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CRITIQUE | Une journée à la Virée classique de l'OSM

Par Jeanne Hourez le 1 septembre 2018

Kenny Broberg
Kenny Broberg, médaillé d’argent du Concours Van Cliburn, était à la Virée classique. (Photo: courtoisie de l’OSM)

En ce premier jour de septembre, il n’y avait qu’un seul endroit où tout amateur de musique classique se devait d’être : La Virée Classique, un évènement incontournable organisé depuis 7 ans par l’OSM, qui propose de nombreuses activités gratuites en plus d’une trentaine de concerts.

C’est avec le Pierrot Lunaire d’Arnold Schoenberg, une œuvre emblématique de l’École de Vienne, que notre journée a commencé. Composée en 1912, cette pièce a révolutionné l’écriture de la musique notamment avec l’utilisation du sprechgesang, une technique de voix parlée-chantée exploitée ici dans son entièreté à travers 21 poèmes accompagnés de six instrumentistes (violon, alto, flûte, clarinette, violoncelle et piano).

La violoniste moldave Patricia Kopatchinskaja était la tête d’affiche de ce concert. Un pari risqué que la jeune femme a su relever avec brio, malgré une salle à moitié remplie et un public assez difficile. La musicienne introduit beaucoup d’humour dans sa prestation très théâtrale, un peu assombrie au début par la sonorisation trop importante de son micro.

Se faisant comédienne le temps de l’œuvre de Schoenberg, elle n’hésite pas à utiliser quelques accessoires sur scène pour augmenter l’effet dramatique, ou à prendre le violon pour proposer des intermèdes musicaux choisis avec intelligence : l’Ouverture de Pulcinella de Stravinsky pour violon et piano, ainsi que deux duos pour 2 violons de Bartok. Patricia Kopatchinskaja a pu s’appuyer sur des musiciens solides (Axel Strauss, Neal Gripp, Chloé Dominguez, André Moisan, Albert Brouwer, Brigitte Poulin) dirigés par Adam Johnson, qui lui ont permis de très beaux changements d’atmosphères pour chacune des 21 poèmes.

Notre journée s’est poursuivie avec le concert du Fine Arts Quartet qui interprétait tout d’abord le Quatuor à cordes en Ré majeur, op.64 n°5, HOB. III : 63, dit L’alouette, de Joseph Haydn. Ce quatuor formé depuis 1946 a renouvelé deux de ses membres en 2018 (Gil Sharon, alto et Niklas Schmidt, violoncelle), ce qui explique peut-être certains moments de flottement ou de désynchronisation surprenants. De manière générale, l’interprétation est plutôt classique, sans fioriture ni surprise, mais peut-être un peu trop sage. Le Fine Arts Quartet a ensuite interprété le Quatuor à cordes n°1 en Mi bémol Majeur op.12 de Felix Mendelssohn. Encore une fois, on a pu regretter le manque de fantaisie, d’éclats et de corrélation dans certains passages malgré un bon équilibre et de belles envolées lyriques.

 

Zoltán Fejérvári
Zoltan Fjevari, pianiste et lauréat du CMIM 2017, donnait un récital à la Virée classique. (Photo: courtoisie de l’OSM)

Deux récitals de piano

C’est par deux récitals de piano très différents que s’est terminé notre passage du jour à la Virée Classique. Tout d’abord, celui de Zoltán Fejérvári, le lauréat hongrois du CMIM 2017 puis celui de Kenny Broberg, récipiendaire de la médaille d’argent au concours Van Cliburn 2017, précédé du Premier Prix au Hastings International Piano Competition.

Les deux musiciens ont choisi d’ouvrir leur programme avec du Bach (le Caprice en Si bémol majeur pour Fejérvári et la Toccata en do mineur pour Broberg) interprété de manière très hétérogène. Fejérvári demeure dans le respect de la tradition baroque, usant peu de pédale et restant dans un état d’esprit intimiste, tandis que Broberg penche davantage vers une version romantique et colorée, n’hésitant pas à prendre quelques risques sur le plan des nuances.

Fejérvári a ensuite continué avec les Waldszenen op.82 de Robert Schumann, neuf courtes pièces bucoliques qui peignent différents tableaux de la forêt. Son jeu est très clair et les caractères différents de chaque scène sont reliés par un filon conducteur plus intérieur, comme un rêve personnel. Peu de superflu une fois de plus dans la Novelette en Fa Majeur op.21 n°1 du même compositeur, interprétée avec beaucoup d’aisance, et qui clôt ce joli récital.

De son côté, Kenny Broberg a choisi un programme plus éclectique en associant à Bach Beethoven et sa Sonate n°24 « À Thérèse », op.78 et la Sonate pour piano en mi bémol mineur op.26 de Samuel Barber. Le jeu de ce jeune pianiste est passionnant par sa grande palette sonore et sa capacité à nous intéresser sans cesse. Qu’il s’agisse du Beethoven où les nuances contrastées nous permettent une compréhension claire de cette sonate plutôt ingrate, ou du Barber à la fois dramatique, brillant, aux accents de jazz, il y a toujours une ligne de chant qui émerge, et pas toujours celle à laquelle on s’attend. On se souviendra notamment de cette douleur planante proposée dans le 3ème mouvement du Barber, enchaînée sur la folie du 4ème, une fugue complètement explosive.

Petit regret de manière générale pour le peu de personnes présentes à ces deux récitals, qui, sans nul doute, valaient tout à fait le coup de s’y arrêter. C’est sans compter cependant les nombreux curieux s’arrêtant ici et là pour tendre l’oreille et écouter quelques notes des concerts proposés gratuitement.

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