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ÉDITORIAL | L'Orchestre symphonique de Longueuil change finalement de nom...mais pourquoi?

Par Caroline Rodgers le 10 juillet 2023

Alexandre Da Costa, directeur musical de l’Orchestre symphonique de Longueuil, qui change de nom pour Orchestre philharmonique du Québec (Photo: Carlos Guerra)

L’Orchestre symphonique de Longueuil, qui portait ce nom depuis 2003, devient l’Orchestre philharmonique du Québec. Les motivations derrière ce changement soulèvent plusieurs questions. 

Le changement de nom a été annoncé par le chef Alexandre Da Costa sur la page Facebook de l’ensemble, ce matin, ainsi que par communiqué de presse. 

Alexandre Da Costa, nommé chef de l’orchestre en 2019, explique:

« Ce nouveau nom rassembleur annonce nos rêves, nos ambitions, notre désir de partager avec vous beaucoup de musique. On veut rayonner ici comme ailleurs, ici au Québec, partout, et bien sûr dans notre agglomération de Longueuil, qui est notre résidence, dans le reste du pays et bien sûr à l’international. »

Dans le communiqué, on peut lire:

« En optant pour l’appellation « philharmonique », l’Orchestre annonce ses visées artistiques en élargissant son répertoire symphonique pour y inclure des projets uniques, contemporains et créatifs. Démocratiser la musique classique demeure sa mission première. »

Le contexte

Plus tôt cette année, Le Devoir avait révélé que l’Orchestre symphonique de Longueuil avait entrepris des démarches pour changer de nom, envisageant notamment ceux de « Orchestre national du Québec » et « Orchestre philharmonique national du Québec » une nouvelle qui avait suscité un malaise, puisque la mission de l’Orchestre symphonique de Longueuil, au départ, a été de diffuser la musique classique dans l’agglomération de Longueuil et plus largement, à travers la Montérégie. Lors de sa fondation, en 1986, l’ensemble portait d’ailleurs le nom d’Orchestre symphonique de la Montérégie.

Des questions importantes

Dans ce contexte de mission régionale, l’utilisation du mot « national » semblait non seulement trahir la mission de l’orchestre, mais aussi s’approprier un prestige et une envergure qui ne sont pas de l’ordre de cette mission.

Finalement, le terme choisi « du Québec » donne également l’impression de vouloir élargir la mission de l’orchestre et son appartenance en tant qu’ensemble représentant tout le Québec, mais on peut légitimement se demander pourquoi cet orchestre plutôt qu’un autre représenterait le Québec en utilisant son nom en dehors de nos frontières, et s’il ne s’agit pas plutôt d’un reflet des ambitions d’Alexandre Da Costa ainsi que d’un compromis concernant l’utilisation de « national ».

D’autre part, on peut se demander ce que les élus de la Ville de Longueuil pensent de ce virage. Nous avons effectué une demande en ce sens à l’équipe des relations avec les médias de la Ville dans le but de connaître leur position, et la réponse officielle du service, survenu en fin de journée lundi, a été « Concernant la nouvelle dénomination de l’OSDL, la Ville n’émettra pas de commentaire dans ce dossier. »

Alexandre Da Costa a également fait savoir que la prochaine saison de l’Orchestre philharmonique du Québec sera annoncée sous peu.

Rappelons que 18 musiciens ont quitté l’orchestre depuis la nomination d’Alexandre Da Costa et que la Guilde des musiciens et musiciennes du Québec a demandé l’aide du ministère du Travail pour améliorer les relations de travail à l’OSDL, selon les informations rapportées par Le Devoir. 

Sur le plan des bons coups, l’Orchestre symphonique de Longueuil a effectué une tournée en Amérique du Sud en août 2022 avec un programme intitulé Stradivarius à Vienne. C’était la première tournée internationale de l’orchestre. De plus, on annonçait il y a quelques semaines qu’Alexandre Da Costa allait recevoir une médaille de la Députée de Labelle, Chantal Jeannotte, ce mois-ci.

Toutefois, compte tenu du processus de médiation avec la GMMQ sur les relations de travail au sein de l’OSDL, cette distinction est pour le moins surprenante.

Opinion

Depuis quelques années, Alexandre Da Costa s’acharne à répéter en entrevue dans certains médias qu’il veut « démocratiser la musique classique » en utilisant ce que l’on appelle un sophisme de l’homme de paille. Il s’agit d’une tactique rhétorique qui consiste à présenter la position d’un adversaire de façon exagérée ou déformée (l’adversaire étant ici, le reste du milieu musical par qui il s’estime maltraité, par exemple lorsqu’il affirme en entrevue à La Presse : « Je suis victime de mon propre milieu, qui n’est vraiment pas gentil »).

L’argument fallacieux, ici, étant de prétendre que la musique classique est contrôlée par une bande de puristes élitistes et que lui, se posant en Messie de la démocratisation musicale, va enfin l’apporter aux masses. L’exagération étant de prétendre que ses collègues du milieu sont tous une gang de pédants rigides et snobs lorsqu’il parle à des journalistes qui ne contestent pas ses propos. En tenant ce discours, il ne fait que renforcer des préjugés tenaces et perpétuer des clichés qui n’ont plus lieu d’être. De plus, en défendant cette position, il balaie du revers de la main le travail et les efforts de ses collègues qui rivalisent d’ingéniosité pour offrir au public des formules de concerts attrayantes.

En effet, la musique classique est déjà accessible depuis belle lurette, et je dirais même, plus que jamais. Des efforts constants pour la rendre plus abordable et plus présente à travers des formules de concerts conviviales sont faits depuis des décennies par pratiquement tous les organismes musicaux, en particulier par les orchestres symphoniques et les festivals.

Il suffit de penser à tous les concerts gratuits dans les parcs que présentent nos orchestres en été, aux concerts dans les arrondissements de l‘Orchestre Métropolitain, à la Virée classique de l’OSM qui offre une centaine d’activités gratuites à chaque édition, à des concerts innovateurs faisant appel à la technologie comme Transfiguration, à la création d’œuvres qui racontent notre histoire comme la Symphonie de la Tempête de verglas, et au simple fait que la musique classique est désormais accessible gratuitement sur une multitude de plateformes audio et vidéo.

Les exemples pour amener la musique classique à un plus large public sont si nombreux que l’on pourrait y consacrer plusieurs articles chaque semaine.

Bref, la musique classique est déjà « démocratique », et on a tous hâte qu’Alexandre cesse de se positionner en sauveur pour mousser sa propre carrière.

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