Trois nouveautés printanières: Marianne Lambert et Julien LeBlanc dans un recueil de mélodies, le pianiste italien Alberto Ferro s’aventure chez Rachmaninov, et un disque dédié à Cole Porter.
Marianne Lambert, soprano Julien LeBlanc, piano, Mélodies passagères, Fidélio
Un peu de douceur dans ce monde en ébullition qui semble avoir perdu la tête entre le confinement et le déconfinement. Avec ces distanciations conjuguées au mode des non-réunions, la soprano colorature Marianne Lambert et le pianiste Julien LeBlanc lançaient virtuellement une nouveauté au titre fort à propos : Mélodies passagères. Empruntée à une œuvre de Samuel Barber (1951) sur des poèmes de Reiner Maria Rilke, la soprano déploie tout son savoir-faire. D’une voix féline, elle distille un infini bonheur qui se conjugue parfois à la tristesse du temps qui passe. Si j’ai moins accroché aux quatre poèmes hindous de Maurice Delage, question de tempérament, parce la voix est toujours aussi juste, les pièces de Granados, Delibes, Massenet et Calixa Lavallée respirent l’été et la joie. Combinant le charme ainsi que l’élégance, ce tandem nous offre des passages poétiques, parfaitement équilibrés. Amateurs de belles voix, voici un fort joli cadeau.
Alberto Ferro, piano, Rachmaninov, Études-Tableaux, Muso, Naxos
Passionné du pianiste et compositeur Rachmaninov, je collectionne depuis des décennies le travail autour de son œuvre. Si tout le monde connait ses symphonies ainsi que ses concertos pour piano, ses Études-tableaux restent peu jouées. C’est, par le maître lui-même que je les ai découvertes (Sony), puis sous la patte de Nicolas Angelich et de Vladimir Askhenazy, dont l’interprétation demeure une référence. Prix du public au Festival de la Reine Elisabeth en 2016 ainsi qu’au festival Beethoven 2017, le jeune pianiste italien Albert Ferro vient de se lancer dans l’arène. Suivant un peu l’esprit Angelich dans la manière d’interpréter, l’ami Ferro se fait dynamique, soupèse les tensions et offre une approche racée tout à fait convaincante.
Juliane Banse, Deutsche Radio Philarmonic, Cole Porter, A Celebration, SWR Music, Naxos
De la soprano allemande Juliane Banse, je ne connaissais que son rôle dans Cosi Fan Tutte. Avec cet hommage au compositeur Cole Porter, roi du tout Broadway et du « Great American Songbook », le changement est radical. Soutenue par le vivifiant orchestre du SWR, la soprano essaie sans toutefois nous convaincre. Elle appuie parfois trop sur les syllabes, décante plus qu’elle ne chante. C’est un peu le défaut quand une voix d’opéra passe dans le domaine du jazz. Il faut avoir, un certain sens du swing et une chance que son orchestre sait de quoi il parle, lui !
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