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CRITIQUE | Toronto Symphony Orchestra : le joyau de la Ville reine excelle dans un programme russe

Par Emmanuel Bernier le 13 novembre 2019

Sir Andrew Davis
Sir Andrew Davis dirigeant le Toronto Symphony Orchestra. (Photo: prise à Toronto, Jag Gundu)

Le Toronto Symphony Orchestra et son chef intérimaire Sir Andrew Davis étaient de passage à la Maison symphonique hier soir dans le cadre d’une mini-tournée passant par Ottawa et la métropole québécoise. Critique.

Le programme, constitué de deux sommets du répertoire russe du XXe siècle, le Concerto pour violon no 1 de Prokofiev, mais surtout la monumentale Symphonie no 10 de Chostakovitch, était également l’occasion d’entendre une nouvelle œuvre de la compositrice canadienne Emilie Lebel, qui est associée à l’orchestre et enseigne à Edmonton.

 

Emilie Lebel, compositrice. (Photo: courtoisie)
Emilie Lebel, compositrice. (Photo: courtoisie)

Cette dernière est venue présenter brièvement son œuvre, intitulée unsheltered, précédée par le chef qui l’a gentiment introduite en français. D’une dizaine de minutes, la partition est, aux dires de la compositrice, inspirée par les incendies qui ont fait rage en Alberta au printemps 2019, de même que par les crises liées aux flux migratoires et aux changements climatiques. Unsheltered pourrait être résumée comme une recherche de l’unisson.

Tout au long de l’œuvre, de longues tenues à l’orchestre suggèrent la consonnance, mais sans jamais l’atteindre (sauf à la fin), de subtiles dissonances venant chaque fois brouiller le paysage. La seule matière rythmique est fournie par quelques percussions, alors que les vents viennent suggérer occasionnellement quelques ébauches d’idées mélodiques. Les amateurs d’expérimentation texturale auront été servis par cette partition qui intéresse davantage qu’elle touche.

Vient ensuite Prokofiev. Véritable wunderkind du violon, Karen Gomyo impressionne par sa maîtrise de l’œuvre. Le port altier, elle joue comme elle respire. Tout à l’air si facile. Sa première entrée, jouée comme en apnée, frise la perfection.

Chaque inflexion à son sens, est justement caractérisée. Les difficiles traits du mouvement final sont enchaînés avec un désarmant naturel et un feu toujours nourri. Les méandres du deuxième mouvement sont quant à eux sculptés de telle manière qu’on croirait parfois entendre deux instruments se lançant la balle.

 

Karen Gomyo joue depuis seize ans sur un Stradivarius de 1703, le Aurora, exFoulis, qu’un riche philanthrope a acheté pour elle. (Crédit: Gabrielle Revere)
Karen Gomyo, violoniste. (Crédit: Gabrielle Revere)

Le Slow Tango de Piazzolla interprété en rappel nous montre une autre facette de l’interprète. Il y manque toutefois un brin de cette chaleur latine qu’on attend dans ce genre de musique.

Si Davis manifeste déjà son talent dans le concerto, accompagné avec minutie, avec des contrechants des vents burinés, il révèle tout son génie dans la Dixième de Chostakovitch. Le flegmatique maestro n’est pas un flamboyant. On est loin de certains chefs qui fouettent l’air et trépignent sur le podium. Chaque geste est retenu, mais précis. Tout a un sens, il n’y a rien de superflu.

Si on se dit à l’occasion – dans les premier et troisième mouvements notamment – qu’il manque un peu le côté « course folle », une véritable envie d’en découdre, c’est que le musicien ménage ses effets, garde ses munitions pour plus tard. Cela est tout à fait patent dans le mouvement final, où il lâche littéralement les fauves. L’orchestre répond au quart de tour, avec une excellence instrumentale toujours renouvelée, notamment des bois et des cordes (quel grain!).

Dans le dernier mouvement, le niveau sonore est tel que l’acoustique de la salle – qui est pourtant capable d’en prendre – est proche de la saturation. On cherchera en vain des défauts à cette prestation hors du commun dont on sort grisé… en attente d’une prochaine visite de la phalange torontoise!

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