
Le Studio de musique ancienne de Montréal, placé pour l’occasion sous la direction de Rona Nadler, a présenté dimanche après-midi un superbe concert de musique italienne du XVIIe siècle. Le programme était centré principalement autour des compositions de Chiara Margarita Cozzolani, abbesse du couvent de Santa Radegonda dont les œuvres sont injustement négligées.
Sur scène, les huit chanteurs (Marie Magistry et Anne-Marie Beaudette, sopranos; Charlotte Cumberbirch et Josée Lalonde, altos; Nils Brown et Michiel Schrey, ténors; John Giffen et Clayton Kennedy, basses) entouraient le continuo formé, de gauche à droite, d’un archiluth (Sylvain Bergeron), d’une harpe (Antoine Malette-Chénier), d’un orgue (Rona Nadler, qui dirigeait en jouant), d’un violoncelle (Amanda Keesmat) et d’un violone, une grande viole tenant lieu de contrebasse (Francis Palma-Pelletier).
Les compositions de Cozzolani sont d’une richesse étonnante tout le long du programme, à la fois par l’intérêt soutenu de leur inventivité, par la variété des moyens employés et par les exigences de la réalisation vocale.
Chaque section vocale a démontré un niveau d’investissement et de personnalité rendant justice au répertoire. Les sopranos Marie Magistry et Anne-Marie Beaudette ont tour à tour offert avec maîtrise et sentiment un motet en solo, O praeclara dies pour Magistry, et Venite ad me omnes pour Beaudette, tous deux extraits des Scherzi di sacra melodia de 1648. Les deux prestations ont suscité des murmures d’admiration dans le public, avec raison.
Deux pièces instrumentales étaient insérées entre les pièces vocales. La Sonate op. 16 no 12 pour violon et basse continue d’Isabella Leonarda (1620-1704), également une religieuse et compositrice prolifique, était présentée dans une adroite transcription pour orgue, violonelle, harpe et luth dans laquelle les instruments se partagaient habilement le rôle mélodique du violon. En deuxième partie, la Canzona no 18 pour dessus et basse continue de Frescobaldi, arrangée pour harpe et violoncelle, a permis au harpiste Antoine Malette-Chénier d’exploiter encore plus les capacités chantantes de son instrument, appuyé par le continuo sensible d’Amanda Keesmat.
Les mélomanes qui accourent pour remplir la Salle Bourgie lorsqu’elle reçoit les Tallis Scholars ou les King’s Singers auraient pu se rassembler avec le même enthousiasme pour ce concert remarquable et ressortir rempli·e·s du même sentiment de satiété, du même degré d’émoi artistique, avec en plus la satisfaction et la fierté d’encourager un ensemble local.