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NOUVELLE | Le Conseil des arts du Canada coupe le financement des activités impliquant des artistes russes

Par Caroline Rodgers le 9 mars 2022

Gauche: drapeau de l'Ukraine. Droite: Simon Brault, directeur et chef de la direction du Conseil des arts du Canada. (Photo: Sy
Gauche: drapeau de l’Ukraine. Droite: Simon Brault, directeur et chef de la direction du Conseil des arts du Canada. (Photo: Sylvain Légaré)

La nouvelle n’avait pas trouvé un large écho médiatique jusqu’à maintenant, mais au cours des derniers jours, le Conseil des arts du Canada a annoncé qu’il coupait le financement d’événements impliquant des artistes ou des organismes russes. Une décision qualifiée de « temporaire ».

« Notre gel immédiat s’applique à toutes les activités artistiques ayant lieu en Russie et au Bélarus, comme les tournées ou la présentation d’activités impliquant la venue au Canada d’artistes et d’organismes artistiques de ces deux pays. » – Le Conseil des arts du Canada, 4 mars 2022. 

Cette décision survient dans la foulée des diverses sanctions canadiennes et internationales contre la Russie, en réaction à l’invasion de l’Ukraine par l’armée russe, qui se poursuit depuis le 24 février.

Depuis cette invasion, en plus des sanctions économiques directes imposées par plusieurs pays, des entreprises privées comme Coca-Cola ou Ikea ont décidé de suspendre leurs activités en Russie, tandis que divers organismes artistiques d’ici ou d’ailleurs ont annulé la présence d’artistes russes à leurs événements. 

Contacté par téléphone, Simon Brault, directeur et chef de la direction du Conseil des arts du Canada, précise que l’on parle ici de nouvelles demandes de financement, destinée à des projets à venir, et que ces coupes ne concernent nullement les saisons en cours et les activités déjà programmées.

« Nous avons voulu signaler que nous n’allions pas accepter de demandes de financement de projets qui seraient, par exemple, des tournées en Russie ou des co-productions qui feraient que de l’argent canadien serait dépensé dans l’économie russe alors qu’ils sont en train d’attaquer l’Ukraine, dit Simon Brault. Si jamais le conflit s’étire, nous n’allons pas non plus soutenir financièrement des invitations de compagnies de danse ou autres, venant de la Russie. L’esprit de cette décision n’est pas du tout de viser les artistes et d’éliminer les œuvres, le théâtre, la littérature. Ce n’est pas non plus de lancer une chasse aux sorcières des artistes russes. C’est une prise de position qui s’est faite dans l’esprit des sanctions économiques que le Canada prend dans tous les secteurs d’activités. »

La diplomatie culturelle

Certes, de nombreux conflits armés dans le monde sont survenus auparavant sans que des sanctions affectant le monde culturel soient à ce point élaborées.

« À ma connaissance, il n’y pas eu auparavant, une telle coordination internationale de sanctions à l’endroit du pays, à une telle échelle, dit Simon Brault. Aurait-il dû y en avoir davantage? Sans doute que oui. Il est clair que lorsque le Canada retire son ambassadeur d’un pays, on ne va pas financer de tournées d’artistes canadiens dans ce pays. »

Il souligne également que les sanctions concertées de la communauté internationale peuvent avoir une portée. De quelle ampleur sera la portée des sanctions de toutes sortes sur la Russie, on l’ignore encore.

« Dans un contexte où il y a un si large mouvement mondial, quasi sans précédent, ce serait difficile pour nous de ne pas appuyer ce qui se passe dans notre propre pays. Et nous ne sommes pas les seuls, de nombreux conseils des arts dans le monde ont pris des décisions semblables à la nôtre. »

Le Royaume-Uni, la Norvège et plusieurs autres pays ont élaboré des déclarations du même ordre. On peut lire les prises de position des pays membres de l’International Federation of Arts Council and Culture Agencies. 

« Soyons honnêtes, il y a beaucoup de désinformation au sujet des sanctions en cours actuellement, dit Simon Brault. Il est important d’expliquer à la population l’esprit des sanctions, ce qu’est la diplomatie culturelle, et pourquoi cela fait partie des seuls recours que l’on a pour protester contre ce qui se passe quand on n’est pas engagé militairement. Il y aussi cette idée que les arts et la culture sont dans un univers séparé, ce qui est à mon avis une idée dangereuse. Toute ma vie, je me suis battu toute ma vie pour que la culture soit au centre de la vie sociale. Cela veut dire que quand il y a des questions de cette nature, on ne peut pas rester à l’écart. »

Le cas d’Alexander Malofeev et de l’OSM

La décision de l’OSM d’annuler la présence d’Alexander Malofeev, hier, n’est donc aucunement reliée à cette décision du Conseil des arts.

