Aujourd’hui partie intégrale du cœur battant de Berlin, la Philharmonie de Berlin s’élevait, au moment de son inauguration en 1963, dans un espace ouvert à quelques mètres du mur divisant la ville.
Il s’agit de la première salle de concert symphonique où le public est disposé autour de l’orchestre, un concept innovateur imaginé par l’architecte Hans Scharoun. Si Scharoun a dû défendre son concept ardemment pour le faire accepter, celui-ci a depuis fait ses preuves et été repris à d’autres endroits, dont à la Philharmonie de Paris et à l’Elbphilharmonie de Hambourg. La vision de Scharoun s’articulait autour des mots clés espace – musique – gens et la façon de les réunir.
La salle de concert précédemment occupée par le Berliner Philharmoniker ayant été détruite par des bombardements le 30 janvier 1944, une association des Amis de la Philharmonie de Berlin s’est formée en 1950 afin de recueillir des fonds pour la construction d’un nouvel édifice. Dix ans plus tard, la première pierre a été posée par nul autre qu’Herbert von Karajan, successeur de Wilhelm Furtwängler à la direction musicale de l’Orchestre. À l’occasion du concert inaugural le 15 octobre 1963, Karajan et l’Orchestre ont interprété la Neuvième symphonie de Beethoven, les solistes étant Gundula Janowitz, Sieglinde Wagner, Luigi Alva et Otto Wagner.
Témoins d’époque
Le site de la Philharmonie de Berlin propose quelques vidéos intéressants, comprenant des témoignages de travailleurs ayant participé au chantier de l’édifice et de visiteurs·euses présent·e·s lors de l’ouverture (en allemand, sous-titré en anglais).
Salle de musique de chambre
Bien que les plans de Scharoun aient inclus dès le départ un deuxième bâtiment plus petit consacré à la musique de chambre, ce n’est que dans les années 1980 que celui-ci a été construit. D’une capacité de 1 180 sièges, cette salle de musique de chambre reprend les caractéristiques architecturales de sa voisine la Grande salle.
Expérience personnelle
J’ai eu le privilège de jouer une fois dans la Grande salle de la Philharmonie de Berlin, avec un orchestre composé de jeunes musicien·ne·s allemands et scandinaves. Le programme comptait la Troisième symphonie « Eroica » de Beethoven. Une approche se répandait à ce moment-là voulant qu’un passage spécifique du début du quatrième mouvement soit joué par les chef·fe·s de section de cordes, plutôt que par les sections entières. Je peux donc dire que j’ai joué un solo d’alto à la Philharmonie de Berlin, qui a du plus été conservé pour la postérité :
L’impression que j’ai retenue de cette salle à partir de la scène est le sentiment d’intimité qui en émerge, et ce malgré sa grande capacité de 2 440 places. La disposition des terrasses « en vignoble » contribue à diffuser l’impact qu’une foule de cette taille pourrait avoir, et crée un sentiment de communion avec le public.
Digital Concert Hall
La Philharmonie de Berlin a été un précurseur au niveau de la diffusion de concerts sur le web. Dès 2009, elle lance sa plateforme Digital Concert Hall : en s’abonnant, les mélomanes du monde entier peuvent entendre les concerts du Berliner Philharmoniker en direct et en différé, et avoir accès à une archive de plus de 800 concerts remontant le cours des six dernières décennies. Les concerts sont captés grâce à huit caméras robotisées installées en permanence dans la salle et contrôlées à partir de la régie vidéo.
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