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NOUVELLE | L'Opéra de Montréal fait de la politique

Par Caroline Rodgers le 20 janvier 2018

La publicité de l'Opéra de Montréal telle que publiée dans les journaux ce week-end. (Photo: page Facebook de l'Opéra de Montréal)
La publicité de l’Opéra de Montréal telle que publiée dans les journaux de Montréal ce week-end. (Photo: page Facebook de l’Opéra de Montréal)

L’Opéra de Montréal a fait publier ce matin une publicité dans les quotidiens Le Devoir et Montreal Gazette annonçant qu’il verserait 5 $ par billet vendu à partir d’aujourd’hui pour l’opéra JFG à la Fondation KANPE, qui vient en aide à Haïti. L’annonce s’accompagne d’une déclaration à saveur fortement politique.

La déclaration se lit comme suit:

« JFK souhaitait abattre des murs et non en bâtir. JFK considérait l’Amérique comme une nation d’immigrants sans égard à leur lieu de naissance. Nous croyons que l’Amérique peut toujours rêver et qu’Haïti ni aucun autre pays ne vaut moins qu’un autre. »

Le message est évidemment lourd de références aux différentes positions adoptées par le président Donald Trump, qui prône la construction d’un mur entre les États-Unis et le Mexique ainsi que la restriction sévère de l’accès au territoire américain pour les ressortissants de plusieurs pays musulmans, une mesure appelée « Muslim ban » par les médias, et vigoureusement combattue devant les tribunaux.

Dans l’actualité plus récente, le message réfère évidemment à cette énième déclaration incendiaire de Trump, rapportée pas plusieurs médias :

« Why are we having all these people from shithole countries come here? » – Donald Trump

Ajoutant que les États-Unis devraient avoir plus d’immigrants provenant de la Norvège, Trump a aussi déclaré :

« Why do we need more Haitians? Take them out. »

Ces déclarations ont ensuite été niées par la Maison Blanche, mais elles ont déclenché une véritable tempête médiatique. Des personnalités telles qu’Anderson Cooper y sont allés d’éditoriaux à la défense d’Haïti et condamnant les propos du président.

Un parfait « timing »

Dans ce contexte, le geste de l’Opéra de Montréal sera peut-être qualifié d’opportunisme par les plus cyniques, et il faut admettre que c’est un coup de publicité brillant. Néanmoins, quelle que soit l’analyse qu’on en fait, il s’agit d’une main tendue vers Haïti et l’important apport de la communauté haïtienne à Montréal.

« Ce n’est pas une coïncidence que nous ayons choisi Haïti. La Fondation KANPE nous a approchés parce qu’il y a un lien fort entre l’oeuvre qu’on présente et l’actualité. C’était une occasion idéale, avec tout ce qui se passe aux États-Unis, d’attirer l’attention sur l’oeuvre et sur l’accueil que le Québec fait à la diaspora haïtienne », explique Michel Beaulac, directeur artistique de l’OdM, soulignant que la compagnie d’opéra montréalaise contribue régulièrement à des causes sociales ou humanitaires.

« Quand nous avons présenté Dead Man Walking, nous avons fait intervenir Amnistie internationale et Soeur Helen Prejean. Quand on a fait Porgy and Bess, c’était pendant le Mois de l’histoire des Noirs et on a invité le Montreal Jubilation Gospel Choir, et pour le Barbier de Séville, on a fait un partenariat avec Movember. Quand ça s’y prête et qu’on peut en faire profiter une cause, on le fait. On sait ce qui s’est passé l’été dernier, toutes les personnes qui quittaient les États-Unis à la recherche d’un asile. »

« La présentation de JFK nous amène à souligner la différence entre la présidence américaine telle qu’on la concevait dans les années 1950 et 1960, et celle d’aujourd’hui. » – Michel Beaulac.

« Le but premier de notre démarche est certainement humanitaire, par ce 5 $ que l’on donnera par les billets qui sont vendus, mais c’est aussi pour servir la cause de la musique. »

Dans le contexte politique actuel, l’opéra JFK a une résonnance particulière.

« Quand nous avons participé à la commande de cette oeuvre, il y a trois ans, nous étions loin de nous douter que les circonstances politiques seraient ce qu’elles sont en ce moment, ajoute Michel Beaulac. C’est certain que cette campagne publicitaire fait partie d’une démarche de mise en marché, mais on veut en faire profiter plusieurs causes, dont celle de la musique, mais aussi une cause humanitaire. »

« Au-delà de la beauté et de la puissance de cette oeuvre, et de sa dimension historique, à cause des circonstances actuelles, ça devient comme un cri qu’il faut lancer. »

Et au-delà de la cause d’Haïti, il y a aussi la cause de la musique et celle des opéras contemporains.

En effet, même lorsqu’ils touchent des enjeux sociaux importants tels que la peine de mort (Dead Man Walking), ceux-ci n’attirent pas autant le public que les grands classiques.

« Ce qui se passe, chaque fois, à travers le bouche à oreilles, c’est que les gens, une fois que la production est terminée, nous demandent quand on va la présenter de nouveau. Ils ne réalisent pas que ce n’est pas possible pour nous, à cause de la complexité et des coûts des productions, de les remettre à l’affiche. C’est ce qui est arrivé avec Silent Night et avec Les Feluettes. Et moi, je ne veux pas que les gens ratent cette occasion de voir JFK, car c’est une oeuvre historique magnifiquement écrite. »

Politique, social, humanitaire: l’opéra continue de prouver sa pertinence en 2018.

L’opéra JFK, de David T. Little, sera présenté du 27 janvier au 3 février à la salle Wilfrid-Pelletier.

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