Rappelons qu’hier, l’Orchestre symphonique de Montréal a annulé la présence du jeune pianiste russe pour les trois concerts de cette semaine. Celui-ci, bien que déjà Montréal, ne jouera tout simplement pas le Concerto no 3 de Prokofiev. Selon un reportage de Radio-Canada, cette décision de dernière minute de l’OSM a été prise, entre autres, à la suite de pressions venant de la communauté ukrainienne de Montréal. Cette décision de l’OSM, qui ne fait pas l’unanimité, fait beaucoup de vagues et suscité des centaines de commentaires négatifs de la part du public sur diverses plateformes médiatiques.

 

Décision du Conseil des arts du Canada

Simon Brault, directeur et chef de la direction, Conseil des arts du Canada. (Photo: Sylvain Légaré)
Simon Brault, directeur et chef de la direction, Conseil des arts du Canada. (Photo: Sylvain Légaré)

En ce qui concerne le financement, on peut lire la déclaration suivante de Simon Brault sur le site du CAC, datant du 4 mars:

« Dans les jours qui ont suivi l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le Conseil des arts du Canada a joint sa voix à celle des artistes, des organismes artistiques et des institutions culturelles et patrimoniales du monde entier pour exprimer sa solidarité avec le peuple ukrainien.

À compter d’aujourd’hui, toute activité prévoyant la participation d’artistes ou d’organismes artistiques russes ou bélarussiens ne sera pas financée par le Conseil des arts du Canada. Cela comprend les partenariats, le financement direct et indirect de tournées, les coproductions et les participations à des festivals et événements organisés en Russie.

Par ailleurs, le Conseil des arts du Canada n’acceptera pas les demandes actuelles ou prévues qui soutiennent des activités artistiques créées par des organismes artistiques russes ou en collaboration avec eux, jusqu’à ce que la Russie retire ses forces militaires de l’Ukraine.

Le Conseil des arts encourage les organismes à qui il accorde un financement de base, à ré-évaluer leurs plans et leurs projets avec des organismes et des artistes russes ou bélarussiens. Nous remercions également tous les organismes artistiques et artistes canadiens qui ont déjà fait preuve de solidarité en prenant des mesures qui envoient un message ferme à la Russie.

Si vous avez une activité ou un projet qui est touché par cette prise de position, nous vous encourageons à nous contacter pour en discuter.

Nous comprenons que ces sanctions pourraient entraîner des conséquences malheureuses pour certains artistes et organismes canadiens et que les citoyens de la Russie et du Bélarus seront également pénalisés. Tel est le coût de ces sanctions sans précédent prises par la communauté internationale.

J’aimerais aussi encourager notre gouvernement et la communauté internationale à agir avec le même soin et le même engagement dans d’autres guerres injustes, génocides ou conflits.

L’attaque contre l’Ukraine est une attaque contre le droit international, la démocratie, la liberté et les droits de la personne. La solidarité du Conseil avec le peuple ukrainien en est une de paix et de reconnaissance pour tous les réfugiés d’Ukraine, y compris ceux des groupes racisés, qui ont droit à la protection liée aux droits de la personne et la méritent. » 

Les précisions suivantes ont été ajoutées hier, le 8 mars:

« Nous voulons nous assurer que les fonds publics canadiens n’appuient pas les économies russe et bélarussienne, prolongeant ainsi l’invasion de l’Ukraine.

Notre gel immédiat s’applique à toutes les activités artistiques ayant lieu en Russie et au Bélarus, comme les tournées ou la présentation d’activités impliquant la venue au Canada d’artistes et d’organismes artistiques de ces deux pays.

Les personnes ayant une citoyenneté ou un statut de résidence permanente du Canada – y compris les personnes d’ascendance russe ou bélarussienne – continuent d’être admissibles au financement du Conseil des arts du Canada, sauf en ce qui concerne les activités visées par le gel.

Nous comprenons que beaucoup d’artistes russes n’appuient pas les décisions de leur gouvernement. Nous saluons les artistes qui ont le courage de s’opposer au conflit actuel et qui se positionnent en faveur de la paix. Les mesures prises par le Conseil ne visent pas ces personnes courageuses ni la population russe. »

Impacts potentiels

Jusqu’où iront les sanctions dans le monde des arts et de la culture, et quels en seront les impacts à moyen et à long terme? Si l’invasion perdure, des incidents tels que l’annulation de la prestation du pianiste Alexander Malofeev risquent de se répéter, d’autant plus que cette décision du Conseil des arts du Canada aura forcément un impact sur la prise de décisions futures des organismes. Dans l’immédiat, les organismes qui décident de « désinviter » un artiste russe le font de leur propre chef, et il ne s’agit pas de décisions reliées à cette prise de position du Conseil des arts du Canada.

Avis à nos lecteurs: dans une première version de cet article publiée plus tôt aujourd’hui, l’entrevue avec Simon Brault n’avait pas encore été réalisée. Nous avons effectué une mise à jour.

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