
Le programme Envolée flamboyante présenté par l’Orchestre Métropolitain et le chef invité Christoph Koncz dimanche après-midi réunissait deux chefs-d’œuvre du répertoire symphonique, L’oiseau de feu (version 1919) de Stravinsky et le Concerto pour orchestre de Béla Bartók. Entre ces deux « concertos orchestraux » était présentée la première canadienne du Concerto pour alto de Julia Adolphe intitulé Unearth, Release et joué par l’altiste québécoise Marina Thibeault.
Le programme avait de quoi mettre l’eau à la bouche. L’oiseau de feu et le Concerto pour orchestre sont deux œuvres faisant briller l’orchestre par la richesse de leur écriture orchestrale, alors que la possibilité d’ajouter une nouvelle œuvre concertante de valeur au répertoire de l’alto est toujours alléchante.
Dans L’oiseau de feu, le chef a mené l’orchestre avec une approche logique et cohérente, basée sur une assise solide. Tout était en place pour que la musique prenne vie avec ferveur, et si une certaine prudence l’a empêché de le faire de façon uniforme, la justesse de la conception et de la mise en place suffisaient à soutenir l’intérêt. La frénésie sonore enlevante de la fin de la « Danse infernale du roi Katscheï » a compensé pour le début de mouvement un peu sage. Dans la « Berceuse » qui suit, la sonorité envoûtante du premier bassoniste Michel Bettez s’est déployée sur un lit frémissant de cordes en tremolo parfaitement ajusté. Dans cette œuvre comme dans le Bartók de la deuxième partie, toute la section des cuivres a joué avec précision d’ensemble et un excellent dosage de nuances.
Le concerto Unearth, Release, composé alors que Julia Adolphe n’était âgée que de 28 ans et fraîchement graduée de l’Université Thornton, étonne par la maturité de son écriture orchestrale. En fait, si une faiblesse devait être relevée, c’est celle de l’impression d’un léger déséquilibre entre le caractère achevé des passages orchestraux et celui moins marquant des contributions de l’alto soliste, jouées avec lyrisme par Marina Thibeault.
Koncz et l’OM ont atteint dans le Concerto pour orchestre de Bartók le degré de fusion qui manquait dans l’Oiseau de feu, faisant de leur exécution une interprétation vivante (malgré un ou deux moments de flottement). Dès le début, le phrasé habile des violoncelles et contrebasses et la délicatesse des flûtes ont capté l’oreille. À la fin du premier mouvement, les cuivres ont encore une fois impressionné par un unisson rempli de caractère. Dans le deuxième mouvement, les duos de bois se sont succédé avec adresse, intercalés avec une caisse claire bien dosée. La section des altos a brillé dans l’Élégie comme dans le quatrième mouvement. La retenue bien dosée de la montée du cinquième mouvement et le Più presto final mené par un chef sobre et en contrôle ont formé une finale enlevante.