique, bien populaire dans ce pays, compte aussi de nombreux étudiants qui semblent avoir un goût particulier pour les concours internationaux. Ils dominent donc largement les listes de candidats, et gagnent souvent. Rappelons que la dernière édition Chant, en 2018, avait couronné le sud-coréen Mario Bahg dans la catégorie Aria.

Par rapport à son immense population et au fait que le piano y soit également une passion avec, selon les estimés, de 40 à 50 millions d’enfants apprenant l’instrument, la Chine envoie relativement peu de représentants, en comparaison avec la Corée du Sud, et jusqu’à maintenant, je n’avais pas souvenir que l’un d’entre eux m’ait marquée. C’est maintenant chose faite avec Zhu Wang, le premier pianiste de l’épreuve d’hier, 28 avril.

Nous avons affaire, ici, à un pianiste doté d’un niveau de sensibilité supérieur. Tout ce qu’il joue est musical et touchant. Il commence sa prestation avec la captivante Sonate en si bémol K. 281, à mon avis la plus belle sonate de Mozart. Tout est là: un jeu chantant, clairement articulé, précis, qui fait ressortir tout le pétillant du premier mouvement. On retient aussi qu’il est de toute évidence heureux de jouer, cela fait plaisir à voir.

Toutefois, il commet une petite erreur de mémoire dans la première page de la partition, en commençant un motif sur la mauvaise note, (soit le fa au lieu du do) comme s’il était rendu cinq pages plus loin. Faute habilement camouflée qui ne perturbe en rien le discours, car il continue à la mesure suivante là ou il devrait être et on pourrait n’y voir que du feu si on n’avait jamais entendu cette sonate. Cela m’a quand même obligée à ressortir ma vieille édition Verlag pour m’assurer que je n’avais pas la berlue. Grand avantage des webdiffusions: on peut réécouter autant de fois qu’on le veut. Malgré cette petite faute que je n’aurais peut-être pas perçue si je n’avais pas écouté cette sonate 100 fois sur l’album « Horowitz at home », l’interprétation de la sonate est magnifique.

La deuxième pièce qu’il présente est de Bartok: les Trois Rondos sur des airs folkloriques slovaques, bien joués dans le style, typés et très dansants, mais c’est surtout la musicalité et la beauté de la Grande Humoresque de Schumann qui impressionne, le dosage raffiné des nuances, l’esprit romantique tellement juste qui l’habite. Une superbe réussite. Est-ce que ce sera suffisant pour convaincre le jury, alors que d’autres candidats proposent un programme techniquement bien plus exigeant? On verra.

Violent contraste

Après ce Schumann de rêve, la brutalité de la Sonate no 1 de Carl Vine, un compositeur australien, jouée par la deuxième candidate, Ji-Hyang Gwak (Corée du Sud), produit un effet presque douloureux. Jouissant d’une excellente technique, la pianiste (qui joue avec un masque, dans une salle vide de l’Université du Michigan, à Ann Arbor) traverse ce morceau de virtuosité sans problèmes, mais il s’agit justement, avant tout, d’une démonstration de ses capacités plus que de vraie musique.

Elle joue ensuite le Ricercare à trois voix de l’Offrande musicale de Bach, BWV 1079, avec beaucoup de pédale, une approche plus pianistique que baroque, ce qui est tout à fait défendable. C’est suivi de la Pièce no 2 du Drei Klavierstücke, op. posth. D. 946, de Schubert, dans une exécution correcte avec quelques passages durs. Rien de marquant, sauf le thème principal qui me restera en tête comme un ver d’oreille, pour le reste de la journée… Pour finir, on entendra Les jeux d’eau à la villa d’Este, de Liszt, une exécution sans fautes mais aussi sans émotions.

États-Unis et Corée du Sud

Llewellyn Sanchez-Werner, des États-Unis, commence son récital avec Ellis Island, de sa compatriote Meredith Monk, une autre pièce atmosphérique dont je ne suis pas convaincue qu’elle puisse démontrer grand chose de la part d’un interprète dans le cadre d’un concours international.

