
Mes activités de la fin de semaine dernière m’ont offert une nouvelle démonstration du privilège que j’ai de faire ce que je fais et de rencontrer des passionné·e·s de tous les âges rassemblé·e·s par l’amour de la musique. Samedi matin, je suis retournée aux répétitions des ensembles à cordes de l’École des Petits musiciens, rattachée à l’école Joseph-François-Perrault, où j’ai enseigné par le passé : des jeunes de 6 à 12 ans y consacrent leur samedi matin à suivre les cours de musique d’ensemble (chorale et ensemble à cordes) afin de compléter leur formation instrumentale acquise en cours privés. Samedi après-midi, j’ai mené une entrevue avec le directeur musical des Petits chanteurs du Mont-Royal Andrew Gray, qui vantait la discipline, l’esprit d’équipe, l’amabilité et la créativité des jeunes garçons qu’il contribue à former.
Et dimanche après-midi, j’ai pu admirer les talents et l’assurance de la cinquantaine de violonistes en apprentissage rassemblés sur la scène de la salle Pierre-Mercure pour célébrer en musique le 60e anniversaire de leur école, Les Petits Violons, fondée par Jean Cousineau et maintenant dirigée par sa fille Marie-Claire.
La première partie du concert a permis d’admirer le niveau des cohortes plus avancées. Accompagné·e·s par des altistes, violoncellistes et un contrebassiste professionnel, elles et ils se sont lancé·e·s dans une interprétation de la pièce de virtuosité Zapateado de Sarasate, enchaînant harmoniques, pizzicatos de la main gauche et battuto (toutes des techniques expliquées préalablement avec l’aide de la présentatrice Julie Daoust).
Suivait l’effervescente Symphonie italienne de Mendelssohn, pour laquelle les élèves étaient rejoints sur scène par les membres du quintette à vent Pentaèdre – Élise Poulin (hautbois), Ariane Brisson (flûte), Martin Carpentier (clarinettiste et arrangeur), Mathieu Lussier (basson), Louis-Philippe Marsolais (cor) – et par le timbalier Julien Bélanger. Du début à la fin, tout était soigneusement mis en place, la justesse était centrée, les articulations et coups d’archets rapides étaient agiles et maîtrisés. Rien n’avait été négligé au niveau du travail des nuances, dont un crescendo emballant et efficace menant au climax du développement dans le premier mouvement. Je soulignerais seulement que ce même premier mouvement aurait pu respirer un peu plus, mais ce léger manque de flexibilité était sûrement dû au fait que le groupe jouait sans chef, guidé par Marie-Claire Cousineau à partir de sa place de violon solo. La pétillante saltarelle du quatrième mouvement a sautillé agilement du début jusqu’à la fin.
Avant la pause, Les Petits Violons et Julie Daoust ont fait renaître la Suite québécoise composée par Jean Cousineau pour l’Exposition universelle d’Osaka en 1970. D’inspiration folklorique, les mouvements illustrant les quatre saisons font entendre des reels enlevants et des mélodies atmosphériques.
Tout au long de la deuxième partie, la scène s’est remplie de plus en plus au fur et à mesure que s’ajoutaient des élèves plus jeunes, toujours soutenu·e·s par les plus avancé·e·s resté·e·s sur place, tous·tes faisant preuve de tenue et de professionalisme. De plus, une douzaine d’ancien·ne·s avaient repris leur instrument pour venir célébrer en « famille » le 60e anniversaire de l’école. Au total, c’est un impressionnant ensemble de 65 personnes de tous les âges – des tout-petits d’âge préscolaire à certaines têtes blanches n’ayant rien perdu de leur amour pour le violon – qui s’est trouvé réuni pour interpréter arrangements de chansons folkloriques et compositions originales de Jean Cousineau.
La réussite d’un concert de ce genre est la manifestation des bienfaits d’un écosystème tissé serré au sein duquel tous·tes ont à cœur le bien-être et le développement équilibré de l’individu et du groupe.