
L’Orchestre Métropolitain présentait hier soir à la Maison symphonique un programme uni par sa proximité avec le langage de la période classique. L’artiste en résidence Christian Blackshaw y interprétait le Concerto pour piano no 24 de Mozart, encadré d’un côté par l’Ouverture no 3 d’Emilie Mayer (1812-1883) et de l’autre par la dernière symphonie de Schubert, surnommée La Grande.
Symphonie
Dans la symphonie, l’orchestre s’est montré en excellente forme dès les premières notes des cors, confiants et unis, suivis d’une entrée des cordes à la sonorité soyeuse. Les trombones bien timbrés et le premier hautbois lyrique ont également fait un excellent travail. Les tempos des deux premiers mouvements m’ont paru un peu lent, mais ceux des troisième et quatrième mouvements étaient justes. Tout comme je l’avais relevé lors du Marathon Beethoven à l’automne, il manque encore de direction dans les phrasés, mais ce manque est cette fois adouci par la qualité de la cohésion orchestrale, celle de la gestion des nuances et l’équilibre des couches orchestrales. Dans le premier mouvement, Yannick Nézet-Séguin a opté pour une articulation aérée accentuant la parenté de l’œuvre avec Mozart.
Même dans une interprétation de cette qualité, il reste que cette symphonie de Schubert tourne un peu en rond. Dans le dernier mouvement, on pourrait passer le temps en s’amusant à compter les portes de sortie que le compositeur prépare puis ignore. C’est tout l’opposé de ses lieder, où il établit un univers concentré avec une grande efficacité de moyens.
Concerto
Christian Blackshaw, ayant acquis une réputation spécifiquement pour ses interprétations de Mozart, a effectivement fait preuve d’un toucher élégant et clair approprié. À mon avis, son approche pourrait être encore bonifiée en soulignant davantage les changements harmoniques et en ré-équilibrant les rapports entre la main gauche et la main droite, la première prenant occasionnellement le pas sur la seconde. La principale faiblesse du concerto se trouvait cependant dans la retenue exagérée de l’accompagnement orchestral, poussée jusqu’à manquer de substance.
Ouverture no 3 d’Emilie Mayer
À son décès à l’âge de 71 ans, la compositrice Emilie Mayer a laissé huit symphonies, un Singspiel, de nombreuses œuvres de musique de chambre et une quinzaine d’ouvertures pour orchestre. L’Ouverture no 3, composée en 1850, a définitivement les pieds encore ancrés dans la période classique, tout en laissant présager la fougue passionnée de ses œuvres plus tardives. Le sens de la structure et des moyens y est, mais l’inventivité mélodique est encore à un niveau un peu rudimentaire.
Le concert est repris dans trois arrondissements ce soir, samedi et dimanche.
LE 28 MARS, 19 H 30, ÉGLISE SAINT-SIXTE (SAINT-LAURENT); LE 29 MARS, 19 H 30, ÉGLISE SAINTE-SUZANNE (PIERREFONDS); LE 30 MARS, 15 H, SALLE DÉSILETS (RIVIÈRE-DES-PRAIRIES-POINTE-AUX-TREMBLES)