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CRITIQUE | Quatre organistes de la Cathédrale Notre-Dame-de-Paris réunis à la Maison symphonique

Par Emmanuel Bernier le 22 janvier 2020

Olivier Latry à la console de l'orgue à la Maison sysmphonique, 21 janvier 2020

Un événement s’est produit hier à la Maison symphonique qui ne reviendra pas de sitôt : la réunion, le temps d’une soirée, des trois organistes titulaires de Notre-Dame-de-Paris, Vincent Dubois, Olivier Latry et Philippe Lefebvre, auxquels s’est joint Johann Vexo, un des deux organistes de chœur du lieu mythique. Le concert, probablement rendu possible par le relatif allègement de tâche des musiciens de la cathédrale à la suite du tragique incendie d’avril dernier, était présenté au profit de la restauration de l’auguste bâtiment.

En première partie, le public – fort nombreux – a pu entendre une messe en musique où une petite schola de trois chanteurs (Jean-Sébastien Allaire, Michel Léonard et Marcel de Hêtre) alternait avec des improvisations des quatre organistes. Dès le prélude joué par Olivier Latry, le ton de cette soirée enlevante est donné. Commençant par un thème incantatoire à la Jehan Alain sur les anches graves, la musique enfle ensuite dans une progression dramatique savamment dosée jusqu’à un vibrant climax sur le grand-chœur, avant de finir dans un murmure. L’autre grand moment de cette première partie fut le postlude improvisé par Philippe Lefebvre sur un motif de quatre notes tirées du Salve Regina, entonné juste avant par les chanteurs. Parcouru de syncopes et de silences à l’arrachée, le morceau avait un petit quelque chose de la bossa nova.

Les autres improvisations, plus concises, renvoyaient à des époques ou à des styles aussi différents que le baroque français (un Plein jeu et un Dialogue sur les grands jeux à la Grigny par Johann Vexo pour encadrer le Magnificat et une tierce sur la taille par Vincent Dubois dans l’Ave Maris Stella) ou le XXe siècle (notamment une méditation sur les ondulants à la Messiaen par Dubois dans l’Ave Maris Stella). Il était agréable de voir Olivier Latry, assis à droite de la scène avec les autres musiciens, s’étonner et s’amuser des trouvailles harmoniques de ses collègues.

 

De gauche à droite, les organistes Philippe Lefebvre, Olivier Latry, Vincent Dubois et Johann Vexo lors de leur concert conjoint à la Maison symphonique le 21 janvier. (Photo : Antoine Saito)

La seconde partie était l’occasion pour les quatre artistes de mettre en valeur les plus grands noms de la tradition musicale de Notre-Dame. Olivier Latry s’est chargé de rappeler le souvenir de Claude Balbastre, organiste de la cathédrale de 1760 à 1793, par un Noël bourguignon. Si le morceau ne renverse pas par son inspiration, il est toutefois l’occasion de montrer la polyvalence de l’orgue de la Maison symphonique qui, davantage pensé pour le répertoire symphonique français, convient étonnamment bien pour la musique ancienne, avec son cornet chantant et ses anches bien caractérisées. L’organiste touche excellement l’instrument, jouant les solos avec une remarquable vocalité, et articulant les accords forte avec une louable clarté.

Suit le moment « Vierne » du concert, avec quatre extraits des Pièces de fantaisie de celui qui tint le Cavaillé-Coll de Notre-Dame de 1900 à 1937. Johann Vexo n’enthousiasme guère par son jeu techniquement impeccable, mais sans grande invention. L’Impromptu, dont les doubles-croches sont jouées avec une égalité rédhibitoire, n’a rien du caractère « improvisé » inhérent à ce genre de pièce, et les différents épisodes de l’Hymne au soleil restent trop peu caractérisés (notamment le début, pas assez enlevé).

 

Vincent Dubois joue l'orgue Pierre-Béïque à partir de la console installée sur la scène de la Maison symphonique. (Photo : Antoine Saito)
Vincent Dubois joue l’orgue Pierre-Béique à partir de la console installée sur la scène de la Maison symphonique. (Photo : Antoine Saito)

La prestation de Vincent Dubois est nettement plus convaincante. On peut avoir certaines réserves par rapport à son Clair de lune, dont le tempo est peut-être trop fluctuant et qui est l’objet de registrations parfois pour le moins étonnantes, en plus d’un surlegato (lorsque les notes empiètent momentanément les unes sur les autres pour simuler une acoustique plus généreuse) un peu exagéré à la main droite. Mais il n’y a pas une note qui ne chante pas. Sa grisante Toccata, prise à un tempo d’enfer (l’acoustique de la salle le permet), est comme un ouragan qui emporte tout sur son passage.

Le Boléro sur un thème de Charles Raquet pour orgue et caisse claire de Pierre Cochereau (titulaire à Notre-Dame de 1955 à 1984) est pour sa part joué par un Philippe Lefebvre en transe, accompagné de Sandra Joseph et Édouard Poliquin-Michaud à la caisse claire, et accueilli par un véritable tonnerre d’applaudissements. Le concert se termine par une improvisation délirante des titulaires sur « Gens du pays », les trois musiciens se partageant le banc avec humour et beaucoup d’imagination. On en aurait redemandé!

 

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