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L'AVANT-CONCERT | Les Journées mondiales de la musique contemporaine "BIS" : de haut calibre artistique

Par Normand Babin le 10 novembre 2017

L'Ensemble contemporain de Montréal (ECM+) s'est produit devant une salle comble au Roundhouse Theater de Vancouver. (Crédit: Jan Gates)
Andréa Tyniec, Véronique Lacroix et l’ECM+ au Roundhouse de Vancouver pendant les Journées mondiales de la musique contemporaine. (Crédit: Jan Gates)

Lundi dernier, dans le cadre des Journées mondiales de la musique contemporaine, l’Ensemble contemporain de Montréal (ECM+) se produisait devant une salle comble au Roundhouse Theater de Vancouver. Au programme : trois premières canadiennes de jeunes compositeurs européens et la création d’une œuvre pour violon et petit ensemble d’Ana Sokolović. Notre auteur invité, Normand Babin, commente le concert qu’il a écouté avec beaucoup d’attention, et qui sera repris à Montréal le 14 novembre.

L’événement était diffusé en direct sur Livestream. Les Journées mondiales de la musique contemporaine sont chapeautées par la Société internationale de musique contemporaine, organisme qui existe depuis 1922 et qui a vu à la création d’œuvres aussi célèbres que le Concerto « à la mémoire d’un ange » d’Alban Berg. Elles rassemblent compositeurs, interprètes et conférenciers dans un environnement stimulant qui favorise l’échange et la création. Le concert qu’y présentait L’ECM+ sera repris à Montréal à la salle du Conservatoire, le mardi 14 novembre prochain. Il a permis d’avoir un excellent aperçu de ce à quoi on peut s’attendre.

Vent et poésie

Le concert s’ouvre avec une œuvre assez ténébreuse de Grzegorz Pieniek, compositeur d’origine polonaise vivant et travaillant à Vienne. Jede Nacht besucht uns ein Traum évoque les mélodies du vent. Même le piano et les percussions semblent soudainement souffler dans leurs instruments. Cet opus de Pieniek est inspiré d’une série de dessins d’Alfred Kubin, artiste autrichien du début du XXe siècle à l’univers à la fois surréaliste et sombre, voire glauque. La musique rend très bien l’épouvante et l’impression de froid dans le dos du travail pictural. Avec des moyens minimalistes et des chuchotements, cette musique frissonnante effleure l’auditeur sans le brusquer.

En toute logique suivra la musique de Martin Rane Bauck qui enfonce par de tout petits coups l’auditeur dans ses pensées les plus mélancoliques. Le titre, wie tau von dem fruhgras est un vers de Rainer Maria Rilke tiré du recueil des Élégies à Duino. Le compositeur norvégien traduit le nihilisme poétique par un pointillisme musical d’une grande douceur. Avec une grande économie de moyens, Bauck utilise les instruments en contre-emploi la plupart du temps : le percussionniste frotte du papier sablé contre une surface satinée. Au piano, on frotte les cordes. Aux vents, on souffle dans l’instrument sans produire de notes. Les sons doux et fugaces surgissent et disparaissent sans laisser de traces. Un ange passe. Si on apprécie Rilke, on aura compris que l’œuvre est réussie.

Curieusement, Astiro, qui signifie « lentement » en euskara, la langue basque, est la pièce où il y a le plus d’action parmi ces trois premières canadiennes. L’œuvre d’Iñaki Estrada Torio, basque d’Espagne, demande une certaine virtuosité à ceux qui s’y attaquent. Un déluge de petites notes, une lente montée lyrique et dramatique en font une œuvre à la structure claire à laquelle l’auditeur, connaisseur ou néophyte, pourra se rattacher. Un grand nombre de glissandos et de cascades descendantes évoquent un magma sonore qui rampe lentement, qui progresse encore plus lentement. La lenteur n’est-elle pas différente selon qui la perçoit? Sous l’apparence de grande vélocité et virtuosité, la lente évolution de la pièce dans ses harmonies et sa rythmique nous hypnotise.

Concerto pour violon d’Ana Sokolović

Malgré le haut calibre artistique de cette première partie, c’est toutefois la création d’Evta, un concerto pour violon et petit ensemble de notre estimée Ana Sokolović qui sera le point fort de cette soirée. Bien que ce soit subtilement perceptible, l’œuvre est divisée en sept parties dédiées aux sept couleurs du chakra. Les mouvements s’enchaînent toutefois sans interruption. Ce que tous entendront sera l’aspect chatoyant de cette musique.

Sokolović s’est inspiré de musiques gitanes, ce qui se perçoit aisément notamment dans la première cadence du violon, longue et redoutable. Les rythmes qui donnent envie de danser, les mélismes, l’envoûtement des mélodies : tout y est. Il y a aussi, sous-jacent, un hommage aux grands concertos pour violons, on pense à ceux de Sibelius et de Tchaïkovski, notamment par les traits virtuoses, les arpèges éblouissants suivis de notes pincées, les harmoniques, etc.

La violoniste Andréa Tyniec maîtrise parfaitement la matière musicale, la fait sienne et a livré, dès la première mondiale d’Evta, une version qui sera forcément référentielle. Tyniec mord dans la mélodie et vient nous chercher par le bas-ventre. Une musique qui gueule, qui chante et qui vit!

Véronique Lacroix et l’ECM+ ont cette incroyable habileté d’embarquer à fond de train dans tous les projets et de les mener à bon port avec grâce et qualité d’interprétation. On ne dira jamais assez combien cet ensemble et sa formidable directrice artistique ont fait pour la musique de création. Ils offriront, ce mardi, un concert déjà bien rodé.

L’ECM+ ajoutera au programme du 14 novembre une autre œuvre d’Ana Sokolović, Pesma, avec la mezzo-soprano Krisztina Szabo.

Journées mondiale de la musique contemporaine – World New Music Days – Bis, mardi 14 novembre 2017, 19h30, salle de concert du Conservatoire de musique de Montréal

Programme :

Ana Sokolović : Evta
Ana Sokolović : Pesma
Grzegorz Pieniek : Jede Nacht besucht uns ein Traum
Martin Rane Bauck : wie tau von dem frühgras
Iñaki Estrada : Astiro

Véronique Lacroix, chef
ECM+, 12 musiciens

Solistes :
Andréa Tyniec (violon)
Krisztina Szabó (mezzo)

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Pour en savoir plus sur l’ECM+, visitez leur page-membre sur Ludwig van Montréal. 

 

 

 

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