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ENTRETIEN | Révolution "You Say You Want a Revolution"

Par Réjean Beaucage le 23 septembre 2017

L'exposition Révolution que présente le Musée des beaux-arts de Montréal jusqu'au 9 octobre 2017, avec ses quelque 700 œuvres ou artefacts, ne peut que survoler l'extraordinaire activité culturelle et sociale qui a transformé le monde et changé la vie à partir de la deuxième moitié des années 1960. (Crédit photo: BIL)
L’exposition Révolution que présente le Musée des beaux-arts de Montréal jusqu’au 9 octobre 2017, avec ses quelque 700 œuvres ou artefacts, ne peut que survoler l’extraordinaire activité culturelle et sociale qui a transformé le monde et changé la vie à partir de la deuxième moitié des années 1960. (Crédit photo: BIL)

Notre collaborateur, Réjean Beaucage, a visité l’exposition Révolution du Musée des Beaux-arts de Montréal, qui se poursuit jusqu’au 9 octobre, et rencontré François Vallières, auteur d’un Concerto pour violon et orchestre inspiré de Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band des Beatles. L’œuvre sera créée mercredi soir à la salle Bourgie par l’Orchestre de chambre McGill et le violoniste canadien Ashley MacIsaac.

« C’était la meilleure des époques, c’était la pire des époques, l’âge de la sagesse et aussi de la folie ; le temps des croyances et de l’incrédulité ; l’ère de la lumière et des ténèbres (…) » Le début du Conte de deux villes (1859) de Charles Dickens exprime magnifiquement l’enchevêtrement de contradictions qui était le lot quotidien de la jeunesse occidentale durant la deuxième moitié des années 1960. Après l’amour universel de l’époque d’Expo 67 allait venir les pavés de Mai 68, et le slogan Never trust anybody over 30 de l’ère psychédélique allait devenir, une dizaine d’années après l’été de l’amour, Never trust a hippie ! Mais restons-en pour le moment aux années 1960…

L’exposition Révolution que présente le Musée des beaux-arts de Montréal jusqu’au 9 octobre 2017, avec ses quelque 700 œuvres ou artefacts, ne peut que survoler l’extraordinaire activité culturelle et sociale qui a transformé le monde et changé la vie à partir de la deuxième moitié des années 1960.

Le titre de l’exposition, d’ailleurs, aurait bien mérité un « s », puisqu’il y est question des révolutions musicale, sociale, sexuelle, technologique, tranquille, politique, etc. La matière est vaste, donc, et le parcours préparé par les commissaires du Victoria and Albert Museum de Londres et du Musée des beaux-arts de Montréal nous fait défiler dans un capharnaüm de sons et d’images qui nous fait passer par toute la gamme des émotions.

Nostalgie et hippies

La nostalgie d’une belle époque de liberté débridée et d’amour sans frontière, personnifiée par ces hordes de hippies assistant à des festivals pop comme ceux de Woodstock (États-Unis, 1969, 450,000 personnes) ou de l’Ile de Wight (Royaume-Uni, 1970, 600,000 personnes), cède le pas à un regard plus critique lorsqu’on nous rappelle l’existence d’un mouvement comme celui des Diggers… Ceux-ci s’étaient donné pour mission de nourrir gratuitement les centaines de jeunes désœuvrés qui déferlaient chaque semaine sur les trottoirs de San Francisco, devenu la Mecque du nouveau rêve américain pour de nombreux réfugiés générationnels qui croyaient s’émanciper, tandis que des plus malins les transformaient en consommateurs de breloques pseudo-orientales, d’encens de head shop et d’iconographie pop.

On croise dans cette caverne d’Ali Baba : Allen Ginsberg et ses complices de la Beat Generation, Andy Warhol et le pop art, les protest songs de Bob Dylan et consorts, la pop music des Beatles, bien sûr, les mouvements de contestations contre la guerre du Viêt Nam, le Women’s Lib et la pilule contraceptive, et puis les Hells Angels, les Black Panthers, le petit livre rouge de Mao, l’Osstidcho, le mouvement McGill français, la Crise d’octobre… Dans les étalages de livres, Musiques du Kébek (1971), de Raôul Duguay, côtoie Le Refus global (1948) des automatistes et le On the Road (1957) de Kerouac ; je ne me souviens pas d’avoir vu un exemplaire de Mainmise, « organe québécois du rock international, de la pensée magique, et du gay sçavoir », mais j’ai simplement dû le manquer dans le tourbillon, parce que ce serait un oubli impardonnable. Parmi les nombreuses projections vidéo, il y a celle, sur écran géant (et démultiplié) d’extraits du film Woodstock (1970), de Michael Wadleigh, dans une salle où l’on peut enlever les écouteurs fournis et profiter d’un volume satisfaisant pour écouter un bon solo de guitare de Jimi Hendrix (on peut même le faire couché sur un bean bag, et en contemplant la batterie de Keith Moon, qui trône, impériale, devant l’écran).

Tout au long de son parcours, le visiteur est invité à porter des écouteurs interactifs dans lesquels la bande sonore de l'expo se faufile au gré de ses déplacements. (Crédit photo: BIL)
Tout au long du parcours de Révolution, le visiteur est invité à porter des écouteurs interactifs dans lesquels la bande sonore de l’expo se faufile au gré de ses déplacements. (Crédit photo: BIL)

La musique

Qu’en est-il de la musique dans cette exposition ? Tout au long de son parcours, le visiteur est invité à porter des écouteurs interactifs dans lesquels la bande sonore de l’expo se faufile au gré de ses déplacements. Il peut entendre des chansons complètes ou des extraits des hits des vedettes de l’heure (The Who, Bob Dylan, Jefferson Airplane, Pink Floyd, Steppenwolf, The Rolling Stones, etc.), et de certains héros locaux (Jacques Michel, Renée Claude, La Révolution française, Robert Charlebois, L’Infonie ou même Gilles Tremblay).

