Vendredi soir dernier, l’Orchestre Métropolitain lançait sa saison 2019-2020. Parmi les faits saillants, on remarque la présence de 4 femmes chef invitées, la venue de Joyce DiDonato à Montréal avant la tournée américaine, et plusieurs grands moments de musique. Yannick Nézet-Séguin a répondu à nos questions sur cette saison qui s’annonce palpitante.
LvM: Vous avez invité quatre cheffes d’orchestre, une première. Des commentaires à ce sujet?
Yannick N-S: « Durant la prochaine saison, je souhaite que la programmation musicale reflète l’identité profonde de l’Orchestre Métropolitain, et cela passe par une plus grande présence des femmes. Cette volonté de reconnaître le talent des femmes est ancrée dans ADN de l’OM, un orchestre paritaire depuis ses tout débuts, et nous le ferons sur tous les plans. C’est une continuité : 4 femmes chefs invitées; des œuvres de compositrices comme Karen Sunabacka, Violet Archer et Clara Schumann; plusieurs solistes qui brillent ici et à l’international, notamment Karina Gauvin, Julie Boulianne, Marina Thibeault; deux de nos musiciennes, Yukari Cousineau et Mélanie Harel, respectivement violon et cor anglais solo, agiront toutes deux à titre de solistes pour un programme chacune. »
LvM : Parlez-vous de vos liens musicaux et d’amitié avec Joyce DiDonato.
Yannick N-S: « Joyce est une artiste que je respecte et que j’admire profondément. Nos collaborations sont toujours le lieu de grands moments d’émotions. Je suis tellement heureux de l’accueillir ici à Montréal avec l’OM, puis dans cette tournée que nous vivrons aux États-Unis où elle interprétera deux airs magnifiques de Mozart, dont un où je serai au piano. Je la retrouverai aussi pour un récital, qui n’est pas en lien avec l’OM, récital que nous offrirons au Club musical de Québec, après l’avoir présenté aux États-Unis à quelques reprises, et avant de se produire au Carnegie Hall, dans le cadre de notre résidence commune.
Joyce possède une musicalité et une sensibilité qui sublime réellement les oeuvres. Faire des récitals avec elle est un bonheur absolu. Nous sommes devenus de grands amis et je pense que cette complicité se transmet sur scène. – Yannick Nézet-Séguin
Cette expérience met en lumière une autre facette de cette grande artiste, à travers l’oeuvre puissante qu’est le Winterreise (Voyage d’hiver) de Schubert, habituellement interprétée par des voix masculines. Mon rôle est tout-à-fait différent dans ce contexte interprétatif où, comme pianiste, je deviens en quelque sorte un personnage de l’aventure décrite dans l’œuvre. C’est vraiment bouleversant de vivre cette expérience si intime avec elle et de l’offrir aux gens. »
LvM: Au cours de la saison, vous allez jouer une symphonie de Jacques Hétu, musique que l’on entend rarement. Que pensez-vous de ce compositeur et de cette œuvre?
Yannick N-S: « Jacques Hétu est l’un de nos grands compositeurs québécois. L’importance de jouer des œuvres de nos compositeurs canadiens a toujours été reconnue par l’OM. Et nous sommes privilégiés d’avoir au Québec et au Canada d’excellents compositeurs. C’est un devoir pour les orchestres, non seulement de commander des oeuvres, mais aussi de rejouer celles qui ont été créées au fil des ans. Nous sommes vraiment heureux de jouer l’une des oeuvres majeures de Jacques Hétu, sa cinquième symphonie pour laquelle le Chœur Métropolitain se joindra à l’Orchestre. Ce sera d’autant plus touchant d’interpréter cette œuvre durant l’année qui marquera le dixième anniversaire de la mort du compositeur. Nous la jouerons à Montréal, et aussi à Ottawa en février 2020. »
LvM: En terminant, vos coups de cœur de la saison?
Yannick N-S: « Mes coups de coeur de la saison 2019-2020? D’abord Fidelio, en coproduction avec l’Opéra de Montréal, s’annonce comme un moment grandiose et inoubliable! La distribution est tout simplement extraordinaire. Le public sera soufflé par le talent, notamment de Lise Davidsen, à mon avis l’une des voix les plus marquantes de notre époque. Je suis enchanté par ce projet! Fidelio est une oeuvre rarement présentée et c’est avec beaucoup d’enthousiasme que j’entrevois ces deux représentations à Montréal.
Il faut aussi souligner la présence de Nicholas Angelich qui nous honorera cette saison comme soliste en résidence. Ce pianiste d’une profondeur légendaire interprétera le 5e concerto de Beethoven (empereur), et aussi les 1er et 2e concertos de Rachmaninov, complétant ainsi le cycle des concertos pour piano qu’il a amorcé au début de la saison 2018-2019 avec les 3e et 4e concertos. – Yannick Nézet-Séguin
Enfin, je suis ravi de poursuivre le projet Sibelius entrepris en 18-19; ses symphonies magnifiques conviennent si bien à l’OM ! Après avoir enregistré la 1ère pour ATMA Classique, nous poursuivrons avec la 3e. J’invite d’ailleurs les gens à écouter notre enregistrement de la première qui est maintenant disponible sur le Web. »
Deux recommandations de Ludwig van Montréal:
En plus des concerts mentionnés ci-haut, nous avons repéré quelques programmes très prometteurs. Voici nos deux recommandations:
7 février 2020: Mozart grandeur nature. En plus de la Symphonie no 5 de Jacques Hétu, l’OM interprétera la Grande Messe en do mineur avec des solistes de choix: la mezzo-soprano Julie Boulianne, le ténor Jonas Hacker et le baryton-basse Philippe Sly. DÉTAILS
17 avril 2020: Angelich et l’Empereur. Le pianiste Nicholas Angelich nous avait impressionnés lors de sa venue à la Maison symphonique, l’automne dernier. On se promet bien de l’entendre dans le Concerto no 5 de Beethoven. Sous la direction de la cheffe Elim Chan. DÉTAILS
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