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ESSAI | JFK, le rêve interrompu

Par Hélène Dorion le 1 février 2018

Jackie Kennedy (Daniela Mack) et JFK (Matthew Worth) dans la production JFK de l'Opéra de Montréal, présentée du 27 janvier au 3 février. (Crédit: Yves Renaud)
Jackie Kennedy (Daniela Mack) et John F. Kennedy (Matthew Worth) dans la production JFK de l’Opéra de Montréal, présentée jusqu’au 3 février. (Crédit: Yves Renaud)

Il y a des moments si marquants dans l’histoire que l’on se souvient précisément où l’on était et ce que l’on faisait quand ils se sont produits. L’assassinat de John F. Kennedy est l’un d’eux.   J’avais cinq ans, j’étais en train de jouer dans ma chambre. Ma mère, qui se trouvait dans le salon, a tout à coup poussé un cri. Je me rappelle m’être approchée du téléviseur en fixant sans comprendre ces images qui tournaient en boucle. Une voiture accélérait brusquement alors qu’une femme essayait de saisir quelque chose derrière la tête de l’homme qui était à ses côtés.

Je n’ai jamais oublié cette scène. Et tous ceux qui l’ont revue durant des jours, des semaines, ne l’ont jamais oubliée. Le président Kennedy avait été assassiné. Le plus jeune et le plus charismatique des présidents américains, celui qui a serré la main de Khroutchev et amorcé la détente de la guerre froide, celui qui incarnait le renouveau du XXe siècle américain, qui avait promis la conquête de la Lune, la fin de la ségrégation raciale et l’égalité des droits civiques, celui qui a inspiré toute une génération, et dont le nom continue de résonner aujourd’hui, ce président avait été assassiné.

Le destin – comme on appelle ce chemin inconnu devant soi – en avait décidé ainsi. Et avec la mort de ce président s’étaient brisés des rêves, s’étaient écrasés des espoirs.

Cependant, derrière le rideau de la scène publique où John F. Kennedy est devenu un mythe, mais resté une énigme, se trouve une vie humaine. C’est cette intimité que le librettiste Royce Vavrek et le compositeur David T. Little ont voulu faire revivre dans l’opéra JFK. Ils nous invitent donc à entrer dans la vie privée de John et de son épouse Jackie en recréant de manière imaginative – et à travers des tableaux parfois même surréalistes – la nuit qui a précédé l’assassinat, nous livrant ainsi une adaptation très libre de ce que l’on connaît d’eux.

On ne manquera pas de s’étonner que le librettiste ait choisi de transmettre l’image d’un JFK plutôt fade, un homme sans personnalité, faible et plus hanté par ses angoisses qu’habité par ses aspirations et par la volonté de servir le peuple qui l’a élu – une image on ne peut plus éloignée de la réalité, et qui le réduit à n’être qu’une sorte de pantin accablé par un destin maléfique.

Devant cette image d’un couple brisé par la perte de deux enfants et déchiré par les infidélités de John, devant ce tableau quasi parodique d’un Lyndon B. Johnson et de ses acolytes déguisés en cowboys texans avides de pouvoir et de sexe, devant l’évocation de la jeune sœur, Rose, lobotomisée à 23 ans, le rideau tombe et laisse voir les promesses rompues, les leurres et les désillusions, les idéaux que le destin a brutalement interrompus. Car en même temps que se révèle l’intimité de cet homme abattu, presque ténébreux, dépendant de la morphine et tourmenté par des cauchemars qui le projettent à la fois dans un passé douloureux et dans ses pires appréhensions se dessine le précipice dans lequel s’engloutissent nos rêves et nos espoirs souvent trop éphémères.

Où est ce monde qui nous promettait la lune ?

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