We have detected that you are using an adblocking plugin in your browser.

The revenue we earn by the advertisements is used to manage this website. Please whitelist our website in your adblocking plugin.

CRITIQUE | Solomon's Knot, un noeud qui s'est relâché progressivement

Par Béatrice Cadrin le 3 décembre 2024

Les chanteurs et chanteuses du collectif Solomon's Knot. (Photo : Gerard Collett)
Les chanteurs et chanteuses de Solomon’s Knot. (Photo : Gerard Collett)

Vendredi soir dernier, le Festival Bach accueillait à l’église Saint-George le groupe Solomon’s Knot, qui faisait ses débuts nord-américains. De ce collectif spécialisé en musique ancienne, seuls les chanteurs et chanteuses ont traversé l’Atlantique pour venir interpréter a cappella des motets de Johann Sebastian Bach et du cousin de son père, Johann Christoph Bach.

Tous et toutes formé·e·s en Angleterre, les huit chanteurs et chanteuses (Zoë Brookshaw et Rebecca Lea, sopranos; Kate Symonds-Joy et Nathan Mercieca, altos; Thomas Herford et James Robinson, ténors; Alex Ashworth, basse et Jonathan Sells, basse et directeur artistique) cultivent l’esthétique sonore éthérée et lisse caractéristique de la tradition chorale anglicane, comme on peut l’entendre par exemple chez leurs compatriotes de Voces8, un groupe de la même composition que celui présent vendredi.

Toutes les pièces sont interprétées de mémoire, un énorme accomplissement compte tenu de l’enchevêtrement touffu des lignes dans ces œuvres exigeantes. Les vocalistes profitent de la liberté ainsi gagnée pour varier leur disposition sur la scène, faisant ressortir le rôle distinct de certaines lignes par leur placement physique autant que par la réalisation sonore.

Le concert débutait avec le motet Fürchte dich nicht (Ne crains rien) de Johann Christoph Bach, chanté sur scène par un quatuor d’hommes (alto masculin, ténor, basse 1 et basse 2), les femmes ajoutant la mélodie du choral à partir du jubé. Ce déplacement est probablement la raison pour laquelle ce motet a été placé en tête de programme, car il ne s’agissait pas par ailleurs du meilleur choix pour créer une première impression : les voix d’hommes sur scène se fondaient mal, et le petit nombre de chanteurs amplifiait la vulnérabilité suscitée par le chant a cappella, une personne par partie de surcroît, et dans un lieu non familier. Cet inconfort a pris quelques temps à se dissiper, l’assurance commençant à se faire sentir à partir du troisième motet, Komm, Jesu, komm BWV 229, qui, sur l’album de deux CDs duquel est tiré le programme du concert, est justement la première pièce.

Autre différence notable, sur l’enregistrement, les voix sont accompagnées d’un continuo formé de Pawel Siwczak à l’orgue et de Jan Zahourek au violone (ancêtre de la contrebasse), ce qui offre un soutien non négligeable dans les passages exposés et les modulations recherchées. Même avec ce soutien, les parties de basses constituent malheureusement un des points faibles du groupe, que ce soit sur le disque ou en concert : elles sont moins agiles que leurs pairs dans les vocalises et surtout, moins stables du côté de l’intonation, des faiblesses particulièrement perceptibles dans les passages aux entrées successives où la partie de basse entre en dernier.

Dans la deuxième partie, le groupe, plus à l’aise, a pu démontrer l’étendue de ce dont il est capable. Le grand motet Jesu meine Freude, pièce de résistance au cœur de cette partie, s’est avéré une réussite qui a fait beaucoup pour rattraper l’impression ambivalente laissée par le début du concert. Le Gute Nacht, o Wesen en particulier était touchant de délicatesse.

Le groupe excelle aux cadences finales : sans exception, chaque moment où les voix éparses se réunissent au point de rencontre formé par une cadence est poli, soigné, d’une justesse irréprochable et rempli d’impact.

Le public assemblé dans l’église Saint-George a réservé un accueil chaleureux et enthousiaste à cette première prestation de Solomon’s Knot à Montréal. Nous espérons les ré-entendre en compagnie des instruments dans un prochain programme.

Inscrivez-vous à notre infolettre! La musique classique et l’opéra en 5 minutes, chaque jour ICI

Béatrice Cadrin
Partager cet article
lv_montreal_banner_high_590x300
comments powered by Disqus

LES NOUVELLES DU JOUR DANS VOS COURRIELS

company logo

Part of

Conditions d'utilisation & Politique de vie privée
© 2025 | Executive Producer Moses Znaimer