La réception n’est pas toujours au point, mais d’une manière générale, cette ballade audiovisuelle est fort agréable et la musique, bien sûr, appuie le propos avec force. À celle-ci s’ajoutent des bribes de conversations ou de discours, des extraits de films, etc. Cette couche supplémentaire de sens supplée en quelque sorte à une absence de mise en contexte généralisée ; bien sûr, cette histoire-là n’est pas si loin de nous, mais tout de même, certains de ses éléments auraient pu profiter de quelques explications plus pratiques que celles dispensées sur les petits cartons devant lesquels la foule se presse. D’un autre côté, cette histoire est si riche et si complexe qu’il est peut-être judicieux de laisser le visiteur tenter d’établir lui-même les connexions.

Ceux qui ont vécu la fin des années 1960 comme le petit frère que j’étais à l’époque seront certes pris de nostalgie, et peut-être d’une envie d’action, en pensant qu’après tout, ces révolutions nous ont laissé bien des chantiers à poursuivre. Même si la spirale historique ne cesse de nous ramener les protagonistes du fameux Summer of love année après année (n’a-t-on pas encore ressorti Sgt. Pepper’s tout récemment, pour célébrer ses 50 ans ?), les plus jeunes y découvriront d’où viennent les souvenirs de leurs parents, de même qu’une bonne partie des musiques qu’on leur présente comme nouvelles aujourd’hui…

Même si la spirale historique ne cesse de nous ramener les protagonistes du fameux Summer of love année après année, les plus jeunes y découvriront d'où viennent les souvenirs de leurs parents, de même qu'une bonne partie des musiques qu'on leur présente comme nouvelles aujourd'hui...(Photo fournie par le MBAM)
Même si la spirale historique de Révolution ne cesse de nous ramener les protagonistes du fameux Summer of love année après année, les plus jeunes y découvriront d’où viennent les souvenirs de leurs parents, de même qu’une bonne partie des musiques qu’on leur présente comme nouvelles aujourd’hui…(Photo fournie par le MBAM)

En concert

L’Orchestre de chambre McGill (MCO) et la Fondation Arte Musica s’associent pour saluer l’exposition Révolution avec un concert offrant, sous la direction de Boris Brott, la Symphonie de Chambre de Chostakovitch (une orchestration de son célèbre Quatuor à cordes no 8 réalisée par Roudolf Barchaï), Zomby Woof de Frank Zappa (un arrangement de Walter Boudreau que l’orchestre a déjà interprété) et, en création, un concerto sur les thèmes de l’album Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band, signé François Vallières. LvM s’est entretenu avec ce dernier afin d’avoir quelques détails sur cette œuvre.

Rappelons d’abord que François Vallières est lui-même altiste au sein du MCO depuis près de 20 ans, et il est fréquemment appelé à réaliser des arrangements pour l’ensemble. Il est un arrangeur dont le talent a été maintes fois démontré, par exemple par un Sacre du printemps de Stravinsky arrangé pour les quinze musiciens du Nouvel Ensemble Moderne, dont il est aussi l’un des membres.

« C’est le directeur général Marc-Antoine d’Aragon qui m’a approché pour voir si je voudrais composer une pièce basée sur des thèmes empruntés aux Beatles, pour les besoins de ce programme présenté dans le cadre de l’exposition. J’avais carte blanche sur le choix des thèmes, et j’ai rapidement pensé que le 50e anniversaire de la sortie de Sgt. Pepper’s m’offrait une belle occasion. J’aurais voulu faire un arrangement de tout l’album, mais j’ai dû faire des choix. Et puis je savais que le soliste invité au concert serait le violoniste Ashley MacIssac, que j’ai donc contacté pour que nous échangions nos visions à ce sujet. »

L’œuvre est présentée comme un concerto, mais ce n’est pas si simple… « Elle est composée pour orchestre à cordes et piano, plus violon solo, donc 17 musiciens. Chaque pupitre a une partie différente, afin de donner un effet de grandeur à l’arrangement, en variant les textures et les couleurs. » Mais la deuxième partie du concert sera une sorte de happening, explique Vallières ; « Ashley se joindra à nous durant la suite autour de la musique des Beatles pour jouer sa partie, puis il y aura une transition vers son propre répertoire, avec accompagnement de l’orchestre. Le terme concerto ne traduit pas tout à fait le concept que nous avons adopté, mais il n’y a aucun doute que ça risque d’être intéressant! »

Le violoniste est en effet un instrumentiste très particulier, connu pour interpréter une musique traditionnelle teintée de rock, mais aussi reconnu pour sa façon très spéciale de jouer de son instrument, soit en tenant l’archet de la main gauche, mais avec un violon de droitier! « C’est certain que j’ai tenu compte du fait que ce soit lui le soliste au moment de l’écriture, parce qu’il a son style bien à lui, et je pense bien qu’il doit être le seul au monde à jouer de cette façon! »

Orchestre de Chambre McGill, Boris Brott, Ashley MacIsaac

27 Septembre 2017, 19h30, salle Bourgie

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