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CRITIQUE | Don Giovanni aux JMC : une production rafraîchissante

Par Caroline Rodgers le 28 octobre 2017

Les Jeunesses musicales du Canada présentent Don Giovanni, de Mozart, en collaboration avec le Festival d’opéra de Québec. Cette première montréalaise lance une tournée de plus de 20 représentations à travers le Québec. (Crédit photo: Antoine Saito)
Les Jeunesses musicales du Canada présentent Don Giovanni, de Mozart, en collaboration avec le Festival d’opéra de Québec. Cette première montréalaise lance une tournée de plus de 20 représentations à travers le Québec. (Crédit photo: Antoine Saito)

Le moins que l’on puisse dire, c’est que les artisans des tournées des Jeunesses Musicales Canada ne manquent pas de créativité quand vient le temps de monter des classiques avec des moyens matériels plutôt modestes. Le Don Giovanni de Mozart qui était présenté à la Maison de la culture Frontenac, cette semaine, nous a permis de découvrir une petite production aux grands mérites artistiques marquant le départ d’une tournée au Québec et dans les Maritimes.

Cette première montréalaise de la 25e production d’opéra des JMC était aussi le fruit d’une première collaboration avec le Festival d’Opéra de Québec. La troupe de jeunes chanteurs choisis lors d’auditions nationales s’y est démarquée par son talent dans une amusante mise en scène maritime d’Oriol Tomas.

L’action est transposée à notre époque, sur un bateau à quai dans une marina. Le décor, minimaliste, est constitué de trois panneaux figurant les parois d’un bateau et dotés de hublots. Une passerelle permet aux personnages d’entrer et de sortir pour aller, entre autres, sur un autre bateau, celui-là invisible, qui représente la demeure de Don Giovanni. Selon le personnage, les costumes, très appropriés, sont de chics tenues de croisière, des attirails de plage ou des habits de marin. Le Commandeur, en capitaine de son vivant, sera transformé en scaphandrier, plutôt qu’en statue, une fois mort. La métaphore maritime se tient jusqu’au bout.

Il faut comprendre que la production est destinée à voyager à travers à bord d’un seul camion, ce qui explique cette économie de moyens. Le tout est efficace, bien qu’un peu statique. L’absence de changements de décors est toutefois compensée par l’excellent jeu scénique des chanteurs, qui bougent énormément, exploitant cet espace au maximum. Pour ajouter du mouvement, les jeux d’éclairages auraient pu être plus élaborés.

La distribution des rôles a été menée de main de maître, car chaque chanteur a véritablement la tête de l’emploi. Dans l’ensemble, les voix sont bonnes, en particulier chez les dames.

Le baryton Geoffroy Salvas (Don Giovanni) et la soprano Cécile Muhire (Zerlina). (Crédit: Antoine Saito)
Le baryton Geoffroy Salvas (Don Giovanni) et la soprano Cécile Muhire (Zerlina). (Crédit: Antoine Saito)

Don Giovanni lui-même (Geoffrey Salvas) a plutôt l’allure d’un séducteur du dimanche, mais il est convaincant dans ses mimiques et dans sa gestuelle. Sur le plan vocal, on constate une voix puissante avec beaucoup de potentiel mais qui manque de finition et de souplesse, ce qui sera corrigé avec l’expérience, l’amélioration de la technique et surtout, une meilleure maîtrise du style. Les débuts et fins de phrases sont abrupts et son phrasé, un peu carré, n’est pas très mozartien. Malgré ces petites imperfections, le jeune chanteur, assez charismatique, demeure fort agréable à écouter et à voir.

Dans le rôle de son valet Leporello, Dominic Veilleux a une très bonne voix et un talent certain d’acteur comique. La basse Scott Brooks, membre de l’Atelier lyrique de l’Opéra de Montréal, est savoureux en Masetto, qu’il campe à la manière d’un personnage de film américain. Toutefois, il n’a pas encore l’ampleur et la profondeur nécessaires dans les graves pour faire le Commandeur. Le ténor Sebastian Hobockzki s’investit à fond dans son rôle mais semble atteindre la limite de ses moyens techniques à quelques occasions.

Cette version concentrée de Don Giovanni a tout pour plaire. (Crédit: Antoine Saito)
Cette version concentrée de Don Giovanni a tout pour plaire. On recommande tout à fait le spectacle pour passer une soirée pleinement satisfaisante. (Crédit: Antoine Saito)

C’est du côté des femmes que l’on réalise les plus belles découvertes, puisque les trois sopranos sont excellentes. La flamboyante soprano Odei Bilodeau impressionne en Donna Elvira, tant par sa solide présence sur scène que par sa voix magnifique. On peut en dire autant de Susan Elizabeth Brown, dont le style est complètement différent. Elle incarne admirablement la personnalité vulnérable mais résiliente et touchante de Donna Anna. Cécilia Muhire est absolument charmante et crédible en Zerlina. On rêve déjà de la réentendre.

La partie instrumentale est assurée par le pianiste Richard Coburn, que l’on peut qualifier de héros. Il faut toute une présence d’esprit, une concentration et une endurance pour remplacer un orchestre et soutenir des chanteurs, seul, pendant des heures, même si l’œuvre est écourtée par la suppression de certains passages.

Cette version concentrée de Don Giovanni a tout pour plaire et si les mélomanes avertis regretteront le retrait de parties qu’ils aiment, l’envers de la médaille est que cela en fait un spectacle plus accessible aux néophytes, ce qui est parfait pour une tournée en région. On recommande tout à fait le spectacle pour passer une soirée pleinement satisfaisante.

La présentation du sujet par Oriol Tomas dans cette réalité contemporaine nous ramène inévitablement aux scandales et agressions sexuelles qui défraient les manchettes depuis quelques semaines, alors que plusieurs abuseurs ont été dénoncés publiquement et condamnés par l’opinion publique – à défaut de l’être par la justice. Mozart a toujours été, et restera toujours, actuel.

***

La prochaine représentation de Don Giovanni aura lieu le 4 novembre, à Gatineau. Pour voir l’horaire complet de la tournée, consultez le site des JMC.

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