Il enchaîne avec la Fantaisie chromatique et fugue, BWV 903, de Bach, jouée avec une grand clarté mais de façon plutôt détachée. Les mêmes commentaires pourraient être répétés pour l’Étude-tableau op. 39 no 9 de Rachmaninov. Cette sensation étrange que tout est là, sauf le cœur.

Le pianiste, dont le talent est indéniable, montre davantage ce qu’il a dans le ventre avec la Sonate no 32 de Beethoven. Mais cela arrive, parfois: objectivement, il est plausible que Llewellyn Sanchez-Werner plaise aux juges et passe en finale, mais personnellement, son style jeu ne me touche pas, tout simplement. À voir son parcours, je soupçonne ici que l’on se retrouve en présence de ce que l’on appelle, sans méchanceté, une « bête de concours ».

En revanche, j’ai bien aimé la candidate suivante, Chaeyoung Park, de la Corée du Sud, qui nous a fait entendre une Sonate de Haydn (si bémol majeur, Hob. XVI.41) gracieuse et parfaitement dans le style, suivie de Svabadban (En plein air), de Bartok, joué avec virtuosité, moult contrastes, fougue et panache, mais sans dureté. Son interprétation de la Sonate no 2 en si bémol mineur de Rachmaninov était aussi très solide, pleinement investie et bien dosée sur le plan sonore. Bravo.

Canada

Le concurrent canadien Kevin Ahfat, qui a enregistré son récital à la Maison symphonique, n’est certes pas un mauvais pianiste, mais on peut se demander pourquoi il a choisi de mettre les Neuf variations sur un menuet de Duport de Mozart au programme, car il s’agit d’une œuvre d’un intérêt limité, qui ne nous permet pas particulièrement d’en savoir plus sur ses capacités. La Sonate op. 1 de Berg est bien jouée sans être renversante.

ll joue ensuite les Scènes d’enfants de Schumann, également correctes, et l’on a envie de dire: mais encore? Si un concurrent présente un cycle somme toute facile à jouer dans un concours international, il faut que l’interprétation en soit géniale, rien de moins, car on se mesure quand même à des gens qui nous proposent, du même compositeur et d’autres, un répertoire plus difficile sur tous les plans. Idem pour les Danses argentines de Ginastera. Même si c’est beau (avec un petit accident de parcours), le niveau attendu dans un concours international n’est pas là, car c’est un répertoire que l’on pourrait entendre joué par des plus jeunes dans un concours local ou national. Bref, les chances de Kevin Ahfat de passer en finale sont plutôt minces.

Les Variations Goldberg

Cristian Sandrin, de la Roumanie, a eu l’audace (ou la tentation suicidaire?) de programmer Les Variations Goldberg de Bach. Compte tenu de la longueur de cette vaste entreprise, c’est évidemment sa seule pièce au programme.

Il amène le thème avec lenteur et une certaine douceur. Cher lecteur, sois rassuré: je ne commenterai pas ici chacune des variations. Dans l’ensemble, son interprétation des Variations Goldberg, auxquelles de nombreux mélomanes vouent un culte (j’en suis) est de bonne tenue, bien articulée, respectueuse du compositeur, relativement conventionnelle et comportant quelques erreurs et accrochages quasi inévitables, mais aussi de très beaux moments. Saluons son courage.

Qu’il passe ou non en finale, il pourra dire « j’ai joué les Goldberg dans un concours international ». Il s’agit d’un cas de « ça passe ou ça casse ». À suivre.

On peut réentendre tous ces concurrents sur le site du CMIM. 

Le Concours se poursuit aujourd’hui, avec les concurrents suivants:

29 avril

10 h – Andrei Iliushkin (Russie)
11 h – Yoichiro Chiba (Japon)
12 h – Anna Han (États-Unis)
14 h – Jiacheng Xiong (Chine)
15 h – Ying Li (Chine)
16 h – Krysztof Ksiazek (Pologne)

POUR ÉCOUTER LE CMIM

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