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OPÉRA | Lotus Lives: de l'opéra au slam en passant par le théâtre d'ombres

Par Frédéric Cardin le 2 avril 2018

Stéphanie Pothier, méconnaissable dans l'opéra Lotus Lives. (Crédit: Mathieu Poirier)
Stéphanie Pothier, méconnaissable dans l’opéra Lotus Lives. (Crédit: Mathieu Poirier)

Les 6 et 7 avril prochain à Montréal, au Gesù, sera donnée la création hors États-Unis de l’opéra Lotus Lives (Les vies de lotus) de Su Lian Tan, une compositrice états-unienne originaire de Malaisie. Un opéra intrigant aux influences multiples, sous la direction musicale de Dina Gilbert. 

Lotus Lives marie les références occidentales et orientales, la musique contemporaine savante avec la pop des années 1980 et le slam (une forme de poésie scandée rythmiquement sur de la musique, du hip-hop littéraire, diront certains), ainsi qu’une mise en scène colorée où se côtoieront projections vidéo, théâtre d’ombres asiatique et musiciens sur scène.

 

 

La distribution, en partie québécoise, mettra en scène la mezzo-soprano Stéphanie Pothier, qui joue le rôle principal de Lily, la soprano Deborah Lifton, l’ensemble de cuivres et percussions Magnitude6 sous la direction de Dina Gilbert et le metteur en scène Claudio Medeiros.

Lotus Lives raconte l’histoire de Lily, une malaisienne émigrée à Londres qui constate que le regard des hommes occidentaux à son égard est bourré de stéréotypes, et que le carcan dans lequel elle a l’impression de se faire emprisonner par ce regard lui rappelle étrangement l’éducation stricte et sévère qu’elle a reçu de ses parents.

C’est contre cette double pression sociale que Lily se révolte. Et c’est grâce au personnage de sa grand-mère, suffragette militante et courageuse d’une autre époque, en Malaisie, que Lily trouvera en partie l’ancrage nécessaire pour mener sa lutte.

Lotus Lives témoigne de ce combat féministe à la fois enraciné dans l’histoire et résolument actuel à travers de multiples références croisées, autant formelles que symboliques (Occident et Orient), savantes et populaires, dramatiques et humoristiques.

Le défi de la clarté

Pour le metteur en scène Claudio Medeiros, le grand défi a été de rendre toute la proposition la plus claire possible pour le grand public. Certaines techniques du théâtre traditionnel Nô sont utilisées, à savoir la perméabilité des personnalités. Tour à tour, et de manière abrupte, Stéphanie Pothier peut jouer le rôle de Lily puis, soudainement, celui de sa grand-mère, puis une tante, etc.

Il faut absolument s’assurer que la compréhension du récit ne soit pas entachée par ces techniques plus familières aux connaisseurs cultivés asiatiques.

Grand Corps Malade à la rescousse

La musique a aussi représenté un important défi. Su Lian Tan y fait cohabiter les techniques contemporaines de pointe avec des références à la pop des années 1980 et aussi au slam. Stéphanie Pothier a dû se familiariser avec cette technique peu fréquentée en art lyrique avec de nombreux conseils, son propre talent, et aussi en écoutant des slammeurs professionnels (comme Grand Corps Malade).

Ombres féériques et symboliques

L’un des moments les plus spectaculaires du spectacle risque d’être l’épisode du théâtre d’ombres, conçu par Tim Bartlett.

Un théâtre d’ombres qui donne vie à un conte traditionnel dans lequel une jeune fille trop rebelle face à son éducation est envoyée quelque temps chez la déesse de la Lune pour y être éduquée correctement. À son retour, elle est devenue tellement sage, tellement posée et obéissante que sa mère de la reconnaît plus. Pour elle, sa fille est morte. L’allusion et la symbolique avec le combat que mène Lily sont évidentes.

Techniquement, et pendant presque 15 minutes, les spectateurs pourront assister à un ballet visuel original, projeté sur écrans et mêlant deux types de théâtre d’ombres asiatique, le Chinois et le Malaisien (plus spécifiquement le Peranakan, issu de la culture d’immigrants chinois en Malaisie). Une danseuse ajoutée numériquement à l’ensemble imprime au résultat final une impression de singularité qui dynamise une tradition empreinte de féérie et de magie.

Lotus Lives démontre que Montréal prend sa place dans la modernité de l’art lyrique. Depuis quelques années en effet, les créations opératiques originales remportés de beaux succès dans la métropole. Les feluettes, Another Brick in the Wall, JFK (en première hors États-Unis), puis Lotus Lives cette fois, tous ces opéras témoignent de la vie palpitante qui habite l’opéra moderne, et de la place, encore modeste peut-être mais grandissante, que Montréal y occupe.

Ce spectacle fait partie de la programmation du Vivier, carrefour des musiques nouvelles.

Lotus Lives, les 6 et 7 avril, 20 h salle du Gesù. Rencontre pré-opéra avec la compositrice à 19 h le 6.

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