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CRITIQUE | Portraits de femmes: un beau moment d'intériorité riche en émotions

Par Michel Joanny-Furtin le 22 octobre 2018

Le concert Portraits de femmes d'I Musici de Montréal sera présenté à la Maison symphonique le 21 octobre 2018. (Photos: courtoisie)
Le concert Portraits de femmes d’I Musici de Montréal était présenté à la Maison symphonique le 21 octobre 2018. (Photos: courtoisie)

Sous la direction ciselée de Jean-Marie Zeitouni, l’orchestre I Musici a su, à la manière d’un écrin, mettre en valeur les six talents vocaux féminins, ou plutôt sept, devrait-on dire, avec le chœur de chambre Schulich, de ce concert à la programmation particulière intitulée « Portraits de femmes » ce dimanche à la Maison symphonique. Un beau moment d’intériorité !

Surprise : tout commence par une voix a cappella venue du fond de la salle. Un chant mystique comme les composait Hildegarde von Bingen, ouvre le concert. Une procession chorale longe alors les sièges et rejoint la scène comme une procession se place dans un jubé. Le magnifique auditorium de la place des arts devient un temps une cathédrale virtuelle.

Cette mise en scène emmena immédiatement le public dans l’ambiance d’un cloître de religieuses. Lors de cette première pièce, et afin de donner de la profondeur sonore à ce merveilleux moment, un quatuor vocal se sépara : un duo demeure sur scène et le second prend place au balcon, derrière l’orchestre. Ce détachement du réel nous emportera toute la soirée. Chapeau !

L’intelligence du programme proposé cheminait entre des œuvres qui se complètent, ou se font écho, comme Les Sirènes de Lili Boulanger, et dont la composition démontrait cette approche « à la Bingen », toute faite de douceur, de méditation, d’intériorité, chantée avec tact et retenue par Florence Bourget. À l’image également de la longue et magnifique vocalise collective des Sirènes de Claude Debussy, extraite de Nocturnes.

Les deux parties du concert se déroulèrent quasi en miroir commençant dans l’éther mystique voire onirique, comme les Litanies à la Vierge Noire de Francis Poulenc, en poursuivant cette méditation avec des œuvres comme La Naissance de Vénus d’Ottorino Respighi (Triptyque botticellien), ou La mort d’Ophélie d’Hector Berlioz.

Une intériorité riche en émotions puisque la mort fut de la partie. Intégrant des extraits du Stabat Mater de Pergolèse dans une création, très appréciée du public, le compositeur Éric Champagne tenait à rendre hommage à une amie qui l’aura profondément marqué, la sculptrice Louise Viger, décédée en juin dernier, en composant une œuvre pleine d’amour, de souvenirs, de respect et de créativité, Le Chant des matières : Tombeau de Louise Viger. Un moment particulièrement émouvant…

 

Aline Kutan
Aline Kutan. (Photo: courtoisie)

Un sextuor vocal de talent

Impressionnante Aline Kutan ! Certes, l’air Grossmächtige Prinzessin, extrait d’Ariane auf Naxos (Richard Strauss), est en soi une prouesse technique, mais la virtuosité vocale de la soprano en a fait une pièce pleine d’attraits où la musicalité n’enviait rien à l’interprétation enjouée de la soprano.

Ah, guarda, sorella, le duo des sœurs du Cosi fan Tutte de Mozart a mis en parfait écho les belles voix de la soprano Cécile Muhire et la mezzo-soprano Mireille Lebel. Un mariage vocal réussi. Et la soprano France Bellemare a enchanté la salle avec son délicat Sengza mamma, o bimbo tu sei morto de Suor Angelica (Giacomo Puccini)

Le rire s’invita parfois dans ce programme. Par les textes, un peu, et par la musique, beaucoup, avec, outre le Ariane auf Naxos d’Aline Kutan, Love Suit, extrait de Svadba d’Ana Sokolovic. Un florilège de sons, de mots et d’onomatopées chantées par six femmes, dont la mezzo-soprano Hélène Delalande. Un ensemble musical très drôle (inspiré par un enterrement de vie de jeune fille traditionnel) qui n’était pas sans rappeler les chants et danses de séduction des oiseaux, et qui a enthousiasmé le public.

Lus par la comédienne Anne-Marie Cadieux, les textes s’intercalaient avec les pièces musicales. Une alternance d’écrits (J. Joyce, W. Woolf, P. Verlaine, M. Ugay, Euripide, etc.) mêlant les joies et les peines, les amours et les adieux, à même d’illustrer par les mots les pièces annoncées.

Et pour parachever cette trop brève exposition de portraits de femmes, Now Until the Break of Day (Le Songe d’une nuit d’été, Benjamin Britten) a rassemblé toutes ces artistes (cantatrices et narratrice) dans une prestation drôle et enjouée mêlant le chant et la parole. Une belle façon de terminer dans la joie un concert lourd en émotions…

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