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CRITIQUE | Cosi fan tutte : une version concert à qui il ne manque rien

Par Béatrice Cadrin le 25 avril 2025

Debout : Michèle Losier, Thomas Hampson, Jenny Daviet, Anna Prohaska. Couchés : Gustavo Castillo, Matthew Swensen. (Photo : Antoine Saito)
Debout : Michèle Losier, Thomas Hampson, Jenny Daviet, Anna Prohaska. Couchés : Gustavo Castillo, Matthew Swensen. (Photo : Antoine Saito)

L’OSM présente cette semaine, dans le cadre de son Festival Mozart, deux représentations de Cosi fan tutte, un des opéras créés sur des livrets de Lorenzo Da Ponte.

La mise en espace imaginée par Thomas Hampson fonctionne généralement bien et offre quelques trouvailles amusantes, surtout en première partie. La deuxième partie n’avait pas grand chose de nouveau à offrir et s’étirait même dans quelques redondances (les manipulations physiques de Don Alfonso, qui prend constamment une telle par les épaules, pousse tel autre par le bras et fait des gestes pseudo-subtils pour guider les déplacements, épuisent vite leur potentiel comique et affaiblissent le personnage en lui donnant l’allure d’un contremaître vieillissant qui se considère encore le centre de l’univers plutôt que de renforcer son rôle de mastermind et sagace observateur de la nature humaine).

Des six solistes, Michèle Losier se distingue nettement autant par ses qualités vocales d’une solidité impressionnante que par sa présence scénique empreinte de naturel et d’aisance. Guglielmo et Ferrando ont beau se costumer de jerseys de hockey marqués Montréal, la vraie vedette montréalaise, c’est elle.

Ampleur et richesse harmonique également chez Gustavo Castillo, dans le rôle de Guglielmo. La voix d’Anna Prohaska est agile et gracieuse, mais plutôt mince. Idéalement, elle réussirait à puiser dans la résonance de la voix de poitrine dont elle s’est brièvement servie dans l’exigeant « Come scoglio », qu’elle a livré avec maîtrise et assurance, si non avec projection, pour en colorer les aigus. Matthew Swensen livre un début moins qu’impressionnant, peut-être dû à sa position derrière l’orchestre lors de sa première entrée, qu’il rattrape graduellement. Son « Un’ aura amorosa », chanté sur le devant de la scène, est très touchant.

En Despina, Jenny Daviet joue avec délectation la soubrette débrouillarde et émancipée. Je ne sais pas si c’est l’effet de cette distribution spécifique ou de notre mentalité moderne, mais comme public, on lui accorde plus facilement notre confiance, malgré ses déguisements intentionnellement ridicules, qu’à Don Alfonso, alors que c’est à lui que revient le mot de la fin.

L’accompagnement de l’orchestre, avec des sections de cordes réduites, est présent sans couvrir les voix et réussit généralement à reproduire sur instruments modernes l’esthétique mozartienne agile et transparente. Les cuivres font preuve d’une retenue exemplaire. Les ponctuations légèrement trop opaques des cordes dans les récitatifs accompagnés sont dues à la différence de technique entre l’archet baroque, qui était encore le modèle dominant à l’époque de Mozart, et l’archet moderne : la pointe de l’archet baroque étant beaucoup plus légère et son jeu plus aérien, le son s’évanouit naturellement et n’a pas besoin d’être coupé, alors que l’archet moderne, aidé de la technique de jeu qui y est associée, conserve un son plus compact sur toute la longueur de la baguette.

Le continuo formé d’Anna Burden au violoncelle et de Mélisande McNabney au clavecin est naturellement impeccable. Le chef s’abstient de diriger les récitatifs seccos sollicitant uniquement ces deux instruments, ce qui est souvent la meilleure façon de faire, en particulier quand on a affaire à deux continuistes d’expérience. Cela exige cependant une grande concentration et une excellente communication au sein du continuo, qui ne faillit jamais, malgré l’action bourdonnante.

Narration

L’OSM reprend en la poussant plus loin la formule mise à l’essai avec succès lors de la présentation des Gurrelieder en ouverture de saison. Alors que pour le Schoenberg, Mani Saleymanou profitait des interruptions naturelles de l’œuvre en s’adressant au public entre les parties, l’excellent narrateur Frédéric Dusager intervient plus souvent, tandis que la scène passe au noir et se fige. Le dosage du rythme des interventions est juste. Le contenu de la narration va au-delà de son objectif initial de combler les coupures et renforçe de façon orale et compacte les informations véhiculées d’office par la mise en scène ou par la lecture des surtitres, rendant l’expérience plus compréhensible pour la part du public pour qui ces niveaux ne sont pas accessibles. Une chose que la narration aurait pu faire, mais n’a pas fait, aurait été de modérer les affirmations stéréotypées et les généralisations (à commencer par « toutes les femmes sont infidèles et superficielles ») par un roulement d’yeux ou un soupir de la part du narrateur, simplement pour souligner le décalage entre les traits caricaturaux du texte et la complexité de la réalité. Heureusement, les notes de programme de Ronald Vermeulen font un bien meilleur travail de placer les choses en contexte.

Cosi fan tutte est repris ce soir, vendredi 25 avril, à 19 h 30 à la Maison symphonique.

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Béatrice Cadrin
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