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CRITIQUE | L'OSM à quelques pas du sommet

Par Béatrice Cadrin le 15 novembre 2024

Les effectifs impressionnants de la Symphonie alpestre sur la scène de la Maison symphonique le 13 novembre. (Photo : Antoine Saito)
Les effectifs impressionnants de la Symphonie alpestre sur la scène de la Maison symphonique le 13 novembre. (Photo : Antoine Saito)

Cette semaine, l’OSM et Rafael Payare donnaient leurs deux derniers concerts à la maison avant de partir pour une prestigieuse tournée européenne cochant toutes les grandes salles de concert dont rêvent les instrumentistes d’orchestre : Philharmonie de Berlin, Philharmonie de Paris, Elbphilharmonie de Hambourg, Concertgebouw d’Amsterdam, Konzerthaus de Vienne et encore quelques autres. L’orchestre emporte dans ses innombrables caisses de transport deux programmes. La Symphonie fantastique et les deux concertos confiés au pianiste Daniil Trifonov (Schumann et Beethoven 1) ont été offerts au public montréalais en septembre. Deux autres morceaux, Jeder Baum spricht du compositeur libano-canadien Imam Habibi et la grandiose Symphonie alpestre de Richard Strauss se trouvaient au programme des prestations de cette semaine, complété par le Concerto pour piano no 3 de Beethoven interprété par Bruce Liu.

Jeder Baum spricht

Jeder Baum spricht  (Chaque arbre parle) est une œuvre efficace, constituant une carte de visite facilement digestible dans un contexte de tournée à l’étranger. Fruit d’une commande du Philadelphia Orchestra en 2020, année du 250e anniversaire de naissance de Beethoven, l’œuvre combine les concepts de destin et de nature associés aux cinquième et sixième symphonies du compositeur allemand, pour évoquer en musique la crise climatique à laquelle nous sommes de plus en plus confrontés. Habibi possède une bonne maîtrise des couleurs orchestrales et s’en sert à bon escient pour laisser une bonne impression, qui s’avère cependant moins durable que les mesures environnementales nécessaires pour enrayer la crise climatique que sa pièce décrit.

 

Bruce Liu dans le feu de l'action le 13 novembre. (Photo : Antoine Saito)
Bruce Liu dans le feu de l’action le 13 novembre. (Photo : Antoine Saito)

Bruce Liu et Beethoven

Plutôt que le concerto de Scriabine annoncé, le pianiste sino-canadien Bruce Liu a opéré un changement de dernière minute et préféré opter pour le Concerto pour piano no 3 de Beethoven. Son interprétation est empreinte d’une sobriété expressive. Le pianiste se tient en retrait juste ce qu’il faut pour laisser place à la musique, qui brille d’autant plus de ne pas être forcée. Depuis sa victoire – à laquelle, de son propre aveu, il ne s’attendait pas – au Concours Chopin en 2021, Liu est associé au répertoire de ce compositeur, une association qu’il s’efforce de contrer. Ce Beethoven tour à tour agile, puissant, lyrique, agrémenté d’une palette variée de coloris, contribuera certainement à ce qu’il soit perçu comme un grand interprète polyvalent. Pour ne laisser aucun doute, le pianiste s’est lancé en rappel dans l’entraînant Für Elise in Ragtime d’Ethan Usland, auquel il s’est laissé aller à ajouter ses propres idées.

La Symphonie alpestre

Tout est en place pour que l’OSM présente une interprétation mémorable de la Symphonie alpestre de Strauss aux publics de Paris et de Vienne, deux seules villes des huit arrêts de la tournée où la machine à vent et la plaque de tonnerre sortiront de leurs lourdes caisses. La conception qu’en offre Rafael Payare est claire et bien construite, les paliers de nuances minutieusement dosés et exécutés. Les bois et cuivres, en groupe mais surtout en solo, ne sont rien de moins que remarquables, que ce soit par la richesse du timbre, la souplesse de la ligne ou l’équilibre sonore. Stéphane Lévesque, au premier basson, est en forme remarquable, tout comme ses collègues Alex Liedtke au premier hautbois, en poste depuis quelques mois seulement, le vénérable Timothy Hutchins à la première flûte, toujours épatant, Todd Cope, premier clarinettiste au phrasé enchanteur, Paul Merkelo, éclatant premier trompettiste, et Catherine Turner, premier cor qui surmonte sans sourciller les défis de cette partition exigeante. Heureusement pour nos tympans, entre l’impact sonore atteint par l’attaque articulée et bien synchronisée ou le déchaînement de décibels, les trombonistes ont opté pour la première. Idem chez les percussions, où les roulements de grosse caisse, les timbales tempestueuses et les sonorités typiquement alpestres des cloches à vache jouent parfaitement leur rôle dans cette épique excursion en montagne.

Le début annonce de grandes choses : l’iridescence chamoirée des cordes est parfaitement réussie, esquissant le tableau du soleil levant perçant progressivement l’aube. Le moment où le soleil surgit par-dessus les pics montagneux est absolument glorieux.

Par la suite, cependant, les sections de cordes prennent du temps à trouver leur aise. Les grandes lignes ne chantent pas tout à fait assez. L’ajout d’un subtil rubato permettrait à l’épanchement luxuriant de Strauss de mieux respirer, alors que Payare, dans une retenue peu caractéristique, ne s’attarde sur pratiquement aucun climax, aucun intervalle chantant. Sa direction énergique privilégie la tombée verticale au soutenu legato horizontal, et je me prends à rêver un peu au mouvement sereinement englobant de Vasily Petrenko, de passage devant l’OSM il y a deux semaines.

À la lumière de ce qu’on connaît du chef venezuélien à travers ses interprétations précédentes, il reste encore de l’espace pour faire grandir cette interprétation jusqu’à son plein épanouissement. Parions que les murs historiques du Konzerthaus Wien vont être bien secoués le 30 novembre prochain, quand la sauce aura complètement pris!

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Béatrice Cadrin
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