Depuis quelques années, parmi les compositeurs québécois actuels, Simon Bertrand est l’un de ceux dont les œuvres sont les souvent jouées, ici et à l’étranger. L’une de ses pièces, La Chasse-galerie, est au centre d’un concert de l’Orchestre symphonique de Montréal donné demain à la Maison symphonique, La Chasse-galerie et autres contes fantastiques, sous la direction du chef Marc David, avec le quatuor de saxophones Quasar.
Initialement, La Chasse-galerie était une commande de la SMCQ, créée en 2013 pendant la résidence du compositeur à l’Orchestre symphonique de Longueuil.
« Mon idée était d’écrire un concerto pour quatuor de saxophones, car je suis un ancien saxophoniste. Je voulais écrire un concerto pour Quasar. Finalement, j’ai plutôt décidé d’intégrer ce quatuor dans un conte, avec un narrateur, pour maximiser les chances que l’œuvre soit rejouée. Je voulais faire un concept comme L’Histoire du soldat, avec un conte québécois. »
La tactique a fonctionné : La Chasse-galerie a été jouée en Corée le 9 septembre dernier par le Gustav Mahler orchestra de Hong Kong et le Danish Saxophone Quartet dans le cadre du Festival international Busan Maru, où Bertrand avait gagné le Grand prix de composition, en 2014. Elle sera aussi jouée treize fois en France, pour une tournée de l’Orchestre national d’Ile-de-France, qui se termine à la Philharmonie de Paris le 2 décembre sous la direction d’Andrei Feher. Selon lui, Simon Bertrand deviendra ainsi le premier compositeur québécois dont la musique sera jouée dans cette salle prestigieuse. Ce concert intitulé « Au Pays du Caribou », est donné en matinée, le même jour que celui de l’Orchestre Métropolitain en tournée sous la direction de Yannick Nézet-Séguin. Le tout est programmé dans le cadre d’un « Week-end Montréal » à la Cité de la musique/Philharmonie de Paris.
Une légende en plusieurs versions
La légende de la chasse-galerie a inspiré de nombreux artistes. Récemment, elle devenait un film du réalisateur Jean-Philippe Duval. À l’origine, il s’agirait d’une histoire amérindienne, transformée au fil du temps. Elle existe en plusieurs versions dont la plus célèbre est celle d’Honoré Beaugrand, qui n’est pas celle qu’a utilisée Simon Bertrand.
« J’ai adapté le texte, dit-il. C’est un mélange de plusieurs versions que j’ai trouvées. Certaines versions finissent bien et d’autres finissent mal. Dans certaines, les bûcherons se réveillent au campement et se demandent s’ils n’ont pas juste rêvé. Dans d’autres, comme ils n’ont pas respecté leur pacte avec le diable, ils sont condamnés à voler dans le ciel pour l’éternité. Moi, comme on le fait parfois au cinéma, j’ai fait une « fin alternative ». Ça finit bien dans la première, et puis le narrateur dit « oups, est-ce que c’est vraiment comme ça que ça se termine? », et ensuite, ça finit mal. »
Des œuvres qui voyagent
Quelques jours après avoir assisté à la prestation de La Chasse-galerie en Corée, Simon Bertrand reprenait l’avion pour Amsterdam afin d’assister à la création de son quatuor à cordes avec theremine, The Invisible Singer, par le Utrecht String Quartet, dans le cadre du Gaudeamus Musikwiek.
L’an dernier, des œuvres de Simon Bertrand ont été jouées par plusieurs orchestres canadiens, dont ceux de Toronto, Edmonton, Québec et Terre-Neuve.
Mahler
Le 10 octobre, l’Orchestre Appassionata jouera sa première pièce orchestrale, un hommage à Mahler intitulé Rideaux et fanfares, qui date de 2003. Un concert intitulé Grandiose Mahler, sous la direction de Jean-Philippe Tremblay, à la salle Bourgie.
« Mahler a été l’un de mes grands coups de cœur musicaux quand j’ai commencé à étudier la composition. Rideaux et fanfares ne dure que cinq minutes, mais elle a été ma pièce la plus jouée en carrière. Il y a un bouquin génial d’Adorno sur Mahler, qui s’appelle Mahler : une physionomie musicale, où il parle de toutes ses symphonies. Le premier chapitre du livre s’appelle Rideaux et fanfares. C’est là que j’ai pris mon titre. »
Simon Bertrand est reconnu pour toujours se porter à la défense de ses pairs et dénoncer les injustices ou les oublis dont les compositeurs québécois sont victimes. On se souviendra notamment d’une pétition qu’il avait lancée, l’hiver dernier, pour protester contre un prix dérisoire offert par le Parlement du Canada pour le Concours de composition À vos cloches.
« C’est tellement un travail de solitaire. Les gens ne se rendent pas compte des mois de travail qu’il peut y avoir derrière une œuvre de quinze minutes. »
Le concert La Chasse-galerie et autres contes fantastiques sera présenté le 1er octobre, 14 h, à la Maison symphonique. Aussi au programme, des œuvres de Debussy, Stravinsky et Ravel. Narrateur : Patrice Bélanger.
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